Sommaire Février 2009 n° 6

N°6

Editorial par Bernard Schaeffer et Gilles Maury p 4

Evénement Echos d’une belle exposition par Florent Vanremoortère p5

Panthéon roubaisien Les frères Louis et Alfred Motte par Stéphane Mathon p 6

Histoire

Fouilles en centre-ville par Philippe Schaeffer p 9

Cinq siècles de congrégations religieuses 2ème partie par Xavier Lepoutre p 12

Dossier

La formation de Rémi Cooghe par Dominique Vallin-Piteux p 24

Roubaix et les muses

Poésie Les Présidents de la Muse de Nadaud de Marc Choquet à Gaston Gilman par Jean Jessus p 32

Poésie… et commerce ! Gustave Nadaud à toutes les sauces (histoire des marques roubaisiennes déposées) par Philippe Waret p 34

Musique Rock around the clock au Colisée , Bill Haley et ses Comets à Roubaix par Philippe Waret p 36

Documents Histoire de Roubaix par Gaston Motte p 38

Les pages du service Culture de la mairie de Roubaix

Mémoires urbaines, histoires et utopies p44

Abonnement, adhésions, anciens numéros p 46

Sommaire n°5 Avril 2008

N°5

Denise Prouvost-Franchomme Bernard SCHAEFFER

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2

Editorial Bernard SCHAEFFER

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4

Roubaix à travers les âges III Gaston MOTTE

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5

Maurice Maes 1897 – 1961 Alain DELSALLE

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11

Roubaix et l’archéologie Philippe SCHAEFFER

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14

La muse de Nadaud – Ses présidents Jean JESSUS

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18

Cinq siècles de vie religieuse à Roubaix – I Xavier LEPOUTRE

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19

Ferdinand de Lesseps Philippe WARET

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31

Les cantines scolaires à Roubaix Joël RAVIER

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33

Histoire des marques roubaisiennes déposées – Les éléphants Philippe WARET

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35

Jacques Brel fait ses adieux à la scène au Casino de Roubaix Francine DECLERCQ – Laurence MOURETTE

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37

Le site Internet de la SER www.histoirederoubaix.com

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39

Sommaire n°4 Octobre 2007

N°4

Germaine Lantoine Neveux

par

René Pierre BUFFIN

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4

Editorial

par

Bernard SCHAEFFER

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5

Roubaix à travers les âges II

par

Gaston MOTTE

page

7

Les monuments historiques § Roubaix

par

Laurence MOURETTE

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11

Roubaix et les monuments historique, protection et classement

par

Pierre LEMAN

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12

L’église Saint Joseph

par

Laurence MOURETTE

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15

Roubaix et la musique

par

Philippe WARET

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16

50 ans de textile roubaisien à travers sa publicité

par

Stéphane MATHON

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17

André Missant

par

Florent VANDEMORTERE

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30

La muse de Nadaud – Ses présidents

par

Jean JESSUS

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32

Le jour où les tramways ont disparu de Roubaix

par

Philippe WARET

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33

Maxence Van der Meersch et les étrangers

par

Michel DAVID

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35

Le drame de l’église St Michel

par

Gens § Pierres de Roubaix

page

37

La société des artistes roubaisiens

par

Alain DELSALLE

page

38

Roubaix …. au féminin pluriel

par

Bernard SCHAEFFER

page

39

Chronique littéraire

par

Bernard LEMAN

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42

Roubaix la fierté retrouvée, Le secret des Mulliez,

Histoire de la libération de Roubaix et Tourcoing

 

Sommaire n°3 mars 2007

Sommaire n°3 Mars 2007

Abel Leblanc, peintre page 4

Éditorial par Bernard SCHAEFFER page 5

Vive Roubaix ! Partition Par FAVIEURILLE – ERBAUT page 6

Roubaix à travers les âges par Gaston MOTTE page 7-10

Jean de Roubaix et Isabelle et Isabelle du Portugal par Denise PROUVOST page 11-13

Église Saint Martin – Cloches et carillon par Gaston MOTTE page 14

Silas Auguste Broux par Dominique VALLIN-PITEUX page 17

Amédée Prouvost par Jean JESSUS page 19

Le château Vaissier « Palais du Congo » par Gilles MAURY page 21

Charles Gounod à Roubaix par Francine DECLERCQ – Laurence MOURETTE page 33

Louis Catrice par Philippe WARET page 35

Madame Motte Delattre par Gaston MOTTE MULLIEZ page 37

Mamadou N’Diaye par Michel DAVID page 38

Motte-Bossut, l’Usine par Xavier LEPOUTRE page 40

La Chronique littéraire de Bernard LEMAN page 42

Le peintre Abel Leblanc, Le textile dans le Nord, Roubaix de A à Z

Sommaire n°1 Janvier 2006

Éditorial : Pourquoi un magazine d’Histoire de Roubaix par Bernard Schaeffer page 5

La Société d’Emulation de Roubaix par Bernard Schaeffer page 7

Le Panthéon Roubaisien : Albert Bouvy et Henri Selosse par les Veilleurs de la SER page 9

Roubaix l’immigrée : Patakoko, Pitche Flamin et le Roi Makoko par Alain Guillemin page 10-11

Historique de l’hôpital Napoléon par le Docteur Xavier Lepoutre pages 12-13

Mais qui sont donc les spectateurs du combat de coqs de Rémy COGGHE ? Par Dominique Vallin-Piteux pages 14-15

Thème une ferme, un quartier : pages 17 à 28

(par Francine Declercq, Bernard Schaeffer, Laurence Mourette, Xavier Lepoutre, Assia Messaoudi, Philippe Rammaert))

Le Tilleul et Courcelles, Le Petit Beaumont, Le Fontenoy, La Grand Vigne, La Bourde, Barbieux Les Huchons, Le Quartier du Trichon, Les Trois Ponts, le Nouveau Roubaix

Association des Compagnons de l’église Saint Joseph de Roubaix par Laurence Mourette page 29

La visite de Jules Verne à Roubaix par Philippe Waret pages 30-31

Gustave Nadaud, notre chansonnier poète par Jean Jessus pages 32-33

Nos cafés guérisseurs par Bernard Schaeffer pages 34-35

Chronique littéraire :

les territoires de la laine de Jean Claude Daumas, 16 rue d’Avelghem de Xavier Houssin, par Bernard Leman pages 36-37

Les armoiries de Roubaix par Thierry Delattre pages 38-39-40

Pasteurs protestants de Roubaix

Temple de la rue des Arts coll Méd Rx

Liste des pasteurs de la paroisse réformée

1880 : MM Victor Lebrat et Smith, MM. Faulkner, pour le culte anglican, et Haeckstein, pour le culte hollandais.

1885 : MM. Victor Lebrat, Eugène De Faye, auxiliaire, Marc Lafon, suffragant, Wauters, pour le culte hollandais.

1889 : MM. Victor Lebrat, Eugène De Faye, Julien Martin, suffragant.

1892 : M. Ernest Monod, remplace M . Victor Lebrat , démissionnaire en cours d’année, lequel a été nommé pasteur honoraire. M. Julien Martin, pasteur auxiliaire, remplace M. de Faye, démissionnaire.

Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, Van Hooland, Verhaegen et Adolphe Couvreur sont chargés, le premier comme évangéliste, les autres comme membres du Conseil d’Eglise, de la direction de cette oeuvre.

1893 : MM. Ernest Monod, Paul Perrelet, auxiliaire. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, Van Hooland, Verhaegen et Adolphe Couvreur sont chargés, le premier comme évangéliste, les autres comme membres du Conseil d’Eglise, de la direction de cette oeuvre.

1895 : MM. Ernest Monod, Paul Perrelet, auxiliaire. M. Monod a été remplacé le 26 Juillet 1896 par M. le pasteur Elie Gounelle, installé par M. Ollier, Président du Consistoire de Lille. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1899 : M. Elie Gounelle, M. Henry Babert auxiliaire.

1902 : M. Elie Gounelle, M. Jacques Krug auxiliaire. Un pasteur auxiliaire est désigné pour Tourcoing et Wattrelos : M. Albert Segond. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1903 : M. Elie Gounelle, M. Robert Lorriaux auxiliaire. Pasteur auxiliaire pour Tourcoing et Wattrelos, M Albert Segond.

1906 : M. Elie Gounelle, Pasteur titulaire, et M. Freddy Durrlemann, pasteur auxiliaire. Pasteur pour Tourcoing et Wattrelos : M. Albert Segond. Pour le culte flamand qui se célèbre dans le temple de la Rue de la Redoute, MM. Beekman, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1907 : M. Elie Gounelle, Pasteur titulaire, et M. Freddy Durrlemann, pasteur auxiliaire. A partir du 15 Novembre 1907, M. le Pasteur Gounelle, démissionnaire, est remplacé comme pasteur titulaire par M. Durrlemann.

1913 : M. Emile Paradon, pasteur titulaire, M. Jean Morel pasteur auxiliaire. Pour le culte flamand, MM. Beekman, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et G. Vanoest en sont chargés.

1921 : M. Jean Durand pasteur titulaire, M. Robert Ferret auxiliaire.

1932 : M. Daniel Cheradame, pasteur titulaire et M. P. Blondelle auxiliaire.

1937 : M. Daniel Cheradame, pasteur titulaire et M. P. Pasche auxiliaire.

Les conditionnements

C’est le 11 août 1857 que le Conseil municipal de Roubaix vote la création d’une Condition publique des soies et laines, dont les statuts sont approuvés par Décret impérial du 31 août 1858.

Le but du « conditionnement » consiste à calculer le taux d’humidité de la laine brute afin de déterminer le poids réputé « loyal et marchand » à facturer, le taux légal étant de 18,25 %. En fonction de ce taux, la facture est revue soit à la baisse, soit à la hausse. En d’autres termes, cela permet de ne pas payer de l’eau au prix de la laine ! Pour cela, un échantillon de la laine à tester est desséché à 110° pour obtenir une masse anhydre, cet échantillon est ensuite repesé, ce qui permet de déterminer « le taux de reprise ».

La ville installe donc ce Conditionnement dans une maison de la rue du Château. En raison de l’augmentation des quantités de laines à traiter, cet établissement se révèle très vite exiguë et dès 1862, le Conseil municipal envisage la construction d’un autre Conditionnement.

Cependant, en 1865 puis en 1876, des travaux d’extension y sont réalisés. Il faut attendre la séance du 7 février 1879 du Conseil municipal pour qu’une commission soit créée afin de rechercher un terrain. Elle choisit un terrain appartenant à la famille Wibaux compris entre la rue du Fontenoy et la rue Stephenson en raison de la proximité des voies de chemin de fer qui permettent de raccorder l’établissement. Une partie de la rue Stephenson est déclassée afin de constituer une parcelle assez vaste pour accueillir à la fois le Conditionnement et les Magasins généraux.

Déjà en 1889 il a trop d’embouteillages !

C’est l’architecte en chef des services des bâtiments, M. Richez, qui établit les plans de ce nouveau Conditionnement. Le total des travaux est chiffré à 370.000 francs. Sur le boulevard d’Halluin, le bâtiment de façade reçoit de part et d’autre d’un passage couvert : à gauche le logement du directeur et à droite le logement du concierge, l’infirmerie, un petit magasin, un atelier de réparation. Derrière est construit un bâtiment central qui abrite, entre autres, huit groupes de six appareils de dessiccation. Cet édifice est construit à partir de la fin de l’année 1880 et ouvert en 1882.

La condition publique du boulevard d’Halluin Méd Rx

Mais de nouveau, dès 1889, ces nouvelles installations se révèlent insuffisantes, il leur est aussi reproché d’être excentrées et, de plus, la proximité du passage à niveau provoque des embouteillages.

C’est pourquoi en 1893, le Conseil municipal projette la construction d’une « succursale ». En raison de l’opposition des Magasins généraux ce sera la Chambre de Commerce qui fera construire ce nouveau Conditionnement après qu’elle ne soit autorisée par un décret du 27 Octobre 1899.

Le conditionnement de la Chambre de Commerce Méd Rx

Ce nouveau Conditionnement est bâti sur une parcelle de 9.511 m² appartenant à M. Alfred Motte. Elle est située entre la rue Monge, la place Faidherbe et le boulevard de Beaurepaire. C’est l’architecte Albert Bouvy (1857-1938) qui est chargé de l’édification, l’entrepreneur étant M. Pennel.

L’architecte dresse les plans d’un édifice aux dimensions impressionnantes : la façade mesure 244 mètres de long sur une hauteur de 10 mètres. A l’intérieur, nous trouvons deux immenses magasins de 2.600 m² l’un, et de 2.500 m² l’autre. Ils sont séparés par un vaste passage de 12 mètres de largeur en forme de U qui évoque une véritable rue couverte. Il existe un sens de circulation pour les camions, l’entrée se situant place Faidherbe et la sortie boulevard Beaurepaire.

Le bureau du Directeur compte 33 pièces…

A droite de l’entrée, se trouvent les bureaux du Directeur et des employés ainsi que la salle des étuves qui mesure 370 m² de superficie. Au premier étage, le bureau du Directeur ne compte pas moins de 33 pièces ! Et cet appartement possède un jardin suspendu situé au-dessus de la pièce d’encaissage. Le bâtiment est construit en béton armé système Hennebique.

Le toit en terrasse repose sur des piliers métalliques. Ce toit est recouvert de 4 couches de papier goudronné avec 10 cm de gravier. Au fil des ans, de la poussière s’y est déposée si bien que les herbes folles y ont poussé lui donnant l’aspect d’une vaste prairie.

Les façades sont constituées de travées répétitives coiffées d’arcs en plein cintre. L’architecte a utilisé la polychromie des briques vernissées, chaque pilastre séparant les travées est orné en son milieu d’un cabochon de lave émaillée représentant un motif floral. Le soubassement est en pierre de Soignies. Les portes d’entrée et de sortie aux dimensions monumentales (5 mètres de large) sont agrémentées d’arcs en plein cintre en fer forgé. Deux têtes de bélier encadrent l’entrée rappelant symboliquement le travail de la laine. Les murs intérieurs reçoivent aussi une décoration soignée. Le 23 avril 1909, le Conseil municipal décide de fusionner l’établissement du boulevard d’Halluin et sa « succursale » de la place Faidherbe sous l’unique direction de la Chambre de Commerce.

Le Conditionnement fonctionnera jusqu’en 1972

L’activité du Conditionnement est intense, il compte parmi les premiers de France. En 1922, 30.076 tonnes de laine peignée sont vérifiées place Faidherbe. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’occupant allemand entrepose dans le hall de gauche du matériel militaire : canons, matériel de sondage, projecteurs… En 1944, les Allemands essaient de faire sauter le hall mais les dégâts seront minimes. Puis ce sont les Anglais qui utiliseront le Conditionnement. L’établissement fonctionnera jusqu’en 1972, date à laquelle, il se repliera vers les locaux du boulevard d’Halluin avant de partir sur Tourcoing puis sur Lille.

Le bâtiment est vendu à l’entreprise de transport Valcke. D’autres sociétés occuperont aussi les locaux : les meubles Coucke, la société SMIT… Entre 1996 et 1998, le Conditionnement sert de lieu de stockage pour les laines à tricoter Phildar. En 1998, en raison de la grande qualité de son architecture, le Conditionnement est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

La ville le destine à devenir un haut lieu de la vie culturelle roubaisienne avec une halle de 3 000 places et une salle plus petite de 200 places assises.

 

D’après les renseignements de Monsieur BOUDAILLIEZ

Dernier Directeur du Conditionnement de Roubaix

 

La gare de Lannoy

SUR LA LIGNE DE CHEMIN DE FER DE SOMAIN A ROUBAIX-TOURCOING

En 1860, le Maire de Lannoy est informé de la mise à l’étude d’un projet de ligne de chemin de fer reliant directement Lille à Tournai, en suivant jusqu’à Baisieux, la route dite « Impériale ».
L’administration municipale de la commune établit un contre-projet faisant passer cette nouvelle ligne par Mons-en-Baroeul et Flers, pour la rapprocher de Lannoy où serait installée une station, puis rejoindrait le chemin de fer belge à Templeuve en Dossemez.
Pour justifier de l’utilité de ce tracé, le Maire propose qu’il y ait un embranchement partant de Lannoy et rejoignant Roubaix, ce qui relierait, à moindres frais, cette ville à Tournai. Malgré de nombreuses démarches et l’appui du Conseil municipal de Roubaix, ce contre-projet n’aura pas de suite.
 
Le 10 juillet 1868, il est fait une première mention du projet d’une ligne de chemin de fer devant relier Somain à Roubaix-Tourcoing pour assurer le ravitaillement en charbon des grandes cités textiles.
Le décret impérial du 25 mai 1869 accorde à la Compagnie des chemins de fer du Nord-Est, la concession de la ligne, soit 40,6 km entre Somain et Roubaix-Tourcoing, par Orchies et Cysoing. La concession est à titre éventuel, les formalités d’enquête n’étant pas encore réalisées. Les travaux devront être entrepris un an plus tard et terminés en six ans. Cette ligne, prévue seulement pour les convois de marchandises, devait passer par Lys-lez-Lannoy, longer la ville de Lannoy et traverser en plusieurs endroits les cultures de la commune de Hem.
 
Le 10 octobre 1868, le Conseil municipal de Lys s’était uni aux communes environnantes pour demander la mise à l’étude de cette ligne. Les parlementaires de la région, avec à leur tête le dynamique Jules Brame, font circuler une pétition favorable, mais le Conseil municipal de Hem, méfiant, ne fait aucun commentaire et le 19 décembre 1869, l’ingénieur en chef des lignes du Nord, demande à rencontrer le Maire de la commune. Il dut être persuasif, car cette fois, le Conseil est tout à fait d’accord et insiste immédiatement pour obtenir une gare à Hem, la plus proche possible du centre de la commune. Comme les habitants d’Annappes ont également envie du train, en octobre 1871 les Hémois font, à leur tour, circuler une pétition pour obtenir que la gare reste sur leur territoire.
 
En juin 1871, le Préfet du Nord demande à tous les Conseils municipaux de délibérer sur la position des stations du chemin de fer. Il n’y a aucune objection de la part des Conseillers de Lys puisque leur commune devait être équipée d’une station se situant à proximité des établissements industriels de Boutemy. Cependant, MM. Henri Delattre et Louis Dubar demandent qu’elle soit reportée de l’autre côté de la route, cet emplacement devant être plus favorable aux intérêts des pauvres de Lys puisque la station devait être construite sur un terrain leur appartenant et qu’ils en perdraient les bénéfices de la mise en location.
 
 A Toufflers, le Conseil municipal, après avoir pris connaissance des plans dressés par l’ingénieur, délibère qu’il n’a aucune observation à présenter car l’emplacement des stations et le tracé de la ligne ne touchaient aucunement au territoire de la commune.
 A Hem, la consternation est grande car aucune gare n’y est prévue. Les Conseillers vont trouver le Maire de Lannoy qui, justement, est commissaire-enquêteur, puis rédigent un rapport dans lequel ils demandent d’obtenir une gare à Hempenpont. Ce hameau, très industriel, comprend 19 générateurs à charbon sur les 21 existants dans la commune. Ce chiffre était très probablement exagéré, mais il est important de signaler que, dans ce secteur, une ligne de teinturerie s’était implantée le long de la Marque. Depuis longtemps, il existait une tradition de blanchisseries au bord de cette rivière. La teinturerie demandant beaucoup d’eau, cela posait un problème à la ville de Roubaix : la Marque fournissait l’eau et permettait les rejets des polluants. Cette activité attira un fabricant de teinture chimique et, après 1870, cinq autres teintureries s’y installèrent.
Pour faire fonctionner les chaudières, ce secteur d’activité aurait eu besoin de plus de 1 200 wagons de houille par an et il faillait prévoir également le transport de grains, de produits chimiques et de produits de sucrerie.
 
Le 12 janvier 1875, le tracé définitif de la ligne de chemin de fer est publié. A Hem, c’est la consternation car la voie ferrée supprime le passage des véhicules et des piétons sur six chemins de la commune, ce qui cause le plus grand préjudice aux cultivateurs.
A la demande des fermiers, le Conseil municipal réclame immédiatement des chemins latéraux à la voie, quatre passages à niveau et un pont sur la grande route. Il demande également que les aqueducs et courants d’eau interrompus soient rétablis en priorité, étant donné les dangers d’inondation.
La question de la gare de Hem n’est toujours pas réglée et le Conseil municipal réclame qu’il y ait au moins une halte au chemin du Calvaire. Mais dans la commune, les partisans et les détracteurs de la linge continuent de s’affronter.
 
La Compagnie du Nord a repris, au premier janvier 1876, l’exploitation des lignes construites par la Compagnie du Nord-Est, notamment celle de Somain à Orchies, déjà en exploitation sur 16,2 km.
En décembre 1876, la construction est commencée et les ingénieurs souhaitent déplacer la rivière dite « vieille Marque » ainsi que la route départementale de Forest et les rendre parallèles au train sur une longueur de 400 mètres. Les Conseillers ne sont pas d’accord et prétendent que, affolés par les locomotives, les chevaux en s’emballant risquent de se jeter à l’eau ou de causer de graves accidents.
 
En juillet 1877, le Préfet revient à la charge pour la déviation de la route, mais le Maire maintient son opposition et réclame des passages à niveau. Ce sont finalement les ingénieurs qui gagnent la partie.
 
A Lys, les habitants rédigent une pétition demandant le maintien du sentier qui fait communiquer le quartier de Cohem avec la route départementale au niveau du carrefour de la Justice. La Compagnie du chemin de fer est invitée à rétablir le passage pour piétons supprimé, ce qui sera fait l’année suivante avec la participation de la commune pour un montant de 460 francs.
        
Le 8 juillet 1878, le Ministre ayant approuvé la dénomination de Lannoy-Lys pour la gare du chemin de fer, le Conseil municipal de Lys conteste les arguments avancés par le Maire de Lannoy à l’origine de ce choix et prie Monsieur le Ministre de revenir sur sa décision.
Il faut savoir que depuis longtemps, la ville close de Lannoy, à l’étroit entre ses remparts, souhaitait agrandir son territoire et s’étendre plus particulièrement en direction de Roubaix, c’est-à-dire sur le territoire de Lys où se trouvaient justement les industries florissantes.
 
Après une première tentative en 1835, puis une autre en 1865, qui chacune dura plusieurs années, le Préfet décide le 17 septembre 1867, l’annexion pure et simple de Lys à Lannoy, pour ne former qu’une seule commune qui prendra le nom de Lannoy-Lys et dont le chef-lieu est fixé à Lannoy. Heureusement, après de nombreuses démarches et manifestations, le Conseil d’Etat annule le 14 février 1868, pour excès de pouvoir, l’arrêté du Préfet. Il faut donc comprendre la colère des habitants de Lys, lorsque dix ans après cette victoire, on leur annonce que la gare portera le nom de Lannoy-Lys, plutôt que celui de Lys-lez-Lannoy, ce qui leur paraissait plus logique puisque la station se trouvait sur leur commune.
 
Toujours à Lys, le 20 août 1878, le Conseil municipal donne un avis favorable à la demande de Monsieur Boutemy de faire traverser la carrière du Bois par une ligne de raccordement entre son établissement de filature de lin et le chemin de fer car son usine, qui comprend 30 000 broches et occupe 1 500 ouvriers, consomme près de 1 200 tonnes de houille par mois et met en œuvre chaque mois, 150 tonnes de lin et 20 tonnes de matériaux divers. La station de Lannoy-Lys, avec une halle aux marchandises, est construite la même année.
 
Suite à une décision du Ministre des travaux publics, la section Orchies-Tourcoing est livrée à l’exploitation en 1879. Le 26 juillet de cette même année, le Conseil municipal de Lys, demande l’expropriation, pour cause d’utilité publique, d’un terrain en forme de triangle, obstruant par une clôture l’entrée de la gare et appartenant à M. Pollet-Jonville de Roubaix. Le 3 mars 1881, le Conseil vote 1 000 francs pour l’achat de ce terrain et demande la dispense des formalités de purge des hypothèques.
 
Le 5 août 1881, l’entreprise Boutemy obtient du Préfet l’autorisation de mettre en service une locomotive sur l’embranchement qui relie son établissement à la gare de Lannoy. C’est cette même année que les trains vont commencer à circuler sur la ligne et la compagnie propose à la ville de Hem la construction d’une halte, à condition que la commune en paye les frais. Les Conseillers municipaux, hostiles et outragés, sont d’avis d’attendre le sort réservé à un nouveau projet de ligne reliant La Madeleine à la Belgique et passant par Hem et Lannoy. Mais ce projet ne sera pas réalisé.
 
En 1886, la population se plaint de la barrière sur la route de Hem à Forest qui reste toujours fermée. Sur cette partie de la ligne, il ne circule que des wagons de charbon et la compagnie envisage la création de trains de voyageurs afin de drainer la main-d’œuvre vers le centre textile de Roubaix. Elle propose que si la ville de Hem souhaite une halte, elle en assume les frais elle-même.
Le Conseil, après maintes délibérations, finit par voter un crédit de 500 francs pour l’implantation d’un arrêt à la barrière au point dit « Ronde du Château ». Les premières statistiques connues concernant le trafic des voyageurs à ce point d’arrêt facultatif, datent de 1898 où l’on dénombre 21 215 voyageurs, soit près de 60 personnes par jour.
 
Sur la demande de MM. Parent et Desurmont, industriels au quartier du Petit-Lannoy, le Maire tente en vain d’obtenir une nouvelle halte pour desservir le hameau des Trois-Baudets et celui du Petit-Lannoy. Il n’y aura jamais de halte aux Trois-Baudets, et celle du Petit-Lannoy ne sera mise en service qu’en 1909, avec un trafic de 8 546 voyageurs par an, soit environ 23 par jour.
 
En 1890, les industriels hémois, qui ont demandé la construction d’une gare de marchandise, essuient un refus de la compagnie qui leur propose seulement un service de wagons complets, sans livraison de détail. Les habitants continuent toujours de se plaindre des embouteillages à la barrière, sur la route de Forest.
 
Le 22 décembre 1895, M. Echevin, Conseiller municipal de Lys, demande que l’on mette une sonnette à la barrière de Cohem pour servir lorsque le garde-barrière est couché. La demande est transmise à la compagnie. Quelques mois plus tard, le Conseil demande la substitution d’une barrière à bascule à celle qui existe car l’heure d’ouverture est trop tardive pour les cultivateurs qui doivent y passer le matin.
 
Le 22 mai 1895, un grave accident se produit à la gare de Lannoy-Lys. Nous en trouvons un article dans le Journal de Roubaix : « Un accident très pénible s’est produit mardi à deux heures de l’après-midi à la gare de Lys-lez-Lannoy. Monsieur Jules Fava, homme d’équipe, était occupé à accrocher des wagons, quand deux de ces voitures ayant reçu une poussée un peu trop forte, dépassèrent le point d’arrêt. Monsieur Fava voulu reculer pour les arrêter mais son pied ayant rencontré un obstacle, le malheureux tomba. Les roues des deux wagons lui passèrent sur le bras gauche qui fut coupé net, à la hauteur du coude. Les camarades de Monsieur Fava, épouvantés, s’empressèrent de relever l’infortuné qui poussait des cris déchirants. Il fut aussitôt transporté chez Monsieur Lagneau, pharmacien de la Compagnie du chemin de fer du Nord, qui lui donna les premiers soins en attendant l’arrivée de Messieurs les docteurs Lherbier et Petitpas. Après avoir examiné l’affreuse blessure, les deux médecins, ayant jugé nécessaire l’amputation, la pratiquèrent sur le champ. Monsieur Fava, qui est marié et père de six enfants, a été ensuite transporté à son domicile, au hameau de Cohem, à Lys-lez-Lannoy. Etrange coïncidence, le prédécesseur de Monsieur Fava, Monsieur Batarlie, avait lui aussi été victime d’un accident semblable en tout point ».
 
En 1896, le Conseil municipal de Hem étudie à nouveau le projet d’une gare de marchandises, mais celui-ci est ajourné par onze voix contre dix et un bulletin blanc. De justesse, les fermiers ont battu les industriels et Hem n’aura jamais sa gare pour les colis.
Le 4 décembre 1904, à la demande de Monsieur Jules Lepers, le Conseil municipal demande la construction d’un hall couvert à la gare de Lannoy-Lys. L’assemblée, sur la remarque de Monsieur Gossart, émet le vœu d’une amélioration de l’éclairage.
 
Le 27 septembre 1906 eut lieu à nouveau, à Lys, un grave accident qui coûta la vie à un ouvrier tisserand qui, vers vingt heures, longeait la voie ferrée à proximité de la barrière de Cohem. Tamponné par un train et projeté dans le fil d’eau qui longeait un des côtés de la voie, son corps ne fut découvert que le lendemain à 5 h 30 du matin.
 
En mars 1914, la municipalité de Toufflers réclamait des améliorations dans l’organisation et l’installation de la gare de Lannoy qui desservait la commune. Suite à cette intervention, le Ministre des travaux publics adressa au Préfet du Nord, pour être notifiée à Monsieur le Maire, la lettre suivante :
« Paris le 12 mars 1914,
Le Conseil municipal de Toufflers a signalé diverses défectuosités des installations de la station de Lannoy, notamment :
1° l’encombrement de la salle des pas-perdus par des colis
2° l’insuffisance de l’éclairage et du chauffage des salles d’attente.
En ce qui concerne le premier point, une décision ministérielle du 12 août 1913 a approuvé, pour l’extension du service des messageries à cette station, un projet dont la réalisation aura pour effet de supprimer la gêne éprouvée à certaines périodes du fait du dépôt des colis dans le vestibule.
Quant à l’éclairage et au chauffage, ils semblent assurés dans des conditions satisfaisantes, l’un au moyen de becs à gaz, système Auer, au parfait entretien desquels les agents de la Compagnie du Nord ont en charge de veiller tout spécialement, l’autre à l’aide d’un appareil tout à fait suffisant et en bon état, dont l’allumage et la conduite ont lieu régulièrement.
Dans ces conditions, le vœu du Conseil municipal ne me paraît susceptible d’aucune autre suite ».
 
Il y avait un trafic important à la gare de Lannoy-Lys : charbon, produits agricoles, drêches des brasseries, matières et produits textiles des usines nombreuses et importantes, sans oublier les voyageurs. 21 201 personnes par an en 1879, pour arriver avec une progression régulière à 60 867 en 1899, puis une diminution continue, pour n’atteindre que 46 968 voyageurs en 1908. L’année suivante, la chute de la fréquentation est brutale, 34 843 personnes, mais elle s’explique par la mise en service de la halte du Petit-Lannoy. Le trafic regroupé des deux stations relativement proches l’une de l’autre, donne une fréquentation de 43 389 voyageurs mais ne sera plus que de 34 447 en 1912.
 
L’arrêt des usines Boutemy en 1934, la suppression du service voyageurs avant 1939, provoqueront une diminution du trafic que l’installation des Etablissements Stein sur le site Boutemy ne parviendra pas à enrayer. La gare est désaffectée. Elle est démolie en 1983.

Bernard MOREAU (1930-2010)
Trésorier de la Société d’Emulation de Roubaix

 
Sources :
Délibération des Conseil municipaux de Lys, Lannoy et Toufflers
Articles du Journal de Roubaix
Ville de Lys, son histoire par Anthime Liénard
Lys à la Belle Epoque par le Cercle d’Etudes Historiques de Lys-lez-Lannoy
Hem, d’Hier et d’Aujourd’hui par André Camion et Jacquy Delaporte
Archives municipales de Roubaix : Série O VI (e) n° 3
A.D.N. – M 417/4147.
 
        

Les Hôtels de ville


AVANT 1794
Le château des Seigneurs de Roubaix, bâti vers le milieu du 15e siècle, par Pierre Seigneur de Roubaix et de Herzelles (né à Herzelles, le 1eraoût 1415) s’étendait derrière l’actuelle Grand’ Place vers et jusqu’à la rue de la Poste.
Une rue étroite et parfaitement rectiligne conduisait de la forteresse seigneuriale jusqu’à l’unique place située aujourd’hui entre l’église paroissiale Saint-Martin et l’entrée de la Grand’ Rue (place dite du Marché aux Fleurs).
A l’entrée de cette voie (ce qui reste, aujourd’hui, de cette rue, s’appelle encore rue du Château) qui se trouvait à l’alignement de la Grand’Rue et de la rue Saint-Georges (actuelle rue du Général Sarrail), s’élevait la Halle Echevinale (à Roubaix, l’échevinage date du 15e siècle), le premier « hôtel de ville », et l’Egarderie (qui fut transférée quelque temps plus tard dans le bâtiment abritant actuellement la librairie « Les Lisières ».
Un peu d’histoire…
L’Hôtel de Ville d’aujourd’hui est le quatrième que la ville de Roubaix ait connu dans son histoire.
Jusqu’en 1794, Roubaix avait un échevinage (créé par Jean V de Roubaix en sa terre et seigneurie, suite à la charte de Jean, Duc de Bourgogne en date du premier octobre 1414). Cette antique institution composée de sept échevins (en remplacement des « juges cottiers » qui étaient de simples gens n’ayant que peu ou point de connaissances en fait de justice) se réunissaient dans une halle qui se situait à la jonction de la rue du Château et de la Place (actuel espace limité par l’église Saint-Martin, le Palais du vêtement et le prolongement de la Grand’Rue). Cet immeuble demeure, jusqu’à la révolution, la propriété du Seigneur de Roubaix.
1794 – 1840
En 1790, l’assemblée, toujours formée de sept échevins, est remplacée par des Conseillers municipaux. Le nouveau Conseil décide, dès 1792, de tenir ses séances dans les bâtiments de l’Hôpital Sainte-Elisabeth, la maison échevinale tombant de vétusté. Seule l’infirmerie de cet hôpital (fondé par Dame Isabeau de Roubaix) est occupée jusqu’en 1806.
En 1812, la commune, voulant marquer de manière plus précise la destination officielle de ce bâtiment, fait construire un péristyle central à quatre colonnes en avant corps.
1840 – 1911
En 1840, notre cité connaît son premier essor industriel. En quarante années, la population passe de 8.205 à 30.000 habitants et en 1847, le collège magistral de la commune est renforcé (le nombre des adjoints passe de 1 à 3 et celui des conseillers est porté à 36). Aussi est-il décidé par cette administration de construire un nouvel hôtel de ville qui devait être le chef-lieu de la commune jusqu’en 1907.
DEPUIS 1911 : lHôtel de Ville actuel
La puissance industrielle de notre cité continue de s’affirmer et de se confirmer au delà de toutes les prévisions imaginables pendant la seconde moitié du 19e siècle et la population a, depuis plus d’une décennie, dépassée la barre des 120.000 habitants quand le Conseil municipal, sous l’administration de Monsieur Eugène MOTTE, décide, en 1903, de remplacer l’Hôtel de ville devenu trop petit par la magnifique mairie que nous connaissons aujourd’hui.
Commencé en 1907 sur les terrains sur lesquels s’élevaient l’ancienne mairie, la condition publique et la bourse du commerce, le nouvel Hôtel de ville est inauguré le 30 avril 1911 en même temps que l’Exposition internationale du Nord de la France.
Cet édifice est bâti sur les plans de l’architecte Victor LALOUX (auteur également des plans de la gare d’Orsay, maintenant musée, et de la mairie de Tours, sa ville natale) secondé par Monsieur DUBOIS, architecte à Roubaix (l’aile gauche – rue du Château – qui fut construite avant la mairie pour les besoins de la Chambre de Commerce est de l’architecte roubaisien Ernest THIBEAU) et orné des sculptures réalisées à gauche (face à la mairie) par Alphonse CORDONNIER (la cueillette du coton et la tonte du mouton), du Roubaisien LAOUST (les armoiries de la ville), d’Hyppolite LEFEBVRE (deux statues de 4,80 m et représentant la Paix et l’Abondance), d’Edgar BOUTRY (personnages assis, représentant la Vigilance et la Modération) et de Léon FAGEL de Valenciennes (pour les 3 hauts-reliefs, représentant le tissage, la teinture et le conditionnement).
LA SALLE DES MARIAGES
Qualifié de somptueux par la presse de l’époque, le bâtiment central de cette mairie abrite entre autre, à son premier étage, trois magnifiques salles : la salle du Conseil, le Salon d’honneur et la salle des mariages.
Le plafond de la salle des mariages est orné d’une peinture due au Parisien François SCHOMMER. Elle fut terminée en juillet 1914. Cette dernière ne manque pas d’intérêt pictural et glorifie, par son côté « mythologie républicaine » commun en ce début de siècle, le mariage civil.
Paul-Louis DEFRETIERE écrivait, à son propos : « Dans son envolée et malgré son cortège de putti à la mode du 18e siècle, elle célèbre un mariage essentiellement républicain et c’est la vérité qui est chargée de guider, d’éclairer le couple, un couple issu de la classe laborieuse comme le montre le costume du marié. Ainsi, se trouve magnifié le mariage en tant que fondement d’une société en marche vers le progrès dans le meilleur esprit de la troisième République, alors triomphante. »
LA FACADE DE L’HOTEL DE VILLE
En 1905, l’Hôtel de Ville, reconstruit en 1840, ne convient plus à une orgueilleuse capitale industrielle, passée de 30 000 à 100 000 habitants. Le maire, l’industriel Eugène MOTTE, fait appel à l’architecte Victor LALOUX, auteur de la gare d’Orsay à Paris. La ville veut une mairie faisant face à l’église, sur une grande place rectangulaire, et exige des sculptures.
La vaste opération de ravalement qui permet de blanchir les superbes pierres de la mairie de Roubaix aura pour grand effet de ressusciter les superbes frises qui en parcourent la façade.
Depuis 1911, année de l’inauguration de l’établissement conçu par Victor LALOUX, celles-ci avaient eu tout le loisir de s’encrasser.
• Côté bâtiment administratif, on distingue beaucoup mieux le couple formé par un vieillard et une femme. Les deux personnages encadrent une hutte. Le vieillard se trouve près d’un bélier aux cornes recourbées. Quant à la femme, elle est assise près d’une jarre qui symbolise les tâches ménagères. Une devise surplombe ces sculptures : « Pax Labor », la paix et le travail.
• Côté bâtiment du Commerce, on ne peut plus lire à son fronton l’inscription « Chambre de Commerce » qui a été effacé lors des travaux de ravalement. L’annexion de ce bâtiment à l’ensemble administratif est en effet définitive. On reconnaît le dieu Mercure alias Hermès dans la mythologie grecque coiffé de son casque ailé symbolisant la vélocité du dieu messager de l’Olympe et tenant à la main droite le fameux caducée. De part et d’autre de ce personnage, deux femmes assises, peut-être les deux secrétaires particulières du patron Mercure. A droite de celui-ci, l’une d’elle est appuyée sur une pile de dossiers et à l’arrière plan, se trouve une machine comportant de très nombreux rouleaux. De l’autre côté de Mercure, l’autre femme dans une pose semblable à la première, déverse les trésors d’une corne d’abondance. La première symbolise l’industrie, la seconde, le commerce.
On remarquera, au sommet de l’ancienne chambre de commerce et du bâtiment administratif, des corniches baroques, représentant des cornes d’abondances enflées de mille richesses.
• La frisequi n’a rien à envier au réalisme esthétique des pays socialistes, comporte six éléments répartis de part et d’autre de l’entrée d’honneur de l’Hôtel de Ville.
La frise sous l’attique est une véritable bande dessinée en six tableaux, une sorte de retable profane. Les personnages plus grands que nature, placés dans leur cadre de travail, avec leurs outils et vêtements, contrastent avec les classiques figures allégoriques du fronton.
Alphonse Amédée CORDONNIER qui vécut aux Etats-Unis et s’intéressa au travail textile, cisela les trois premiers éléments : la récolte du coton et la tonte des moutons, le lavage et le peignage et la filature. Léon FAGEL s’attaqua aux trois tableaux suivants : le tissage, la teinture et les apprêts et la manutention finale.
Chacun des personnages (la frise en comporte une petite quarantaine au total) mesure près de 2,40 mètres de hauteur. C’est dire l’aspect monumental de cette œuvre destinée à immortaliser le passé laborieux de notre ville ainsi que l’industrie qui lui procura sa richesse en dépit de tous les problèmes sociaux qui apparurent dès son apparition.

Les 3 premiers tableaux de la frise © B. Catrice

 

1. La récolte du coton et la tonte des moutons :A gauche de l’élément, une femme noire cueille du coton. Près d’elle, trois autres personnages dégagent la toison d’un agneau avec une tondeuse mécanique. A l’extrême droite, un dernier personnage de pierre fixe au crochet d’une grue, une balle de laine qui sera placée dans la cale d’un bateau à destination de la France.
2. Le lavage et le peignage : Parvenue à Roubaix, la laine est soumise à différents traitements. Le sculpteur Cordonnier évoque le lavage de la laine. Le panneau met en scène une lisseuse, des ouvriers et un empaqueteur aux biceps saillants sur la gauche qui emporte les « rubans » vers la filature.
3. La filature : Sur le dernier panneau de Cordonnier, apparaît au centre un métier à filer. Un fileur s’y active tandis qu’un ouvrier fixe une bobine. A gauche, deux autres fileurs transportent des canettes depuis des paniers en osiers jusque dans des chariots également en osier. A droite, un cinquième ouvrier, apparemment impassible, soulève sur ses épaules un lourd fardeau.
4. Le tissage : Le premier panneau de la série de Léon Fagel illustre le tissage. On y voit des femmes et des enfants au travail. Deux ouvrières s’affairent près du moulin à ourdir et préparent la chaîne. Au centre, le tisserand surveille la marche de son métier en activant sa pédale tandis qu’un jeune aide lui apporte des canettes dans un panier d’osier. Sur la droite, un ouvrier retire une pièce de drap achevée sur un rouleur.
5. La teinture et les apprêts : Le second panneau ciselé réunit un cartonneur qui tient une pièce de tissu se déroulant le long d’un plan incliné. Il est aidé en cela par un apprenti se trouvant à l’arrière plan. Plus loin, un teinturier sort d’un baquet une pièce d’étoffe. Près de lui, à l’aide d’une louche, son assistant puise de la teinture dans un tonneau pour qu’il puisse vérifier le ton de la préparation. Enfin, à gauche, deux manœuvres retirent des écheveaux d’une cuve et l’emportent à l’épaule.
6. La manutention finale : Le dernier tableau représente la phase finale du traitement du tissu. Sur la gauche, deux hommes de peine ficellent une pièce et serrent les liens. Derrière eux, un contremaître prend note des références du ballot. Au centre, une femme examine les écheveaux afin de constater leur état. Le tissu ne sera expédié que s’il est sec et de bonne qualité. A droite, se trouve un homme poussant un diable qui recevra les colis à expédier.
• Au-dessus du porche central, un autre sculpteur participa à la décoration de l’édifice. Hippolyte LEFEBVRE qui plaça, de part et d’autre des armoiries de la ville, deux statues de 4,80 mètres de hauteur.
H. LEFEBVRE qui fut, à son époque, l’un des maîtres de l’Ecole française, a ciselé ces deux allégories qui donnent au fronton central de la mairie, un superbe équilibre : à droite, l’ABONDANCE tient dans les plis de sa robe des fruits et des fleurs ; à gauche la PAIX, tient dans sa main un rameau d’olivier. 

élément central. © EG

Thierry DELATTRE
Administrateur de la Société d’Émulation de Roubaix
Conservateur des Archives Municipales de Roubaix 

L’Hôtel Pierre Catteau

Les origines de Pierre CATTEAU

Pierre, Antoine, Louis Catteau est né le 16 mai 1820 à Comines. Il est le fils de Pierre Catteau et d’Henriette Lawick. Il est issu d’une famille de fabricants de rubans. Son aïeul, Charles Catteau avait créé son entreprise de ruban en fil de lin au milieu du 18e siècle.

En 1788, il y employait 44 ouvriers. Pierre Catteau termina à Boulogne-sur-Mer des études qu’il avait commencées au Collège des Jésuites de Brugelette. Il arriva en 1844 à Roubaix et créa son entreprise rue de la Fosse-aux-Chênes. Il s’orienta vers des tissus chaîne-soie qui remportèrent un vif succès. Doué d’un goût très sûr, ses produits étaient de véritables merveilles de dessins et de coloris. Cela expliqua le constant essor de sa fabrique.

En 1869, le registre des patentes nous apprend qu’il est taxé au maximum pour son tissage du 30, de la rue de la Fosse-aux-Chênes. Il y était associé à ses frères : Charles et Louis qui résidaient à Comines et Adolphe qui demeurait à Roubaix. Pierre Catteau, quant à lui, habitait au 41, rue du Grand Chemin.

En 1885, pour cause d’extension, son tissage se situait au 121, rue du Grand Chemin, une filature de 8.800 broches lui était adjointe. Cette filature lui appartenait en propre. En ce qui concerne le tissage, il restait associé à ses frères. En plus, il était associé à Edouard BODIN, demeurant au 30, rue Nain, au sein d’un tissage de plus de 200 métiers situé au 52, rue Saint Maurice. Quant à son frère Adolphe, toujours en 1885, il était à la tête d’une retorderie de 3.550 broches et d’un tissage boulevard d’Armentières ainsi que d’un second tissage comprenant 73 métiers à bras pour tissus d’ameublement au 15, rue de la Chapelle Carrette.

Plusieurs distinctions…

Les mérites de Pierre Catteau lui valurent de recevoir de nombreuses distinctions. En 1862, il reçut une mention honorable à l’exposition de Londres. En 1867, à Paris, il obtint une médaille d’argent. En 1873, le jury de l’Exposition universelle de Vienne lui décerna une médaille de progrès, sa plus haute distinction. L’année suivante, un décret du 27 juillet le nommait Chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur pour « services rendus à l’industrie ». Enfin, en 1878, il obtint à Paris la médaille d’or.

L’Hôtel particulier de Pierre CATTEAU

Pierre Catteau se fit construire au 45, rue du Grand Chemin son Hôtel particulier. Nous savons qu’il habitait dans cette rue depuis au moins 1869. Les archives municipales possèdent le plan, daté du 15 avril 1876, d’un terrain d’une surface d’un hectare vingt neuf ares qui s’étendait entre la rue des Fleurs et la rue du Grand Chemin. C’est sur ce terrain acheté peut-être à ce moment là qu’il décida de faire construire son hôtel particulier agrémenté d’un grand parc.

Square Catteau ©D. Toussaint

Le même architecte que pour le parc de Barbieux…

Pour l’habitation, il s’adressa au grand architecte roubaisien Edouard Dupire-Rozan (1844-1901). Ce dernier lui proposa plusieurs projets : c’est le projet d’un hôtel bâti entre cour et jardin avec deux ailes en retour sur la cour qui fut choisi. Pour le parc, l’architecte Georges Aumont fut consulté, les archives possèdent une étude signée de lui, datant du 19 mai 1878. Le parc tel qu’il est réalisé est la réplique de ce projet, il est donc très probable que Georges Aumont en soit l’auteur. Cela expliquerait la ressemblance avec le Parc Barbieux tracé à la même époque par ce même architecte. Il semble que le parc ait été terminé en 1880 car, le 19 août eut lieu une grande fête dans les jardins, fête relatée par la presse.

En ce qui concerne la maison, en 1880, elle n’est pas entièrement achevée puisqu’en avril 1883, le dallage sur le jardin est en projet et qu’en septembre 1884, les épis de faîtage de la toiture sont encore à l’étude. L’architecte Edouard Dupire construisit pour Pierre Catteau un Hôtel particulier très inspiré de la Renaissance. L’Hôtel ne possède qu’un étage et est surmonté de hautes toitures d’ardoises. Les matériaux utilisés sont la brique et la pierre. La façade sur cour est très ornée. Elle se compose d’un avant-corps central, entouré de façades latérales légèrement en retrait. On accède au portail d’entrée par un perron. Cette porte d’entrée est surmontée d’un fronton interrompu orné d’un angelot. De chaque côté nous trouvons un oculus.

De part et d’autre de cet avant-corps central tout en pierre, la façade est percée de quatre hautes fenêtres séparées par des pilastres ioniques à bossage. Au premier étage, la baie centrale est entourée de deux niches qui devaient abriter des statues n’existant plus actuellement. De part et d’autre, l’étage ne possède qu’une seule baie pourvue d’une balustre. Au-dessus on trouve un fronton triangulaire interrompu par une lucarne ornée d’un fronton curviligne.

Ce bâtiment se prolonge vers la cour par deux ailes à deux étages où l’on retrouve l’usage des pilastres à bossage. Si l’Hôtel en fond de cour était réservé à l’habitation de Pierre Catteau, les deux ailes servaient, au rez-de-chaussée, de remise et d’écurie et les étages abritaient le personnel. Deux porches ornés d’une tête de cheval assurent la jonction avec le bâtiment en front à rue.

Un parc comme un havre de paix

L’histoire du bâtiment sur rue est complexe. Il est possible qu’il soit antérieur à la construction de l’Hôtel particulier et qu’il n’a été que modifié, rhabillé par Edouard Dupire. Ce bâtiment abritait très probablement les bureaux et les magasins de l’entreprise de Pierre Catteau. La façade sur rue est crépie. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont rectangulaires, celles du premier étage sont en plein cintre, celles du second étage possèdent un arc surbaissé orné d’un claveau saillant. Neuf lucarnes surmontées d’un fronton triangulaire et deux oculi s’inscrivent dans la pente du toit. Un grand porche monumental permet d’entrer dans la cour.

Intéressons-nous maintenant à la façade sur jardin qui est également très ornée. La façade reprend la structure d’un avant-corps central entouré de deux façades latérales. L’avant-corps central est surmonté d’un toit pentu orné d’une lucarne à balustre dont les montants sont décorés d’atlantes. Au rez-de-chaussée, les portes-fenêtres s’ouvrent sur une grande terrasse. Il est d’ailleurs à noter que le Trichon sous sa voûte longe cette terrasse.

Au premier étage, au-dessus des baies bigéminées, nous trouvons un cartouche où s’inscrit le monogramme PC, monogramme que nous retrouvons dans de nombreuses pièces à l’intérieur de la maison.

Pour ce qui est du parc, un réseau d’allées sinueuses entoure un plan d’eau où, de nos jours, barbotent quelques canards. La végétation qui a atteint sa maturité a pris un aspect majestueux qui donne à ce parc un rôle de havre de paix dans le quartier. Le long de la rue Rémy Cogghe, où se trouve actuellement l’aire de jeux pour les enfants, s’élevait à l’origine une orangerie.

A une certaine époque, le parc possédera un kiosque à musique, les archives en possèdent les plans datés de 1881. Ce kiosque, qui enjambait le plan d’eau, a actuellement disparu.

 

Docteur Xavier Lepoutre

Vice-Président de la Société d’Emulation de Roubaix