Sommaire n°1 Janvier 2006

Éditorial : Pourquoi un magazine d’Histoire de Roubaix par Bernard Schaeffer page 5

La Société d’Emulation de Roubaix par Bernard Schaeffer page 7

Le Panthéon Roubaisien : Albert Bouvy et Henri Selosse par les Veilleurs de la SER page 9

Roubaix l’immigrée : Patakoko, Pitche Flamin et le Roi Makoko par Alain Guillemin page 10-11

Historique de l’hôpital Napoléon par le Docteur Xavier Lepoutre pages 12-13

Mais qui sont donc les spectateurs du combat de coqs de Rémy COGGHE ? Par Dominique Vallin-Piteux pages 14-15

Thème une ferme, un quartier : pages 17 à 28

(par Francine Declercq, Bernard Schaeffer, Laurence Mourette, Xavier Lepoutre, Assia Messaoudi, Philippe Rammaert))

Le Tilleul et Courcelles, Le Petit Beaumont, Le Fontenoy, La Grand Vigne, La Bourde, Barbieux Les Huchons, Le Quartier du Trichon, Les Trois Ponts, le Nouveau Roubaix

Association des Compagnons de l’église Saint Joseph de Roubaix par Laurence Mourette page 29

La visite de Jules Verne à Roubaix par Philippe Waret pages 30-31

Gustave Nadaud, notre chansonnier poète par Jean Jessus pages 32-33

Nos cafés guérisseurs par Bernard Schaeffer pages 34-35

Chronique littéraire :

les territoires de la laine de Jean Claude Daumas, 16 rue d’Avelghem de Xavier Houssin, par Bernard Leman pages 36-37

Les armoiries de Roubaix par Thierry Delattre pages 38-39-40

Pasteurs protestants de Roubaix

Temple de la rue des Arts coll Méd Rx

Liste des pasteurs de la paroisse réformée

1880 : MM Victor Lebrat et Smith, MM. Faulkner, pour le culte anglican, et Haeckstein, pour le culte hollandais.

1885 : MM. Victor Lebrat, Eugène De Faye, auxiliaire, Marc Lafon, suffragant, Wauters, pour le culte hollandais.

1889 : MM. Victor Lebrat, Eugène De Faye, Julien Martin, suffragant.

1892 : M. Ernest Monod, remplace M . Victor Lebrat , démissionnaire en cours d’année, lequel a été nommé pasteur honoraire. M. Julien Martin, pasteur auxiliaire, remplace M. de Faye, démissionnaire.

Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, Van Hooland, Verhaegen et Adolphe Couvreur sont chargés, le premier comme évangéliste, les autres comme membres du Conseil d’Eglise, de la direction de cette oeuvre.

1893 : MM. Ernest Monod, Paul Perrelet, auxiliaire. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, Van Hooland, Verhaegen et Adolphe Couvreur sont chargés, le premier comme évangéliste, les autres comme membres du Conseil d’Eglise, de la direction de cette oeuvre.

1895 : MM. Ernest Monod, Paul Perrelet, auxiliaire. M. Monod a été remplacé le 26 Juillet 1896 par M. le pasteur Elie Gounelle, installé par M. Ollier, Président du Consistoire de Lille. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1899 : M. Elie Gounelle, M. Henry Babert auxiliaire.

1902 : M. Elie Gounelle, M. Jacques Krug auxiliaire. Un pasteur auxiliaire est désigné pour Tourcoing et Wattrelos : M. Albert Segond. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1903 : M. Elie Gounelle, M. Robert Lorriaux auxiliaire. Pasteur auxiliaire pour Tourcoing et Wattrelos, M Albert Segond.

1906 : M. Elie Gounelle, Pasteur titulaire, et M. Freddy Durrlemann, pasteur auxiliaire. Pasteur pour Tourcoing et Wattrelos : M. Albert Segond. Pour le culte flamand qui se célèbre dans le temple de la Rue de la Redoute, MM. Beekman, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1907 : M. Elie Gounelle, Pasteur titulaire, et M. Freddy Durrlemann, pasteur auxiliaire. A partir du 15 Novembre 1907, M. le Pasteur Gounelle, démissionnaire, est remplacé comme pasteur titulaire par M. Durrlemann.

1913 : M. Emile Paradon, pasteur titulaire, M. Jean Morel pasteur auxiliaire. Pour le culte flamand, MM. Beekman, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et G. Vanoest en sont chargés.

1921 : M. Jean Durand pasteur titulaire, M. Robert Ferret auxiliaire.

1932 : M. Daniel Cheradame, pasteur titulaire et M. P. Blondelle auxiliaire.

1937 : M. Daniel Cheradame, pasteur titulaire et M. P. Pasche auxiliaire.

Jean-Baptiste Henri Reboux, lithographe

JEAN BAPTISTE HENRI JOSEPH REBOUX

DEUXIEME DU NOM

LITHOGRAPHE A ROUBAIX

L’art de la lithographie, c’est la reproduction par impression d’un dessin, d’un texte écrit ou tracé sur une pierre calcaire de grain très fin. Préparé avec un crayon gras, le dessin est fixé avec une préparation de gomme acidulée. La pierre était mouillée avant chaque tirage ; lors de l’encrage au rouleau, le dessin retenait l’encre grasse par affinité, tandis que les parties non dessinées refusaient l’encre. L’impression se faisait au moyen d’une presse à râteau sur papier humide.

Jean Baptiste Henri Joseph Reboux, premier du nom, s’éteint le 27 juin 1843 à Lille, et Jean (le Baptiste est très vite abandonné, sans doute pour éviter la confusion avec son père) s’associera un temps pour reprendre l’affaire paternelle avec son frère Edouard, lequel fondera en 1848 avec les frères Bernard (Kolb et Henri) le journal La Liberté, qui deviendra La Vérité, puis le Mémorial de Lille.

Mais c’est à Roubaix que Jean Reboux a son avenir. D’abord installé rue St Georges, il reprend ensuite au n°7 rue du vieil abreuvoir, la succession du libraire Burlinchon, qui possédait une belle clientèle commerciale.* Puis en 1846, Jean Reboux obtient le brevet de son beau frère Charles Hennion, démissionnaire. Le voici donc imprimeur lithographe et libraire… Cela fait de lui le second imprimeur de Roubaix, après Madame Veuve Béghin.

 

Jean Reboux, passeur d’hommes

Le coup d’état du 2 décembre 1851 amène le rétablissement de l’Empire, ce qui entraîne l’exil d’un grand nombre des membres des comités républicains, parmi lesquels Victor Hugo. Toutes les stations frontières sont étroitement surveillées par la police qui dispose de nombreux signalements et exige des passeports. On sait à Paris les opinions indépendantes de la famille Reboux et il est fait appel au dévouement du fils des vieux légitimistes lillois.

Il est alors convenu que les citoyens à qui on veut faire gagner la Belgique, viendront de Paris à Douai par le chemin de fer, qu’ils iront jusqu’à Roubaix à pied, et que munis d’une feuille portant un signe convenu, ils se présenteront chez Monsieur Jean Reboux, qui les guidera jusqu’au delà de la frontière. A la fin de décembre 1851, et pendant les premiers mois de 1852, presque chaque soir, des suspects se présenteront munis du signe convenu, et le royaliste quittait sa maison, ses affaires, et risquait sa liberté et son avenir pour sauver de Cayenne ou de Lambessa ces républicains, ces socialistes qui sont reçus et hébergés à Mouscron, chez sa mère, Madame Veuve Reboux Leroy, chez la femme de celui dont les « libéraux » en 1832 ont pillé la maison et exilé le fils, et de là gagnent Bruxelles et l’Angleterre. La police impériale finit par se douter de quelque chose. Jean Reboux est surveillé de près et pendant toute la durée du régime, il est lui aussi un suspect. ***

Jean Reboux, le journaliste

La profession d’imprimeur est très surveillée, à tel point qu’à l’obtention de leur brevet, ils devaient prêter serment. C’est dans ce climat que pendant dix ans, Jean Reboux sollicitera l’autorisation de publier un journal d’expression politique. Après un refus suite à sa demande du 20 juillet 1854, il est autorisé en Mars 1856 à faire paraître une feuille littéraire et d’annonces, Le Journal de Roubaix. C’est donc au n°20 de la rue Neuve **** que vint au monde ce journal, qui n’était à l’époque qu’une feuille modeste imprimée très claire paraissant deux fois la semaine, le mercredi et le samedi. Il avait un tirage de trois cents exemplaires et l’abonnement annuel coûtait 25 francs, y compris le timbre de 0,03 centimes dont chaque journal était taxé par l’Etat.

Le contenu reflète la prudence de son propriétaire : le journal contient une partie officielle, avec les nominations dans la magistrature, ou aux diverses fonctions de l’Etat ; il y a une chronique locale assez sommaire et non typiquement roubaisienne, un feuilleton, la correspondance particulière constituée d’échanges d’informations très administratives. On peut y trouver également des faits divers d’un peu partout, extraits d’autres journaux (Courrier de l’Isère, Messager du Midi, Pilote du Calvados, Moniteur Algérien…), des petites annonces et de la publicité.

Ce n’est qu’en 1861 que Jean Reboux obtient l’autorisation de publier un journal d’expression politique, grâce à d’anciennes amitiés de son frère Charles, dont le Ministre de l’Intérieur, Monsieur de Persigny. Le cautionnement s’élevait à 7500 francs qui seront versés le 29 février 1863. Jean Reboux restera cependant indépendant durant toute la période impériale. Grand ami de Monsieur Delfosse-Motte alors Président de la Chambre de Commerce de Roubaix, il sera avec lui un grand défenseur de la fabrique roubaisienne. Profondément attaché à la foi catholique, il se dévoua lors de l’épidémie de choléra de 1866.  Il prend sa retraite en 1872 et se retire à Mons en Baroeul où il décèdera en juillet 1894.

 

* Gaspard Burlinchon, originaire de Rochetaille (Loire) a obtenu son brevet d’imprimeur lithographe le 25 juillet 1841, et celui de libraire le 12 février 184

** Hippolyte Béghin publie à partir de 1829 la Feuille de Roubaix, affiches, annonces et avis divers. Ce pharmacien avait sollicité un brevet de libraire, qu’il obtiendra par sa femme née Hyacinthe Deffrenne.

*** D’après le journal de Roubaix du 13 juillet 1894.

**** Numérotation de l’époque. Les n°17 et 19 seront évoqués un peu plus tard, sans doute à l’occasion d’un changement de numérotation de la rue…

Jean-Baptiste Reboux-Leroy, journaliste d’opposition

Né à Lille le 1er février 1780, Jean Baptiste Reboux Leroy était marchand sur la place de Lille avant d’entrer dans le monde du journalisme. En 1819, l’adoption des trois lois de Serre sur la presse montre la volonté du régime de Louis XVIII de libéraliser la société. La censure et l’autorisation préalable sont supprimées et cette mesure permet la multiplication des journaux d’opinion. En 1820, Reboux Leroy devient propriétaire du Journal du Département du Nord fondé par l’imprimeur Marlier le 28 décembre 1811. « Son journal servit avec indépendance le gouvernement de la Restauration, mais il fut de ceux qui déplorèrent la politique des ordonnances ». (1)

Les tentatives de libéralisme ont bientôt laissé la place aux ultras et aux absolutistes, en la personne de Charles X qui succède en 1824 à son défunt frère Louis XVIII. Parmi les quatre ordonnances du 25 juillet 1830 qu’évoque la citation, et qui conduiront à l’insurrection des Trois Glorieuses, la première suspendait la liberté de la presse et rétablissait censure et autorisation préalable.

Après 1830, le Journal du Département du Nord devient la Boussole et reste légitimiste, malgré l’arrivée au pouvoir de Louis Philippe. Après avoir vu ses locaux pillés et incendiés lors des émeutes de 1832, le journal subira les poursuites des tribunaux de Louis Philippe, occupés à réprimer le mouvement légitimiste. A cette époque, Charles Reboux, fils de Reboux Leroy, est le rédacteur en chef de la Boussole, et il doit s’exiler en Belgique pour éviter la prison. Il se réfugie à Bruxelles et ne rentrera en France qu’à la fin du règne de Louis Philippe.

Reboux Leroy suspend alors la publication de son journal, et engage Jean Baptiste, son plus jeune fils, à s’adonner à l’art de la lithographie, dont le développement commençait en France. Ce dernier à peine âgé de seize ans, se perfectionnera donc dans l’art lithographique en Belgique, en Hollande, et en Allemagne, et deviendra un graveur et un dessinateur de talent. Il vient s’installer en 1835 à Roubaix où l’un de ses beaux frères, Charles Hennion (2), a ouvert le premier atelier de lithographie de la ville. Lui même, alors clerc de notaire, sollicite un brevet d’imprimeur lithographe le 5 mai 1835.

(1)   d’après le Journal de Roubaix le 13 juillet 1894

(2)   Charles Hennion est l’époux de Mathilde Henriette Marie Reboux, fille de Jean Baptiste Henri Joseph Reboux imprimeur libraire à Lille. Marchand papetier, il a obtenu son brevet d’imprimeur lithographe le 18 août 1836.

la famille Reboux

 

La famille Reboux participe de la légende de Roubaix…Ils ont été les acteurs et les observateurs privilégiés de la vie roubaisienne pendant près d’un siècle, à une époque où Roubaix vivait son apogée. Rien n’échappe à leurs témoignages : aspects culturels, économiques, industriels, politiques et sociaux sont l’objet de leur attention. Ils nous ont ainsi légué une encyclopédie vivante de Roubaix : le Journal de Roubaix.

Initialement imprimeurs, libraires et lithographes, les Reboux vont s’adonner au journalisme, car il s’agit d’une relation passionnelle à ce métier en pleine mutation pendant le XIXe siècle. Les petites feuilles d’annonces, les moniteurs d’autrefois vont devenir des quotidiens d’information s’adressant à un plus grand nombre de lecteurs. La famille Reboux participe à cette transformation de la presse, et contribue à lui donner au delà de notre ville ses lettres de noblesse.

A ce titre, et parce qu’ils nous permettent encore de nous replonger dans la mémoire de Roubaix, ils sont dignes d’entrer dans la légende roubaisienne, aux côtés d’autres figures roubaisiennes comme Henri Carrette, Emile Moreau, Alfred et Eugène Motte…

Nous ne saurions terminer sans lancer à nouveau un appel à la préservation du patrimoine journalistique (quotidiens, hebdomadaires, suppléments de toute époque) dont Bernard Grelle, Directeur de la Médiathèque de Roubaix, fut l’initiateur. Puisse cet article contribuer à la réalisation d’un tel objectif.

1 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Marchand, imprimeur, rédacteur, directeur de journal

° Lille ½/1780

+Lille 27/6/1843

x Charlotte Aimée Marie LEROY

dite rentière en 1844

**************************************************************

11 Charles REBOUX

Journaliste

12 Edouard REBOUX

Journaliste
13 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Imprimeur, lithographe, libraire, Directeur fondateur du Journal de Roubaix

°Lille 18/12/1816

+Mons en Baroeul

x Lille 1/7/1844
Coélina Virginie CARREZ

°St Guislain (B) 4/7/1827

+Roubaix 14/3/1851

x²Lucie Delphine Joseph DEMARCQ

°Roubaix 28/9/1813

+Roubaix 20/6/1904

**************************************************************

131 Caroline REBOUX

Modiste

x

Ernest AMILLET

Négociant
132 Alfred Edouard Jean REBOUX

Journaliste, chevalier de l’Ordre de St Grégoire le Grand

°Lille 13/3/1848 +Roubaix 10/4/1908

xRoubaix 8/1/1872
aZoélie Marie Julie BONNAVE

°Roubaix 3/6/1849 +Roubaix 21/7/1889

x²Roubaix 16/10/1890
bAnne Marie HOTTIAUX

Professeur de français, conférencière et journaliste

°Mesnil St Martin (B) 13/2/1861 +Roubaix21/12/1934

**************************************************************

1311 Paul AMILLET  dit REBOUX

Ecrivain, journaliste, historien, critique

Commandeur de la Légion d’Honneur

°Paris 21/5/1877

+Nice 1963

**************************************************************

132a1 Ne…(P.S.V.)

°+Roubaix 13/11/1872

132a2 Marie Thérèse Célina Zoélie Elisa REBOUX

°Roubaix 29/1/1873

+Marcq en Baroeul 31/7/1948

xRoubaix 20/4/1895

DELEBAERE Anthime Louis François

132a3 Célina Rosalie Julie REBOUX

°Roubaix 15/12/1874

+Grasse 5/8/1950

132a4 Alfred Victor Jean Bénoni REBOUX

Journaliste, publiciste

°Roubaix 11/5/1877

+1922 de maladie

xRoubaix 21/10/1901

Marie Sophie Proserpine Adèle DE GANDT

132a5 Paul Victor Marie Joseph REBOUX

°Roubaix 25/8/1878

+Lille 31/3/1923

xLille 2/5/1903

Laure Marie Louise Joseph PECQUEUR

132a6 Jeanne Louise REBOUX

°Roubaix 25/8/1879

+Lille 11/11/1956

xRoubaix 10/11/1903

Paul Charles Eugène DRILLON

Avocat

132a7 Ne…(P.S.V.) °+Roubaix 2/6/1881

132a8 Ne…(P.S.V.) °+Roubaix 1/1/1883

132a9 Pierre Lucien Jean Albert REBOUX

°Roubaix 22/6/1885

+mort pour la France

132b1 Anne Marie Célina Louise REBOUX

°Roubaix 18/11/1897 +Roubaix 18/9/1916

132b2 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Journaliste

°Roubaix 21/5/1901

+Tunis 3/1/1928

1 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Marchand, imprimeur, rédacteur, directeur de journal

° Lille ½/1780

+Lille 27/6/1843

x Charlotte Aimée Marie LEROY

dite rentière en 1844

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11 Charles REBOUX

Journaliste

12 Edouard REBOUX

Journaliste
13 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Imprimeur, lithographe, libraire, Directeur fondateur du Journal de Roubaix

°Lille 18/12/1816

+Mons en Baroeul

x Lille 1/7/1844
Coélina Virginie CARREZ

°St Guislain (B) 4/7/1827

+Roubaix 14/3/1851

x²Lucie Delphine Joseph DEMARCQ

°Roubaix 28/9/1813

+Roubaix 20/6/1904

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131 Caroline REBOUX

Modiste

x

Ernest AMILLET

Négociant
132 Alfred Edouard Jean REBOUX

Journaliste, chevalier de l’Ordre de St Grégoire le Grand

°Lille 13/3/1848 +Roubaix 10/4/1908

xRoubaix 8/1/1872
aZoélie Marie Julie BONNAVE

°Roubaix 3/6/1849 +Roubaix 21/7/1889

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bAnne Marie HOTTIAUX

Professeur de français, conférencière et journaliste

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1311 Paul AMILLET  dit REBOUX

Ecrivain, journaliste, historien, critique

Commandeur de la Légion d’Honneur

°Paris 21/5/1877

+Nice 1963

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132a1 Ne…(P.S.V.)

°+Roubaix 13/11/1872

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DELEBAERE Anthime Louis François

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xRoubaix 21/10/1901

Marie Sophie Proserpine Adèle DE GANDT

132a5 Paul Victor Marie Joseph REBOUX

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+Lille 31/3/1923

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+Lille 11/11/1956

xRoubaix 10/11/1903

Paul Charles Eugène DRILLON

Avocat

132a7 Ne…(P.S.V.) °+Roubaix 2/6/1881

132a8 Ne…(P.S.V.) °+Roubaix 1/1/1883

132a9 Pierre Lucien Jean Albert REBOUX

°Roubaix 22/6/1885

+mort pour la France

132b1 Anne Marie Célina Louise REBOUX

°Roubaix 18/11/1897 +Roubaix 18/9/1916

132b2 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Journaliste

°Roubaix 21/5/1901

+Tunis 3/1/1928

1 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Marchand, imprimeur, rédacteur, directeur de journal

° Lille ½/1780

+Lille 27/6/1843

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11 Charles REBOUX

Journaliste

12 Edouard REBOUX

Journaliste
13 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

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132 Alfred Edouard Jean REBOUX

Journaliste, chevalier de l’Ordre de St Grégoire le Grand

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Marie Sophie Proserpine Adèle DE GANDT

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11 Charles REBOUX

Journaliste

12 Edouard REBOUX

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131 Caroline REBOUX

Modiste

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132 Alfred Edouard Jean REBOUX

Journaliste, chevalier de l’Ordre de St Grégoire le Grand

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xRoubaix 8/1/1872
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x²Roubaix 16/10/1890
bAnne Marie HOTTIAUX

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1311 Paul AMILLET  dit REBOUX

Ecrivain, journaliste, historien, critique

Commandeur de la Légion d’Honneur

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132a1 Ne…(P.S.V.)

°+Roubaix 13/11/1872

132a2 Marie Thérèse Célina Zoélie Elisa REBOUX

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DELEBAERE Anthime Louis François

132a3 Célina Rosalie Julie REBOUX

°Roubaix 15/12/1874

+Grasse 5/8/1950

132a4 Alfred Victor Jean Bénoni REBOUX

Journaliste, publiciste

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+1922 de maladie

xRoubaix 21/10/1901

Marie Sophie Proserpine Adèle DE GANDT

132a5 Paul Victor Marie Joseph REBOUX

°Roubaix 25/8/1878

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Laure Marie Louise Joseph PECQUEUR

132a6 Jeanne Louise REBOUX

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Paul Charles Eugène DRILLON

Avocat

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132a9 Pierre Lucien Jean Albert REBOUX

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+mort pour la France

132b1 Anne Marie Célina Louise REBOUX

°Roubaix 18/11/1897 +Roubaix 18/9/1916

132b2 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Journaliste

°Roubaix 21/5/1901

+Tunis 3/1/1928

v

1 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Alfred Reboux et le Journal de Roubaix

LE SUCCESSEUR

Alfred Reboux est né à Lille le 13 Mars 1848, et son destin est très vite lié à celui du Journal de Roubaix. L’anecdote veut qu’il ait été associé très jeune au lancement du Journal à sa création, le 18 juin 1856 [1]: le premier journal fut tiré par Alfred Reboux, alors qu’il n’avait que huit ans. Lorsque tout fut prêt, au moment décisif, on amena l’enfant à l’atelier, un ouvrier le prit dans ses bras, et lui fit tirer le levier, après quoi, il retira lui même la feuille imprimée et la remit à son père.

Le Journal de Roubaix a multiplié ses éditions et paraît désormais quotidiennement depuis 1869. Les bureaux et le matériel ont été transportés au n°1 de la rue Nain. Alfred Reboux écrit son premier article dans le Journal de Roubaix à l’âge de 18 ans. Lorsqu’il succède à son père, il a 24 ans et c’est lui qui va progressivement transformer la modeste imprimerie paternelle, en une entreprise industrielle.

Alfred Reboux, patron de presse

Alfred Reboux fonde à Lille le journal La Dépêche (1879) et  le Nouvelliste du Nord Pas de Calais (1882). Il fusionne dans ces journaux l’ancien Mémorial de Lille, et l’ancien Propagateur, dont il s’était rendu propriétaire. Puis ces journaux passeront à une société lilloise en 1886. Il est propriétaire directeur du Journal de Roubaix, mais également du Courrier de Tourcoing et de la Gazette d’Armentières. Sa seconde femme qui lui succédera évoque ses projets et ses réalisations dans une conférence [2]: il avait rêvé de doter notre région d’organes destinés à défendre les idées de liberté et d’égalité qui étaient les siennes.(…) C’est chez lui que s’initient des fondateurs de journaux comme l’abbé Trochu, directeur de l’Ouest Eclair. Il conçoit une vaste Agence de Presse réalisée après lui…

La profession lui rendra hommage en faisant de lui le Président d’Honneur de l’Association professionnelle des journalistes du Nord, lors de la création de cet organisme. Alfred Reboux a donc passé la vitesse supérieure : le publiciste se fait journaliste, voire reporter. Le directeur de journal devient un patron de presse.

Esprit pratique et éclairé, il avait compris l’importance de la grande presse populaire à bon marché, et le premier en France, il fit paraître son journal à six et à huit pages, ne reculant pour lui devant aucun sacrifice [3].

Le formidable développement du Journal de Roubaix s’appuie sur des éléments bien précis : la modernisation de ses équipements, un grand réseau de distribution, une bonne agence de presse, une conception forte des devoirs du journaliste, et une forte imprégnation de la vie publique et politique. A ce dernier point, Alfred Reboux consacra huit ans de sa vie.

Alfred Reboux en politique

La politique l’accapare bientôt : il se présente comme catholique, libéral et démocrate. Il est candidat au Conseil d’Arrondissement en 1880, et il échoue de peu. A l’occasion des élections complémentaires des 16 et 23 Avril 1882, il est élu avec un frère des Ecoles Chrétiennes, et il entre au Conseil Municipal sous la mandature de Léon Allart. La majorité est aux républicains radicaux, et l’heure est aux grandes lois laïques. Ses joutes oratoires avec Emile Moreau resteront célèbres et dépasseront largement cette époque. L’hommage d’Alfred Reboux à son vieil adversaire en 1889 montre assez le caractère du directeur du Journal de Roubaix :

« Si les partis politiques avaient le sentiment de la reconnaissance, il y a dix ans que Monsieur Emile Moreau serait député de Roubaix ».

En 1884, il est réélu, cette fois-ci dans un Conseil Municipal majoritairement conservateur, sous la mandature de Julien Lagache. Il est omniprésent et participe à un grand nombre de commissions, sans toutefois cesser de s’occuper de son journal, pour lequel il est au cœur des débats, et par lequel il influe parfois sur ces mêmes débats. Le journaliste n’a pas longtemps hésité à utiliser les informations de première main que lui fournissait l’homme politique. Les élections générales des 6 et 13 mai 1888 voient la fin de sa carrière politique, mais il poursuit le débat en se consacrant désormais à la direction de son journal.

[1] Anecdote rapportée par l’Echo du Nord cité par le Journal de Roubaix du 13 Avril 1908.

[2] Conférence donnée par Madame Reboux Hottiaux à l’école de journalisme de l’Université Catholique en mars 1930

[3] Extrait de l’éditorial de la Rédaction du Journal de Roubaix du 12 avril 1908.

Edouard Duquenne et les sociétés mutuelles

A 25 ans, en 1890, il entre dans une Société de Secours Mutuels. A ce moment, Edouard Duquenne, qui avait connu une enfance et une adolescence laborieuses et avait été le témoin des misères qu’entraînent la maladie, le décès prématuré, le chômage, prend conscience du rôle essentiel des Secours Mutuels. Dorénavant il n’aura de cesse de promouvoir ce mode de secours. En 1894, il fonde avec un petit nombre d’amis, qui deviendront ses collaborateurs, la Société de retraite des «Prévoyants de l’Industrie et du Commerce Roubaisiens».
 
Le 23 septembre 1896, il épouse à Roubaix, Clémence, Coralie Krabansky, sœur de l’artiste peintre roubaisien Gustave Krabansky, qui lui donnera huit enfants. Edouard Duquenne est à l’initiative de la création d’un grand nombre de Sociétés mutuelles à Roubaix : plus de soixante-cinq en 1913. Parmi celles-ci, on peut citer : La Mutualité Maternelle Roubaisienne, La Mutuelle Nadaud, La Société de Secours Mutuels Saint Joseph, La Société « L’Employé »…
 
Son action ne se limite pas à Roubaix, par plus de 600 conférences, de déplacements, de consultations, d’articles, il fait éclore de nombreuses Sociétés Mutuelles dans la région mais aussi dans la France entière et même à l’étranger. Son action le fait nommer à des postes importants de la Mutualité, il devient Président de l’Union Départementale des Sociétés de Secours Mutuels du Nord, vice-président de la Fédération Nationale de la Mutualité Française, membre du Conseil Supérieur de la Mutualité…
 
Son dévouement lui vaut aussi de se voir décerner un certain nombre de distinctions : en 1904, il reçoit la médaille d’Or de la Mutualité, en 1920, il est élevé au grade de chevalier puis en 1924, d’officier de la Légion d’honneur.
 
L’Union : La plus grande boulangerie de France
 
Sur le plan professionnel, tout en se dévouant pour les autres, son travail le hisse au rang d’industriel : il devient président-directeur de la coopérative « L’Union », la plus grande boulangerie de France dont il fait, au point de vue social, un établissement modèle. Il est également directeur propriétaire du journal « Nord Mutualiste ».
Edouard Duquenne décède le 23 septembre 1927 à son domicile, 478 rue de Lannoy à Roubaix, à l’âge de 62 ans. Ses funérailles ont lieu en l’église provisoire Saint Michel, avenue Linné, en présence d’une foule considérable.
Les coins du poêle sont tenus entre autres par MM. Duvivier, commissaire général de l’Union Départementale des Sociétés de Secours du Nord, Eugène Motte, ancien Député Maire de Roubaix, Joseph Wibaux, Président de la Mutualité Maternelle, Eugène Ernoult, Administrateur de l’Union… Dans l’assistance, on remarque MM. Gustave Dron, Sénateur Maire de Tourcoing, Georges Petit, Maire de Lambersart et Président de la Fédération Nationale de la Mutualité Française.
Dès le lendemain du décès d’Edouard Duquenne, le Journal de Roubaix, avec l’accord des instances de la Mutualité Française, lance une souscription pour l’érection d’un buste à sa mémoire. Cette souscription recueille en quelques jours plus de 16.000 francs. Ce buste, œuvre du sculpteur lillois Soubricas, est inauguré sur sa tombe au cimetière de Roubaix le 4 novembre 1928. Un second est érigé au square Pierre Catteau.

Louise Delmasure et « l’aide aux mères »

(NB, mai 2019 : voir également le n°19 de Gens et Pierres de Roubaix)

LOUISE DELMASURE FONDATRICE DE L’ASSOCIATION « L’AIDE AUX MÈRES DE FAMILLE DE ROUBAIX »

Mariés en avril 1913, le couple habite 33, rue Daubenton et leur première fille, Lisette (Mr et Mme Pierre Catrice) naît en 1914. La première guerre mondiale sépare les époux, elle part à Paris puis se réfugie à Arcachon. 

A la fin de la guerre, elle retourne à Roubaix et s’installe 150 bis, rue du Collège, dans une maison contigüe à l’entreprise « Delmasure Fils », négoce de laine. Sa vie est alors une suite de naissances et de soins aux enfants : de 1914 à 1934, elle met au monde 12 enfants dont 10 filles et 2 garçons.
Toutes les maladies y passent et le décès douloureux d’un petit Bernard âgé de 2 ans d’une broncho-pneumonie la touche profondément. « Ce qui fit ma santé, disait-t-elle, c’est le mois de repos que je m’impose après chaque naissance et l’aide dévouée de personnes fidèles » à qui elle prodiguait amitié et affection.
 
Malgré sa charge familiale, elle se rend chaque jour à pied de la rue du Collège à la rue Sébastopol soigner sa mère paralysée à la suite d’une congestion cérébrale. Femme de devoir, son sens pédagogique était net : « Il faut, il ne faut pas », « ne pas rester inoccupée… », « On fait ce que l’on doit faire »… Elle apprenait à lire à ses enfants avant la scolarisation (7 ans).
Vers 1928, elle réalise la nécessité de se faire aider car elle a 8 enfants en bas âge et la difficulté d’y parvenir. Elle pense aux mamans fatiguées et songe aux jeunes filles disposant d’un peu de temps qui pourraient rendre d’appréciables services, tout en acquérant des connaissances ménagères.
C’est ainsi que s’organisent des activités telles que les promenades du jeudi, le service du raccommodage, les garderies d’enfants dans des jardins, l’aide aux courses, les bourses aux livres de classes et de vêtements…
Tout cela se fit dans un échange bénévole de services qu’on appelait « l’œuvre d’entraide » et « le secours aux mamans ». Avec la participation de mesdemoiselles Delerue et Despré au dévouement total, progressivement, une petite indemnité intervint.
Monsieur Delmasure, militant familial, perçoit qu’il faut assurer la continuité dans l’action en mettant en place une structure permanente. Dès 1930, il apprend qu’à Paris l’idée a fait son chemin autour de madame Violet en 1920 et plus tard à Versailles, Lyon ou Marseille. Roubaix fait école à Lille et Tourcoing. L’association pour l’aide aux mères de famille est créée. Elle a son siège au 2 rue de la Sagesse et en expansion, au 49, boulevard Gambetta, au 6, rue Sébastopol et à ce jour 48, rue du Maréchal Foch.
Dans la période entre les deux guerres Mme Delmasure permit à son mari l’action sociale militante qu’il eut dans la région du Nord. Réciproquement, il l’a aidée, conseillée, épaulée lors de la Fondation de « L’Association de l’Aide aux Mères ».
La guerre de 1940 amène la famille à La Réole en Gironde, en zone non occupée. Des trésors d’économies et d’ingéniosité sont débloqués pour nourrir quinze à vingt personnes : enfants, parentée, des jeunes démilitarisés, des juives en transit vers l’Espagne, tout ce monde que, là-bas, on appelait « les boches du Nord ».
Cette deuxième guerre lui occasionne l’angoisse de la séparation d’avec son mari, délégué régional à la Famille à Marseille. Pendant quatre années, elle a transcrit sur des cahiers la vie au jour le jour de cette période.
A Roubaix, en 1943 Annette Delmasure, sa fille, prend le relais de Mlle Despré et organise suivant les directives de Madame Violet à Paris et Mlle Isnard à Lyon, un foyer pour loger, la semaine, les jeunes filles sorties des écoles ménagères du Pas-de-Calais, en recherche de travail. Cette formule durera 30 années et permit une excellente formation d’avenir pour les jeunes filles, en même temps qu’une parfaite disponibilité aux appels des familles.
L’indemnité du début devient salaire, une profession était née. La « Travailleuse Familiale » succède à « L’Aide aux Mères ». Le financement régulier par la Caisse d’Allocation Familiale se substitua aux subventions. La Direction départementale d’Action Sociale, la Caisse d’Assurance Maladie interviennent devant le prix horaire qui s’élève, les familles ne participant qu’en fonction de leurs ressources.
 
Vers 1950, d’autres organismes se créent avec des objectifs spécifiques. 120 associations se regroupent en une Fédération Nationale reconnue d’Utilité Publique. Après le décès de son mari en 1978, Madame Delmasure, invalide et dépendante décède chez sa fille le 22 avril 1986 au 6, rue Sébastopol.
Elle fut baptisée, confirmée, mariée, inhumée en l’église Saint Martin de Roubaix et décorée de la Médaille d’Or de la Famille Française. En 1957, elle est faite Chevalier de la Santé Publique.
 
En 1996, l’Aide aux Mères de famille a répondu à l’appel de 456 familles de Roubaix, Tourcoing et environs. Cette association se nomme aujourd’hui AMFD (Aide aux Mères et Familles à Domicile) et son siège social se situe maintenant Résidence Flandre, entrée 19 – avenue de Flandre 59170 Croix.
  
 Les Veilleurs
 

Les fondateurs de la grande industrie

(NB : D’après les travaux de recherche de Georges Teneul, Président de la Société d’Emulation de Roubaix, Histoire économique de Roubaix – Réflexions sur notre temps, 1962)

DYNAMISME ET EQUILIBRE

La liberté commerciale absolue, reconnue intangible, ouvrait la voie aux individualités fortes bien décidées à utiliser toutes les chances qui leur étaient offertes par la législation nouvelle. Ne s’attardant pas à observer les faits, les fondateurs de la Grande Industrie, hommes d’action avant tout, s’engageront avec ardeur dans le système économique libéral dont ils feront le succès. En examinant la liste des Egards et des Maîtres drapiers de l’Ancien Régime, on relève peu de leurs héritiers parmi les notabilités industrielles du XIXe siècle. Rarement, en effet, la conjoncture a été plus favorable aux empiristes dégagés des souvenirs anciens ; ils forcent le destin, alors que les attardés, timides, supputent leur chance et la laissent passer.

Les figures marquantes du XIXe siècle industriel à Roubaix seront celles de chefs de file, bâtissant leurs entreprises au jour le jour, prêts à saisir toutes les occasions heureuses. A la manière des découvreurs de terres inconnues, ces pionniers adoptent la machine à vapeur, les métiers mécaniques à filer et à tisser, entreprennent des voyages de prospection et appliquent dans leurs usines les moyens de production nouveaux. C’est l’époque où les héros de Balzac jonglent avec les lettres de change que l’extension du crédit fait circuler à travers les grandes villes de commerce. Et Daumier nous livre avec Robert Macaire, flanqué de Bertrand, la caricature de ce monde d’affaires.

Mais à Roubaix, les chances de la fortune sont exploitées avec plus de modération et de sagesse et souvent avec mesure. Les créateurs de la Grande Industrie, possédaient non seulement du talent, mais cette sorte de génie divinatoire, apanage des hommes neufs aux muscles solides et à la tête froide.

 

L’APPORT DES RURAUX

Autour du cœur de la cité, la campagne toute proche a fourni à la Manufacture les bras courageux et les cerveaux clairs dont elle avait besoin. La promotion nouvelle avait préparé son ascension dans le calme du sillon et la patience d’un labeur séculaire tenace et fécond. Ainsi, les cadets de l’Ancienne France retournaient à la charrue et, après ce contact avec la terre tutélaire, leurs ascendants réapparaissaient au premier plan. La création de la Grande Industrie fut une œuvre de force et de santé. La relève, fournie avant tout par le monde rural, possédait une confiance à toute épreuve

L’historique des censes de Roubaix est évocateur à cet égard. Les Spriet, Mulliez, Lecomte, Leuridan, Pollet, Dubar-Delespaul, Lefebvre, Prouvost, sont tous descendants de cultivateurs. Les ruraux, autant que les ouvriers de qualité ont fondé la grande industrie. Certaines usines importantes ont été construites au cours du XIXe siècle, sur l’emplacement ou à proximité des terres que cultivait, la veille encore, l’ancêtre immédiat ou le nouveau manufacturier. « Si nous nous penchons sur l’origine de la plupart des hommes qui, de nos jours, se sont distingués, nous découvrons derrière eux, une longue ascension et une longue patience. » Ainsi s’exprimait, très justement, Jacques Bainville, dans son discours de réception à l’Académie Française. La claire vision des nécessités de l’heure animait la race des bâtisseurs de nos usines. Les cheminées que, successivement, ils élèveront dans le ciel de la cité, constitueront autant d’actes de foi dans la pérennité de leurs fondations. Ces hommes ne connaissaient pas la crainte des lendemains. Dans ces heures de plénitudes, une race est forte, elle ne cherche pas à maintenir, mais à créer et à poursuivre, en la développant, la tâche entreprise. Qui ne vise qu’à durer, porte déjà dans ses flancs, les traces de la destruction. Par là, la vie opère des coupes sombres ; elle porta des coups mortels aux entreprises de l’Ancien Régime et la sélection continue.

DE QUELQUES-UNS D’ENTRE EUX

Alexandre Decrême (1) qui, en précurseur, entreprit après 1789 la fabrication des tissus de coton, était fils d’ouvrier et la génération suivante, ses descendants, s’allieront aux familles les plus notables. En 1819, un modeste artisan fonda la firme Hannart Frères, l’une des maisons d’apprêts des étoffes qui comptait à la fin du XIXe siècle parmi les plus importantes du monde entier. Emile Roussel débuta à 14 ans dans l’industrie. En 1865, il aida sa mère à créer une petite teinture et fonda une firme de grande renommée. La firme Wibaux-Florin, qui connut son apogée au XIXe siècle, fut fondée en 1810 par un cultivateur aisé. Né le 16 février 1787, à la ferme de la Mousserie, Hippolyte-Joseph Wibaux épousa Félicité Florin, fille de Pierre-Constantin Florin, premier maire de Roubaix et sa descendance figure parmi les dynasties industrielles du XIXe siècle. Cette firme se spécialise dans les tissus de chaîne coton et de trame de laine peignée et son effacement par la suite doit être attribué à un changement de mode. Ce sont les créations nouvelles qui poussent au zénith les maisons modestes ; mais ce sont elles aussi qui, plus tard, les écartent du succès.

La famille Prouvost est originaire de Wasquehal. Elle occupait une situation rurale de premier plan avant la Révolution. Le Chanoine C. Lecigne écrivit une biographie du poète Amédée Prouvost, dans laquelle il peint en traits brillants, le grand-père de l’écrivain. « Il aimait voyager. Un beau jour, il monta à cheval, il parcourut la France, s’extasiant devant les paysages, s’arrêtant à la porte des usines, mêlant dans ses carnets des impressions d’artistes et des notes d’affaires, exemplaire inédit du Roubaisien à la fois aventureux et positif… Il crée le peignage mécanique de la laine, il lutte dix ans contre les préjugés populaires, les obstinations intéressées et la concurrence étrangère. A force de raison, de calme bon sens, d’efforts continus, il développe l’industrie nouvelle, groupe deux mille ouvriers autour d’elle et dote Roubaix du plus grand établissement de peignage de France. C’est un grand citoyen en même temps qu’un grand industriel. » (2)

Louis-Joseph Brédart épousa en 1754, Anne-Marie Lepers, issue d’une famille rurale très considérée dès le XVIe siècle. De ce mariage naquit, entre autres enfants, Louis-Antoine-Joseph, lequel continua la descendance. L’un de ses enfants, une fille, Pauline, épousa Jean-Baptiste Motte, d’une famille urbaine de Tourcoing, et dont la profession de marchand laisse supposer une profession de négociant en laines. La postérité de la famille Motte-Brédart prend un rôle de premier plan dans la création de la grande industrie de Roubaix. L’aîné Louis Motte-Bossut fonde la filature de coton la plus considérable pour l’époque et fait preuve, au cours de sa carrière industrielle, d’un esprit d’entreprise exceptionnel qui s’est perpétué dans sa descendance. Son cadet, Alfred Motte, se destinait tout d’abord au notariat. En secondes noces, il avait épousé Léonie Grimonprez, fille de Eugène Grimonprez, le promoteur à Roubaix de la filature de la laine peignée et l’un des hommes les plus actifs de la nouvelle promotion industrielle. Après un premier échec, il construit un véritable complexe industriel textile englobant tous les stades de la fabrication, du peignage au tissage. Il fit participer à son succès de multiples associés. Sa formation juridique favorisa sa réussite et après quelques entreprises hasardeuses, il prit soin de limiter ses risques par une clause résolutoire.

Eugène Motte-Duthoit, Maire de Roubaix, de 1896 à 1908, est issu de ce mariage. Tandis que la famille Grimonprez s’est effacée, la filiation d’Alfred Motte-Grimonprez occupe présentement encore une importante situation industrielle. Les descendants de Motte-Brédard joignaient à un sens précis des réalités, une activité débordante. Louis Motte-Bossut disait la nécessité « de diriger son affaire personnellement ». « Il faut valoir quelque chose par soi-même, sans chercher trop de distraction en dehors ». Déjà gravement malade en 1882, Alfred Motte-Grimonprez poursuivra sa tâche jusqu’à sa mort, en 1886. Devant une telle ardeur qu’il eût fallut modérer, on constate qu’il est plus dur de rester inactif que d’entreprendre de grandes actions.

Dans ce Roubaix en plein développement économique, le hasard des mariages amena bien des changements de situation. Dans le discours qu’il prononça en 1927, lors de l’anniversaire de la naissance d’Alfred Motte-Grimonprez, son fils, Eugène Motte-Duthoit raconte de quelle façon son aïeul Jean-Baptiste Motte « en prenant à travers champs le chemin le plus court, cueillant pavots et bleuets pour former un bouquet de fiancé pour Pauline Brédart qui habitait Tourcoing, s’arrêtait en chemin à la grande ferme Ducatteau pour parler amicalement avec la fille du fermier. Cette ferme était la première sur le territoire de Roubaix et s’étendait du pont Vanoutryve au Conditionnement et au pont Saint-Vincent-de-Paul. « Marie Rose, vous êtes trop maligne pour rester fermière disait-il à cette jeunesse, vous devriez vous marier avec un fabricant et vous feriez belle carrière ». Et cette prédiction s’accomplit. Elle épousa M. Lefebvre et la Maison Lefebvre-Ducatteau, sous sa direction, devint l’une des premières maisons de la Fabrique de Roubaix. Elle commandita plus tard, en 1852, la Maison Amédée Prouvost, les premiers peigneurs de Roubaix et les plus réputés, et Henri, Jean et Louis Lefebvre ont hérité de l’esprit délié et entreprenant de Marie-Rose ».

En 1820, Louis Dubar épouse Marie-Joseph Delespaul, à la ferme du Hutin et fonde une importante entreprise. La famille Bayart était originaire de la ferme de l’Hornuyère de Wattrelos. Pierre-Joseph Bayart épouse en 1798, Sylvie Lefebvre et le jeune ménage s’installa comme fabricants. Dans leur descendance, on retrouve les Bayart-Cuvelier, Bayart-Lefebvre, Ernoult-Bayart et maintes autres familles qui ont fait carrière brillante dans l’industrie.

En 1853, les frères Dillies installent quelques métiers à tisser. Véritables vulgarisateurs du tissage mécanique à Roubaix, ils seront en 1860, propriétaires de 400 métiers. Simple tisserand, Julien Lagache devient un remarquable fabricant. François Frasez installe des métiers à tisser dans des maisons construites à cet usage (chaque maison recevait quatre métiers) et inaugure ainsi une méthode qui a été reprise avec succès dans d’autres régions. Commentant l’exposition de 1853 et s’arrêtant au nom de MM. Eugène Grimonprez et Cie, Théodore Leuridan dira qu’il a été frappé « du grand nombre de maisons inconnues jusqu’ici ».

A partir de 1850, la plupart des affaires se montent en associations à cause du coût élevé des industries mécanisées. De plus, la direction d’une usine exige la présence à peu près constante des patrons. Pour leur permettre de rester à leurs affaires, des maisons de commissions sont fondées. C’est M. Bossut qui fonda la première maison du genre. Par la suite, la Manufacture s’efforcera de se passer de leurs services.

Les frères Delattre, industriels avisés, Henri qui fut Maire de Roubaix en 1848 et Louis épousèrent respectivement Adèle et Pélagie Libert, filles du fermier de la Potennerie. Fondée en 1827, leur entreprise avait pris rapidement un développement considérable. La veuve Libert épousa en secondes noces Pierre Pollet-Delobel de Sainghin et leur descendance honore de nos jours encore l’industrie roubaisienne. La Maison Toulemonde-Destombes, fondée en 1820 trouve son origine dans un tissage à la campagne et il est fort probable, comme ce fut le cas de plusieurs industriels dont le fondateur mena tout d’abord de pair la culture et le tissage, que la ferme ne fut délaissée qu’après emprise sûre dans la manufacture.

On pourrait poursuivre des recherches en ce sens. « Il n’y a aucune maisons ayant tenu quelque place à Roubaix qui n’ait eu ses fondements dans une connaissance approfondie de la matière et du métier » écrit M. Gaston Motte dans son Histoire de Roubaix. La grande industrie fut fondée par une promotion nouvelle, artisans parvenant au patronat de souche roubaisienne ou immigrés, mais, le plus souvent, les industriels du XIXe siècle sont d’origine rurale.

Ces hommes nouveaux, ancrés sur la réalité, osent tout risquer et tout entreprendre. Leur tournure neuve de pensée et d’action a édifié la cité moderne. Les hautes cheminées dominaient de véritables fiefs industriels. « Plus riche en outils qu’en fonds d’Etat, l’héritier ne pouvait s’évader », dira Eugène Motte lors de l’inauguration de l’Hôtel de Ville, le 30 avril 1911.

1 Ancienne famille notable qui avait connu un effacement momentané.

2 Chanoine C. Lecigne : « Amédée Prouvost ».