Les coulonneux de Roubaix

Parmi les loisirs qui permettaient à nos parents et grands-parents d’échapper à l’atmosphère bruyante des tissages, l’élevage des pigeons était l’un des plus répandus. La colombophilie occupait une place importante à Roubaix où les sociétés d’amateurs étaient nombreuses. Les coulonneux participaient à des expositions et des concours largement dotés de prix et toutes ces associations mettaient dans la ville une animation très appréciée engendrant des retombées économiques qui n’étaient pas négligeables.

L’élevage du pigeon voyageurs remonte à la plus haute Antiquité. Utilisé à toutes les époques pour la transmission des messages par les armées et les autorités civiles ou militaires, le pigeon a fait l’objet d’une reproduction très organisée assortie d’une surveillance de la part des législateurs qui entendaient la contrôler jalousement. Groupés en associations, les coulonneux du XIXe siècle procédaient à des sélections répétées de manière à produire des sujets présentant des qualités d’endurance et de vitesse en vue des concours qui se multiplièrent à partir de 1950.

La première société colombophile aurait été créée à Roubaix en 1949 sous le nom de « Cercle de Roubaix » (Pierre Pierrard dans « La Vie Quotidienne dans le Nord au XIXe siècle ».) Nous disposons d’un relevé de sociétés de coulonneux ayant siégé à Roubaix, liste qui comprend plus de 200 noms d’associations dont beaucoup n’eurent qu’une vie éphémère. Peu à peu elle se regroupèrent.

Activité traditionnelle régionale, la colombophilie à Roubaix.

Au début du 19e siècle, la Loi française interdit formellement d’entretenir un colombier de pigeons voyageurs s’il n’est français et muni d’une autorisation préfectorale. A Roubaix, des démarches ont été faites en vue de faire accorder l’autorisation aux étrangers domiciliés à Roubaix, mais le Gouvernement, par souci de Défense nationale, n’a pas cru pouvoir donner une suite favorable à ces démarches.

Le recensement du 1er janvier 1907 a accusé, pour Roubaix, le nombre de 19.455 pigeons voyageurs appartenant à 1.102 amateurs ou éleveurs colombophiles.

Edmond DERREUMAUX
Président de la Société d’Émulation de Roubaix de 1993 à 1996

 

Le jeu de la bourle

La pratique du jeu de bourle est très ancienne. Déjà, le 4 août 1382, un extrait des bans échevinaux de Lille interdit la pratique du jeu de bourle sur la voie publique sous peine d’une « amende de 60 sols » ou de « castagne de verge ».

Lieux de convivialité et de socialisation, les bourloires étaient pourtant nombreuses autrefois à Roubaix, on parle d’une centaine de ces lieux où l’on se retrouvait entre bons amis. Avec l’arrivée de la télévision dans les foyers, les loisirs extérieurs ont perdu leur attrait et aujourd’hui, une seule bourloire est encore en activité. Le terme bourler signifie tituber et tomber. La bourle est une « tronche » de bois cylindrique, c’est-à-dire qu’elle est découpée dans un tronc d’arbre. Sa matière, son poids, son diamètre et sa largeur bombée peuvent avoir des normes différentes suivant les villes où elle est pratiquée. Par contre, les bourles ont toutes un côté faible et un côté fort (ou chargé). Ceci permet de modifier sa trajectoire lorsqu’elle est lancée.

Son poids peut varier de 1,5 à 8 kg. Différents bois sont utilisés pour sa fabrication comme le noyer, le gaïac, le quebracho ou l’orme suivant les régions où elle est pratiquée. De nos jours, la bourle peut être fabriquée en résine de synthèse, le canévasite qui lui assure une plus grande longévité.

La bourle se joue dans une bourloire. La piste, construite spécialement pour sa pratique, se trouve le plus souvent à l’arrière d’un café, d’un cercle associatif ou d’un patronage. Autrefois en plein air, elles sont pratiquement toutes couvertes à ce jour. La piste fait toujours plus ou moins vingt mètres de long. Elle est incurvée, c’est à dire concave sur leur largeur de trois mètres environ. La piste est bordée de deux rives. Les plus anciennes sont faites de terre avec ajout d’argile, de bouse de vache, de sable, de sel, de bière… ou recouverte d’un revêtement synthétique pour les plus récentes. La bourloire est terminée aux extrémités par un fossé appelé « tchu » ou fosse qui permet de recueillir les bourles mises hors jeu. A environ 1,5 mètre de chaque côté de la piste se trouve l’étaque, pièce métallique enfoncée au raz du sol servant pour ainsi dire de cochonnet fixe.

La bourle se pratique par équipe de deux à dix personnes selon les rencontres. Chaque équipe a un commandant de jeu, des pointeurs et des frappeurs. La technique pour l’équipe plaçant le jeu après tirage au sort est d’approcher l’étaque au plus près par les pointeux (pointeurs). Les bourles sont alors roulées délicatement. Les coéquipiers essayeront ensuite de placer d’autres bourles tout au long de la bourloire afin de constituer des hellis (des obstacles) pour leurs adversaires. Ceux-ci à leur tour essayeront de faire JO (prendre le point) en faisant louvoyer leurs bourles grâce aux rives (pentes) de la piste et du fort de la bourle afin de contourner les obstacles et de se rapprocher au plus près de l’étaque. Si cette dernière est encombrée, les butcheux (frappeurs) en force essayeront d’enlever les bourles gênantes.

Un point sera attribué à chacune des bourles de la même équipe se trouvant le plus près de cette étaque.

 

JARGON DE LA BOURLE

La bourloire : Lieu où se pratique la bourle

L’étaque : Pièce métallique enfoncée à chaque extrémité de la bourloire et servant pour ainsi dire de cochonnet fixe.

Faire jo : Marquer le point

Les hellis : Bourles servant d’obstacles pour l’adversaire

Le commandant : Personne qui dirige la stratégie de jeu de l’équipe

Les pointeux : Les pointeurs

Les hellicheux : Les joueurs mettant les hellis

Les butcheux ou tapeux : Les frappeurs

Le tchu : Fossé en bout de piste où sont recueillies les bourles mises hors jeu

Mettre le fort au mur ou fort au jour : Mettre le fort de la bourle d’un côté ou de l’autre

Jouer en rive : Utiliser les pentes de la piste

Le poussage : Force nécessaire donnée à la bourle suivant l’ordre de jeu indiqué par le Commandant.

 

Renseignements aimablement fournis par :

FEDERATION DE BOURLES DU NORD

27, rue de Strasbourg 59200 TOURCOING 03 20 26 61 59

FEDERATION DE BOURLES DE WATTRELOS

41, rue Saint Joseph 59150 Wattrelos 03 20 75 14 95.

FEDERATION DE BOURLES DE TOURCOING

27, rue de Strasbourg 59200 Tourcoing 03 20 26 61 59