n°33 Novembre 2022- Avril 2023

Le N°33

Éditorial par Gilles Maury p 5

Disparition de Michel Clercx par la SER p 6

Publications

Roubaix à l’heure anglaise par Gilles Maury p 7

L’Amicale-photo de Roubaix par Pierre-Henri Malbrel p 8

Peinture

Redécouverte d’un peintre silencieux Charles-Henry Bizard par Germain Hirselj p 14

Résultats du 8e concours-photos sous la bienveillance de Bouddha par Evelyne Gronier-Renaut p 26

Patrimoine

De l’hôtel Masselis à la villa Derveaux par Evelyne Gronier-Renaut et Gilles Maury p 32

Patrimoine en danger par Gilles Maury p 42

L’influent Monsieur Loucheur par Pierre Ketels p 44

Les maisons tombolas (suite) par Philippe Waret p 50

Térèse Lessens une héroïne discrière par Anne-Thérèse Dhelft p 54

La carte postale, un patrimoine méconnu et menacé par Jean-Michel Dewailly p 58

Adhésion, anciens numéros p 61

n°31 novembre 2021-avril 2022

n°31

Éditorial par Gilles Maury p 5

Bilan du 7e concours-photos par le comité d’organisation p 6

Chapelles&Co fête ses 10 ans par Evelyne Gronier-Renaut p 10

Tela Tchaï, la vamp des grands chemins par Germain Hirselj p 15

Objets et curiosités racontent Roubaix autrement

par les membres de la SER p 25

Une escouade dans la tourmente par Pierre Ketels p 40

Les Leman, métallurgistes et pilotes par Bernard et Pierre Leman p 44

Logement social : financements privés et publics par Philippe Waret p 52

Nouvelle bibliographie roubaisienne par Pierre Leman p 57

Du côté des orgues par Evelyne Gronier-Renaut p 58

Dodeigne, une rétrospective, un livre par la Rédaction p 61

n°26 mai 2019

n°26

Éditorial par Gilles Maury p5

6ème concours-photos, c’est parti par Evelyne Gronier-Renaut p6

Publications de nos membres p7

Les otages d’Holzminden par Bernard Catrice p8

La controverse de Lille par Joël Ravier p16

Dossier Textile n°3 :

La première industrialisation à Roubaix par Pierre Ketels p24

Portfolio textile par Gilles Maury p29

Histoire du peignage A.Prouvost  par Bernard Leman p40

La naissance de la lumière/P.Hémery par Germain Hirselj p48

Redécouvrir Gérard Vergaert par Germain Hirselj p52

La famille Faidherbe et le SER par Josiane Deroubaix et Joël Ravier p58

Fernand Rouzé par Mme Delft-Thaon p62

Adhésion, anciens numéros p63

n°25 novembre 2018

n°25

Éditorial par Gilles Maury p5

5ème concours-photos par Evelyne Gronier-Renaut p6

Les serres municipales par Evelyne Gronier p12

Les 120 ans de la Solidarité  par Xavier Lepoutre p16

La SER a 150 ans :

Les premiers pas d’une jeune Société par Philippe Waret p25

Historique de la SER par Josiane Deroubaix p30

Georges Teneul par Bernard Catrice p36

Le sceau de la SER par Bernard Catrice p41

Les travaux de la SER par Josiane Deroubaix p42

Firmin Dubar par Philippe Waret p50

Léon Lalouette par Mme Delft-Thaon p54

Anciens numéros, abonnement, adhésion, p56

n°20 Mars–Octobre 2016

n°20

Éditorial par Bernard Schaeffer & Gilles Maury p 5

Actualités

Bernard Schaeffer et nous ….p 6

Bon anniversaire Amitié-Partage ! Evelyne Gronier-Renaut, Gilles Maury_ p 8

Disparition d’Eugène Dodeigne par Germain Hirselj p 14

Histoire

L’hôpital Sainte-Elisabeth après la révolution par Xavier Lepoutre p 16

Panthéon roubaisien

Le fabuleux destin de Pierre Wibaux par Samuel Facq p 20

Dossier

Le vertige Cavrois par Gilles Maury, Evelyne Gronier-Renaut

Portraits de Territoires p 28

Art

Corneille Theunissen à Roubaix, sculptures à la Belle Époque par Catherine Limousin p 52

GRANDE-GUERRE, épisode 4

Journaux de guerre inédits par Gilles Maury p 64

Charles Crupelandt, coureur cycliste par Philippe Waret p 66

Abonnement, adhésion, anciens numéros p 67

n°7 Sommaire septembre 2009

n°7

Éditorial par Bernard Schaeffer et Gilles Maury p.5

Panthéon roubaisien Pierre Auguste Mimerel, Comte de Roubaix par Félix Delattre p.6 à 8

Histoire

Cinq siècles de congrégations religieuses (3eme partie) par Xavier Lepoutre p.10 à 15

La marque du coq (histoire des marques déposées) par Philippe Waret p.16-17

Dossier

Football ! un siècle de ballon rond des crusaders au Futsal par Philippe Waret p.18 à 27

Roubaix et les muses

Rémi Cogghe et l’illustration des traditions populaires Dominique Valin-Piteux p.28 à 32

Une idylle, unique roman de Gustave Nadaud par Jean Jessus p.33 à 35

Patrimoine disparu

Le marché du Minck, place du Trichon par Xavier Lepoutre p.36-37

Les pages du service culture de la mairie

La première exposition du CIAP par Philippe Louguet p.38-39

Cahier spécial patrimoine

Le temple, le couvent des Clarisses et l’école Renan par Xavier Lepoutre et Gilles Maury p.40 à 45

Abonnement, adhésion, anciens numéros p.46

Les fondateurs de la grande industrie

(NB : D’après les travaux de recherche de Georges Teneul, Président de la Société d’Emulation de Roubaix, Histoire économique de Roubaix – Réflexions sur notre temps, 1962)

DYNAMISME ET EQUILIBRE

La liberté commerciale absolue, reconnue intangible, ouvrait la voie aux individualités fortes bien décidées à utiliser toutes les chances qui leur étaient offertes par la législation nouvelle. Ne s’attardant pas à observer les faits, les fondateurs de la Grande Industrie, hommes d’action avant tout, s’engageront avec ardeur dans le système économique libéral dont ils feront le succès. En examinant la liste des Egards et des Maîtres drapiers de l’Ancien Régime, on relève peu de leurs héritiers parmi les notabilités industrielles du XIXe siècle. Rarement, en effet, la conjoncture a été plus favorable aux empiristes dégagés des souvenirs anciens ; ils forcent le destin, alors que les attardés, timides, supputent leur chance et la laissent passer.

Les figures marquantes du XIXe siècle industriel à Roubaix seront celles de chefs de file, bâtissant leurs entreprises au jour le jour, prêts à saisir toutes les occasions heureuses. A la manière des découvreurs de terres inconnues, ces pionniers adoptent la machine à vapeur, les métiers mécaniques à filer et à tisser, entreprennent des voyages de prospection et appliquent dans leurs usines les moyens de production nouveaux. C’est l’époque où les héros de Balzac jonglent avec les lettres de change que l’extension du crédit fait circuler à travers les grandes villes de commerce. Et Daumier nous livre avec Robert Macaire, flanqué de Bertrand, la caricature de ce monde d’affaires.

Mais à Roubaix, les chances de la fortune sont exploitées avec plus de modération et de sagesse et souvent avec mesure. Les créateurs de la Grande Industrie, possédaient non seulement du talent, mais cette sorte de génie divinatoire, apanage des hommes neufs aux muscles solides et à la tête froide.

 

L’APPORT DES RURAUX

Autour du cœur de la cité, la campagne toute proche a fourni à la Manufacture les bras courageux et les cerveaux clairs dont elle avait besoin. La promotion nouvelle avait préparé son ascension dans le calme du sillon et la patience d’un labeur séculaire tenace et fécond. Ainsi, les cadets de l’Ancienne France retournaient à la charrue et, après ce contact avec la terre tutélaire, leurs ascendants réapparaissaient au premier plan. La création de la Grande Industrie fut une œuvre de force et de santé. La relève, fournie avant tout par le monde rural, possédait une confiance à toute épreuve

L’historique des censes de Roubaix est évocateur à cet égard. Les Spriet, Mulliez, Lecomte, Leuridan, Pollet, Dubar-Delespaul, Lefebvre, Prouvost, sont tous descendants de cultivateurs. Les ruraux, autant que les ouvriers de qualité ont fondé la grande industrie. Certaines usines importantes ont été construites au cours du XIXe siècle, sur l’emplacement ou à proximité des terres que cultivait, la veille encore, l’ancêtre immédiat ou le nouveau manufacturier. « Si nous nous penchons sur l’origine de la plupart des hommes qui, de nos jours, se sont distingués, nous découvrons derrière eux, une longue ascension et une longue patience. » Ainsi s’exprimait, très justement, Jacques Bainville, dans son discours de réception à l’Académie Française. La claire vision des nécessités de l’heure animait la race des bâtisseurs de nos usines. Les cheminées que, successivement, ils élèveront dans le ciel de la cité, constitueront autant d’actes de foi dans la pérennité de leurs fondations. Ces hommes ne connaissaient pas la crainte des lendemains. Dans ces heures de plénitudes, une race est forte, elle ne cherche pas à maintenir, mais à créer et à poursuivre, en la développant, la tâche entreprise. Qui ne vise qu’à durer, porte déjà dans ses flancs, les traces de la destruction. Par là, la vie opère des coupes sombres ; elle porta des coups mortels aux entreprises de l’Ancien Régime et la sélection continue.

DE QUELQUES-UNS D’ENTRE EUX

Alexandre Decrême (1) qui, en précurseur, entreprit après 1789 la fabrication des tissus de coton, était fils d’ouvrier et la génération suivante, ses descendants, s’allieront aux familles les plus notables. En 1819, un modeste artisan fonda la firme Hannart Frères, l’une des maisons d’apprêts des étoffes qui comptait à la fin du XIXe siècle parmi les plus importantes du monde entier. Emile Roussel débuta à 14 ans dans l’industrie. En 1865, il aida sa mère à créer une petite teinture et fonda une firme de grande renommée. La firme Wibaux-Florin, qui connut son apogée au XIXe siècle, fut fondée en 1810 par un cultivateur aisé. Né le 16 février 1787, à la ferme de la Mousserie, Hippolyte-Joseph Wibaux épousa Félicité Florin, fille de Pierre-Constantin Florin, premier maire de Roubaix et sa descendance figure parmi les dynasties industrielles du XIXe siècle. Cette firme se spécialise dans les tissus de chaîne coton et de trame de laine peignée et son effacement par la suite doit être attribué à un changement de mode. Ce sont les créations nouvelles qui poussent au zénith les maisons modestes ; mais ce sont elles aussi qui, plus tard, les écartent du succès.

La famille Prouvost est originaire de Wasquehal. Elle occupait une situation rurale de premier plan avant la Révolution. Le Chanoine C. Lecigne écrivit une biographie du poète Amédée Prouvost, dans laquelle il peint en traits brillants, le grand-père de l’écrivain. « Il aimait voyager. Un beau jour, il monta à cheval, il parcourut la France, s’extasiant devant les paysages, s’arrêtant à la porte des usines, mêlant dans ses carnets des impressions d’artistes et des notes d’affaires, exemplaire inédit du Roubaisien à la fois aventureux et positif… Il crée le peignage mécanique de la laine, il lutte dix ans contre les préjugés populaires, les obstinations intéressées et la concurrence étrangère. A force de raison, de calme bon sens, d’efforts continus, il développe l’industrie nouvelle, groupe deux mille ouvriers autour d’elle et dote Roubaix du plus grand établissement de peignage de France. C’est un grand citoyen en même temps qu’un grand industriel. » (2)

Louis-Joseph Brédart épousa en 1754, Anne-Marie Lepers, issue d’une famille rurale très considérée dès le XVIe siècle. De ce mariage naquit, entre autres enfants, Louis-Antoine-Joseph, lequel continua la descendance. L’un de ses enfants, une fille, Pauline, épousa Jean-Baptiste Motte, d’une famille urbaine de Tourcoing, et dont la profession de marchand laisse supposer une profession de négociant en laines. La postérité de la famille Motte-Brédart prend un rôle de premier plan dans la création de la grande industrie de Roubaix. L’aîné Louis Motte-Bossut fonde la filature de coton la plus considérable pour l’époque et fait preuve, au cours de sa carrière industrielle, d’un esprit d’entreprise exceptionnel qui s’est perpétué dans sa descendance. Son cadet, Alfred Motte, se destinait tout d’abord au notariat. En secondes noces, il avait épousé Léonie Grimonprez, fille de Eugène Grimonprez, le promoteur à Roubaix de la filature de la laine peignée et l’un des hommes les plus actifs de la nouvelle promotion industrielle. Après un premier échec, il construit un véritable complexe industriel textile englobant tous les stades de la fabrication, du peignage au tissage. Il fit participer à son succès de multiples associés. Sa formation juridique favorisa sa réussite et après quelques entreprises hasardeuses, il prit soin de limiter ses risques par une clause résolutoire.

Eugène Motte-Duthoit, Maire de Roubaix, de 1896 à 1908, est issu de ce mariage. Tandis que la famille Grimonprez s’est effacée, la filiation d’Alfred Motte-Grimonprez occupe présentement encore une importante situation industrielle. Les descendants de Motte-Brédard joignaient à un sens précis des réalités, une activité débordante. Louis Motte-Bossut disait la nécessité « de diriger son affaire personnellement ». « Il faut valoir quelque chose par soi-même, sans chercher trop de distraction en dehors ». Déjà gravement malade en 1882, Alfred Motte-Grimonprez poursuivra sa tâche jusqu’à sa mort, en 1886. Devant une telle ardeur qu’il eût fallut modérer, on constate qu’il est plus dur de rester inactif que d’entreprendre de grandes actions.

Dans ce Roubaix en plein développement économique, le hasard des mariages amena bien des changements de situation. Dans le discours qu’il prononça en 1927, lors de l’anniversaire de la naissance d’Alfred Motte-Grimonprez, son fils, Eugène Motte-Duthoit raconte de quelle façon son aïeul Jean-Baptiste Motte « en prenant à travers champs le chemin le plus court, cueillant pavots et bleuets pour former un bouquet de fiancé pour Pauline Brédart qui habitait Tourcoing, s’arrêtait en chemin à la grande ferme Ducatteau pour parler amicalement avec la fille du fermier. Cette ferme était la première sur le territoire de Roubaix et s’étendait du pont Vanoutryve au Conditionnement et au pont Saint-Vincent-de-Paul. « Marie Rose, vous êtes trop maligne pour rester fermière disait-il à cette jeunesse, vous devriez vous marier avec un fabricant et vous feriez belle carrière ». Et cette prédiction s’accomplit. Elle épousa M. Lefebvre et la Maison Lefebvre-Ducatteau, sous sa direction, devint l’une des premières maisons de la Fabrique de Roubaix. Elle commandita plus tard, en 1852, la Maison Amédée Prouvost, les premiers peigneurs de Roubaix et les plus réputés, et Henri, Jean et Louis Lefebvre ont hérité de l’esprit délié et entreprenant de Marie-Rose ».

En 1820, Louis Dubar épouse Marie-Joseph Delespaul, à la ferme du Hutin et fonde une importante entreprise. La famille Bayart était originaire de la ferme de l’Hornuyère de Wattrelos. Pierre-Joseph Bayart épouse en 1798, Sylvie Lefebvre et le jeune ménage s’installa comme fabricants. Dans leur descendance, on retrouve les Bayart-Cuvelier, Bayart-Lefebvre, Ernoult-Bayart et maintes autres familles qui ont fait carrière brillante dans l’industrie.

En 1853, les frères Dillies installent quelques métiers à tisser. Véritables vulgarisateurs du tissage mécanique à Roubaix, ils seront en 1860, propriétaires de 400 métiers. Simple tisserand, Julien Lagache devient un remarquable fabricant. François Frasez installe des métiers à tisser dans des maisons construites à cet usage (chaque maison recevait quatre métiers) et inaugure ainsi une méthode qui a été reprise avec succès dans d’autres régions. Commentant l’exposition de 1853 et s’arrêtant au nom de MM. Eugène Grimonprez et Cie, Théodore Leuridan dira qu’il a été frappé « du grand nombre de maisons inconnues jusqu’ici ».

A partir de 1850, la plupart des affaires se montent en associations à cause du coût élevé des industries mécanisées. De plus, la direction d’une usine exige la présence à peu près constante des patrons. Pour leur permettre de rester à leurs affaires, des maisons de commissions sont fondées. C’est M. Bossut qui fonda la première maison du genre. Par la suite, la Manufacture s’efforcera de se passer de leurs services.

Les frères Delattre, industriels avisés, Henri qui fut Maire de Roubaix en 1848 et Louis épousèrent respectivement Adèle et Pélagie Libert, filles du fermier de la Potennerie. Fondée en 1827, leur entreprise avait pris rapidement un développement considérable. La veuve Libert épousa en secondes noces Pierre Pollet-Delobel de Sainghin et leur descendance honore de nos jours encore l’industrie roubaisienne. La Maison Toulemonde-Destombes, fondée en 1820 trouve son origine dans un tissage à la campagne et il est fort probable, comme ce fut le cas de plusieurs industriels dont le fondateur mena tout d’abord de pair la culture et le tissage, que la ferme ne fut délaissée qu’après emprise sûre dans la manufacture.

On pourrait poursuivre des recherches en ce sens. « Il n’y a aucune maisons ayant tenu quelque place à Roubaix qui n’ait eu ses fondements dans une connaissance approfondie de la matière et du métier » écrit M. Gaston Motte dans son Histoire de Roubaix. La grande industrie fut fondée par une promotion nouvelle, artisans parvenant au patronat de souche roubaisienne ou immigrés, mais, le plus souvent, les industriels du XIXe siècle sont d’origine rurale.

Ces hommes nouveaux, ancrés sur la réalité, osent tout risquer et tout entreprendre. Leur tournure neuve de pensée et d’action a édifié la cité moderne. Les hautes cheminées dominaient de véritables fiefs industriels. « Plus riche en outils qu’en fonds d’Etat, l’héritier ne pouvait s’évader », dira Eugène Motte lors de l’inauguration de l’Hôtel de Ville, le 30 avril 1911.

1 Ancienne famille notable qui avait connu un effacement momentané.

2 Chanoine C. Lecigne : « Amédée Prouvost ».

Les festivals de Jean Prouvost

Le village d’Yvoy le Marron a encore le souvenir de Jean Prouvost venant là tous les week-ends ; il fait son tour dans le village, avec son teckel, sur le bras ou sur les genoux (la mascotte d’Intexa !). Il participe au banquet des Anciens. Un maire attentif pendant 25 ans.
Sa propriété, Saint Jean, date de la guerre 14 ou des soldats canadiens installés dans la région pour couper des sapins, ont construit une maison “Saint Jean” qui ressemble à un chalet de leur pays.
Il y a deux festivals par an. En juin, le festival lui-même et en septembre, la fête des fleurs, avec son feu d’artifice, le tout est public. Pour cet événement, Jean Prouvost fait toujours venir les équipes de Paris Match (son magazine) et attire les meilleurs artistes. Le chapiteau contient 4 à 5 000 places.
Les reportages montrent en juillet 1966, Jean Prouvost, dans une prairie, face à Guy Lux qui anime le jeu des vachettes.
En septembre 1968 les vedettes sont Marie Laforêt, Richard Antony. L’après-midi, on regarde le tournoi de catch. Jean Prouvost est au premier rang. Il suit les Jeux de Midi aussi, c’est un reportage Evelyne Pagès. Autour d’eux les gens du village regardent avec tendresse et un peu fascinés, le “Patron”, heureux et élégant comme d’habitude, abrité sous un parasol.
Les meilleurs artistes ou sportifs interviennent : les Harlem Globe Trotters en juin 1971, Thierry Le Luron, qui imite Jean Nohain, Adamo, Darry Cowl, Claude François, Johnny Halliday, comme le premier ministre Chaban Delmas. La chanteuse Séverine figure au programme (un grand prix de l’Eurovision un peu oublié), SIM est là aussi pour la fête des fleurs.
On ne se lasse pas de parcourir les éphémerides du Festival et ses autres têtes d’affiches : en juin 73, à Saint Jean, une photo de groupe rassemble Gérard Lenormand, Mireille Mathieu, Thierry Le Luron, Mike Brant. Le spectacle est réalisé par Gilbert Carpentier. Cette année-là : le bal du Moulin Rouge, les jeux de la case trésor RTL, le Rugby à XV et le Rugby à VII avec Walter et Claude Spanghero !
En 1973 aussi, les Frères Ennemis, Dalida, Julien Clerc, … en 1974, un baptême de l’air en Hélicoptère et des vedettes toujours : Yves Lecocq, Michel Sardou, Stone et Charden, Carlos, Fabrice …
En juin, 1975 les Blue Bell Girls du Lido. En juin 1976, Patrick Sébastien, Dave, Gilbert Bécaud, Les “Parisiennes”.
En 1977, c’est la fin des festivals, Jean Prouvost décède en novembre 78.

Jean Prouvost, patron de presse

Tous ceux qui l’ont approché ont été subjugués, Jacques Séguéla en témoigne :

 « Match » fut ainsi mon université en communication. L’amphithéâtre s’appelait  » bouclage « . C’étaient les deux heures fatidiques hebdomadaires où Jean Prouvost, en personne, changeait la face de son journal en scrutant celle du monde. … L’instant qui faisait l’actualité. Des quatre coins du monde, nous ramenions de quoi remplir plusieurs fois l’édition de la semaine. Nous étalions le tout sur la moquette de son bureau. Jean Prouvost allait d’un article à l’autre, l’acceptant ou le refusant, d’un revers de canne, avec une violence qu’il ne maîtrisait pas. Mon journal s’appelle Match, hurlait-il, parce que la presse est un combat et vous ne montrez que de la guimauve. La photo n’est pas une illustration. C’est une information. Foutez-moi tout ça à la poubelle! Mes lecteurs ont besoin de choc, pas de chic. »

Surprenant assemblage de grand bourgeois et de poulbot, il savait se mettre à l’écoute de ce qu’il appelait « le trottoir », cet homme et cette femme de la rue dont il percevait les désirs et les besoins. Ce crocodile avait une âme de midinette et la midinette une âme d’aventurier … » (1)

Sa personnalité marque à la fois le textile et la presse durant près de … 70 ans. Pourtant on parle de lui en oubliant que son activité a été aussi  remarquable avant la guerre, qu’elle ne le fut après la guerre, quand à 60 ans, il poursuivit sa nouvelle carrière pendant 30 ans encore.

Son rôle dans le textile est clairement celui d’un créateur ! Il n’a pas  » reçu  » ce que des ancêtres lui auraient légué. Il a lancé lui même ! Certes, au début,  il a bien imaginé de prendre une place d’associé et gérant dans le groupe Prouvost créé par les deux familles Prouvost et Lefebvre en 1850… surtout après avoir épousé Germaine Lefebvre, mais les Lefebvre se sont opposés à sa venue pour des raisons d’équilibre entre les des deux familles : « un Prouvost pour un Lefebvre ». Il va donc créer  avec un sens marketing éblouissant un secteur qui n’existait pas dans le groupe : le fil de laine à tricoter. Ce sera « la Lainière » sous la marque : Laines du Pingouin, vendues en franchise et qui vont devenir leader sur le marché. Il en confiera la gestion à son fils Jackie et à des grands collaborateurs de talent comme Marc Midol.

Son « come back » après la guerre est impressionnant. Il concerne cette fois son groupe de Presse. Sa période d’avant guerre a été déjà très fructueuse avec les créations que l’on connaît : Paris Soir, Marie Claire, Match… mais c’est avec un acharnement exceptionnel qu’il se remet au travail en 1947 (il a 64 ans ! ) après trois ans de clandestinité, pour reconstituer un nouvel empire : ce seront Paris Match, Marie Claire, Télé 7 Jours, Parents, … sans compter la reprise du Figaro, un défi de taille.

Contrairement à ces fins de règnes douloureuses, surtout dans le textile (Le groupe textile Prouvost SA a fermé en 1999), son groupe de presse a trouvé une relève dans les mains de ses petites-filles. Si le nom de Prouvost est encore connu en 2000, c’est bien grâce à la presse dirigée aujourd’hui par sa petite fille Evelyne du Groupe Marie Claire.

Les collaborateurs de Jean Prouvost dans leurs livres de souvenirs (Marcel Haedrich, Hervé Mille et surtout Philippe Boegner dans son passionnant « oui Patron »), son neveu Albert Prouvost (« toujours plus loin ») ou le Who’s Who du XXe ont largement évoqué son parcours et sa personnalité

Jean (Jehan) PROUVOST est né à Roubaix en 1885 et décédé et inhumé à Ivoy-le-Marron (Loir-et-Cher), en 1978. Il est le fils d’Albert Prouvost-Devemy. Il épouse donc en premières noces en 1905, à Roubaix (Nord), Germaine Lefebvre, petite fille d’Henri Lefebvre-Mathon. Il attendra d’être veuf en 1973 pour épouser en janvier 1974 à Paris, Elisabeth Danet qui l’a accompagné toute sa vie. De son premier mariage, il a un fils Jacques (1906-1960) père de ses cinq petites filles.

Coté textile il sera bien sur gérant de la Lainière de Roubaix mais aussi gérant du Peignage Amédée Prouvost et Cie, créé par son grand-père, puis PDG de la Lainière de Roubaix-Filatures Prouvost-Masurel, cogérant de Prouvost et Lefebvre. L’ensemble devenu Prouvost  S.A.

Il entame sa carrière de journaliste ou plutôt de patron de presse dès 1917, à la demande de Clemenceau et de Louis Loucheur (son compatriote et ministre). Il leur rend le service d’acheter un journal défaitiste, Le Pays, pour le seul motif de le saborder. En 1924, toujours conseillé par Louis Loucheur, il crée la Société française d’information et de publicité dans le but d’acquérir un journal financier, Paris-Midi, mais, cette fois-ci, c’est pour l’adapter à une nouvelle clientèle et le développer.

Dix ans plus tard, Paris-Midi est devenu le grand journal de la mi-journée. En 1930, il acquiert avec Ferdinand Beghin, le quotidien Paris-Soir. Il s’adresse au grand public en recrutant des écrivains et de grands journalistes (Pierre Lazareff, Hervé Mille, Paul Bringuier…) et développe l’usage de la photographie.

En neuf ans, de 1930 à 1939, Paris-Soir passe de 70 000 exemplaires à plus de trois millions et dans le même temps, l’édition hebdomadaire Paris-Soir-Dimanche tire à plus de 2,4 millions d’exemplaires. Puis il crée un grand magazine d’actualités, Match (précédemment hebdomadaire sportif qu’il a racheté, toujours à parts égales avec Ferdinand Beghin, au groupe l’Intransigeant) et un magazine féminin, Marie Claire.

En 1940, du 5 au 16 juin, il entre au gouvernement en tant que ministre de l’Information dans le cabinet Paul Reynaud, où siégeait aussi de Gaulle puis, favorable à l’armistice, il devient Haut-Commissaire à la propagande française du 19 juin au 10 juillet 1940, dans le cabinet du maréchal Pétain, dernier cabinet de la IIIe  République. Après le vote du 10 juillet 1940 donnant au maréchal les pleins pouvoirs, il démissionne et se replie à Lyon en zone sud jusqu’en 1943, créant l’hebdomadaire Sept Jours.

Mais les Allemands continuent de faire paraître le journal sous l’occupation. Après la Libération, il est poursuivi en tant qu’ancien ministre du maréchal Pétain et les Autorités lui refusent de reprendre le titre et les bureaux de Paris-Soir. En 1947, il bénéficie d’un non-lieu. Il a 62 ans et s’apprête à retrouver sa place dans la presse !

Le rebond date de 1949, il relance l’idée du Match d’avant la guerre avec un nouvel hebdomadaire de reportages et de photos en noir et en couleur, toujours avec les Béghin ; c’est Paris-Match.  Toujours avec eux en 1950, il prend une large participation dans le Figaro rachetée à Madame Cotnaréanu, ex-femme du parfumeur François Coty. Ils reprennent le solde en 1965.

Dès 1953, Il relance Marie Claire qu’il préside, puis, en collaboration avec Hachette, créée l’hebdomadaire de télévision Télé 7 jours. Dix ans plus tard, c’est la Maison de Marie Claire et en 1969, Parents. En 1966, Il  rachète avec le groupe Hachette une participation dans la compagnie luxembourgeoise de télédiffusion Télé-Luxembourg et en devient administrateur délégué.

En 1970 : il rachète à Ferdinand Béghin toute la participation qu’il détient dans le Figaro mais ne s’entend pas avec l’équipe de la rédaction. En 1975, supportant encore des charges financières trop importantes, il cède le contrôle du Figaro à Robert Hersant et, en 1976 vend à la Librairie Hachette la plupart des autres titres de son groupe, dont Paris-Match, Parents et Télé 7 Jours, toutefois il lègue à trois de ses petites-filles le mensuel Marie Claire.

Maire depuis 1951 d’Ivoy-le-Marron, dans le Loir-et-Cher, il y décède en 1978, à l’âge de quatre-vingt-treize ans. Durant les années 60 et 70, grâce à son entregent dans la presse, il fait venir à Ivoy-le-Marron, pour la fête de la commune, les artistes les plus connus de France et de Navarre, de Claude François à Johnny et Sylvie, de Bécaud à Mireille Mathieu sous la houlette de Gilbert et Maritie Carpentier. Ces années-là, le Festival dYvoy le Marron, village de moins de 500 habitants, étonne la France entière.

Coté textile, les difficultés vont commencer au début des années 1970. « La Lainière » gère 25 sociétés telles que Pingouin, Stemm, Rodier et Korrigan, Prouvost-Masurel, les tissages Lepoutre. Elle se transforme en holding en 1973 (groupe V.E.V.) ; elle représente alors 2,4 milliards de chiffre d’affaires. Mais le secteur du fil à tricoter entre en crise et l’expansion du groupe à l’étranger (Espagne, Tunisie, Hong-Kong, Porto-Rico) se révèle onéreuse. En 1977, « La Lainière » annonce 200 licenciements. Malgré une restructuration (fermeture du site de Tourcoing et rapatriement de toute la production à Roubaix), l’entreprise reste en difficulté.

La suite de la Lainière tourne ensuite au drame : en 1980 Christian Derveloy, directeur de « La Lainière », obtient la fusion des sociétés Amédée Prouvost, Prouvost-Lefebvre et la S.A.I.T sous la raison sociale Prouvost S.A. Ce groupe éclate en 1986 en deux sociétés distinctes. Le secteur vêtements (Rodier, Vitos,  Stemm…) constitue la société « Intexal ». « La Lainière » ne conserve plus que la branche filature (fils à tricoter Pingouin, Welcomme, Pernelle, industriel de bonneterie et tissage; filiale Christory). Elle représente encore 1,5 milliards de chiffre d’affaires.

Ce chiffre s’effondre au cours des années 1980. Malgré des tentatives de redressement, les ventes de laine à tricoter, qui représentent 40 % du chiffre d’affaires, diminuent de moitié en 1988-1989. Les effectifs se  réduisent au rythme des cessions et des fermetures de sites : 3000 ouvriers en 1988, 2000 en 1989 puis après un nouveau licenciement de plus de 750 personnes, un plan industriel est mis en place. Sont privilégiés le réseau Pingouin (laine et pulls), avec moins de points de vente; le fil industriel, avec une forte réduction de production.

Mais ce plan ne suffit pas à redresser la situation. En 1991, « La Lainière » doit encore licencier 200 salariés. En juillet 1991, Pierre Barberis, nouveau P.-D.G. de Prouvost S.A., décide de spécialiser ses entreprises dans la confection. « La Lainière » (sans la marque Pingouin, qui a été filialisée) est désormais en sursis au sein du groupe. Les effectifs passent à moins de 1000 employés entre 1991 et 1993. Cette situation aboutit à la vente de « La Lainière » en juin 1993 : elle est rachetée par la filature de l’Espierre, société belge dont le directeur, Filip Verbeke, se spécialise dans le rachat d’entreprises en difficulté dans le Nord de la France.

En décembre 1999, La Lainière de Roubaix et ses derniers 208 salariés, rendent les armes  comme l’exprime Yves Durand de façon très poétique dans la Voix du Nord : « Le monument érigé par Jean Prouvost en 1912 vivra ses dernières heures dans la sérénité, embrassant furtivement un millénaire que plus personne n’osait lui promettre.  Quelques mois plus tôt, le Peignage Amédée Prouvost et ses 130 salariés avait déjà fermé ses portes. C’est la fin d’une grande affaire industrielle et humaine. »

A ce moment, en 2000, les magazines du Groupe Marie Claire qui se sont développés à l’International sous la direction d’Evelyne Prouvost-Berry, sont déclinés en 52 éditions à travers le monde, dans 34 pays, sur 5 continents et en 18 langues …

(1) Jacques Séguéla « autobiographie non autorisée » 2009

Pierre Wibaux, le cow-boy d’amérique

Pierre Wibaux, après avoir achevé son service militaire au 14ème dragon fait un long séjour en Angleterre dans le but de se préparer à entrer au sein de l’entreprise familiale. Mais, dans ce pays, il rencontre des explorateurs qui lui parlent des charmes de la vie d’éleveur aux Amériques.

Au printemps de l’année 1883, au lieu d’entrer dans la fabrique, il décide de partir au Canada avec 50 000 francs et va s’installer sur les bords de la rivière des Castors sur le territoire du Montana. Après avoir pris possession du sol, il part acheter son premier troupeau.
L’année suivante, en 1884, il revient en Europe, se marie avec Mile Nelly Cooper et se procure des capitaux afin de développer son élevage. A son retour dans le Montana, il commence la construction d’une maison et, pendant qu’il l’achève, il se réfugie avec sa jeune femme dans une cabane faite de troncs d’arbres où ils vivent un an.
C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Théodore Roosevelt qui deviendra Président des Etats-Unis de 1901 à 1908. Celui-ci possède aussi un « range » et vit sur la prairie qu’il parcourt avec Pierre Wibaux. En 1886, Pierre Wibaux bâtit à l’endroit où il s’est fixé la première fois une maison coquette et confortable. Son exemple est suivi et bientôt de nombreux cottages s’élèvent. Une ville nait, à laquelle les habitants donnent le nom de « Wibaux ».
A partir de 1890, il établit son installation principale : un « range » immense dans les états du Montana et du Dakota. Dans ces vastes prairies, il possède jusqu’à plus de 50 000 têtes de bétail. En plus de son activité d’éleveur, Pierre Wibaux occupe également la fonction de Président de la Banque Nationale de Miles-City dans le Montana. Il fonde aussi à Forsythe une nouvelle banque nationale dont il est également président. A ce titre, il sera certainement le seul Français qui ait droit de signer des billets de banque aux Etats-Unis.
Il est encore président d’une société qui exploite une mine d’or située dans les montagnes noires du Sud Dakota. Cette compagnie est appelée la « Clover Leaf Gold Mining Company ». Les actionnaires, par reconnaissance envers Pierre Wibaux, donnent à la ville qui se crée autour de la mine le nom de « Roubaix ».
Bien que très sollicité par ses nombreux amis, Pierre Wibaux refuse toujours de prendre la nationalité américaine. Il demeure fidèle à la ville de ses ancêtres et s’inquiète du bien être de ses habitants. En effet, il figure parmi les premiers souscripteurs de l’hôpital de la Fraternité et, en 1903, il écrit à l’administration municipale de Roubaix en promettant une somme de 25 000 francs pour : « établir des fermes modèles dont le lait pourrait être distribué dans les meilleures conditions aux familles nécessiteuses ».
Car, à cette époque, plus d’un nouveau-né sur cinq meurt avant l’âge d’un an. Cela est du, en grande partie, aux mauvaises conditions d’hygiène de l’alimentation. Les biberons ne sont pas bouillis, quelquefois rincés et remplis d’un lait douteux. Afin de lutter contre cet état de fait, un comité roubaisien de protection de l’enfance s’est créé en 1897. Le don de Pierre Wibaux permet de développer l’action de ce comité qui crée alors l’oeuvre de la « Goutte de lait ». Cette oeuvre a pour but de promouvoir l’allaitement maternel et fournit aussi aux mères qui ne peuvent allaiter un lait sain et contrôlé.
Pierre Wibaux est nommé président d’honneur de l’oeuvre, qui est ouverte au n°12 de la rue de Lille, le 1er février 1904.
Quelques mois auparavant, Pierre Wibaux avait été nommé Chevalier de la Légion d’Honneur. Il meurt le 21 Mars 1913, à Chicago, des suites d’une intervention chirurgicale. Un mois auparavant, pressentant peut-être une issue fatale, il avait écrit : « C’est à Roubaix que je compte les affections les plus sûres et mon coeur, malgré toutes mes pérégrinations, est encore associé au pays natal ». Ensuite sa famille rentrera en France et se fixera à Paris. De son union avec Nelly Cooper est né un fils : Cyril Wibaux.
(NB de mai 2019 / Un autre article, plus développé, a été publié sur le même sujet par Samuel Facq en mars 2016 dans le numéro 20 de Gens et Pierres de Roubaix)