La laine dans tous ses états

Conférence donnée par Bernard Leman* le 5 septembre 2020

Le mot « laine » définit une masse de fibres provenant d’un animal. Celui-ci peut être un chameau, une chèvre, un lapin, un lama ou un mouton ! La majorité des laines sont utilisées de façon industrielle pour créer des articles textiles. La laine de mouton est la plus utilisée.

Louis Jean Marie Daubenton s’intéresse à l’élevage et notamment à l’amélioration de la production de laine et, en 1782, il publie  une Instruction pour les bergers et les propriétaires de troupeaux. Louis XVI s’intéresse à son projet : en 1783, il fait bâtir une ferme près de son château de Rambouillet et fait l’achat de nombreux animaux domestiques pour mettre en pratique les théories des physiocrates visant à améliorer l’élevage ovin.

Il émet le projet de trouver un moyen de briser le monopole espagnol et d’éviter de payer chaque année 30 millions pour l’achat de laine destinées aux filatures françaises. Il réussit à obtenir de son cousin, Charles III, la permission d’acquérir un troupeau de 383 mérinos pour acclimater cette race au ciel d’IIe de France puis la faire prospérer à travers le royaume. Les meilleures têtes du cheptel hispanique choisies (334 brebis, 42 béliers et 7 moutons conducteurs furent sélectionnés), le troupeau quitte l’Espagne le 15 juin 1786 sous la conduite de 4 bergers. Quatre mois plus tard, le 12 octobre, après avoir franchi les Pyrénées, 366 mérinos arrivent à Rambouillet.

Grâce à l’intelligence des soigneurs et aux connaissances du naturaliste Daubenton, le troupeau prospère. Le pari de Louis XVI est gagné. Daubenton vend des béliers mérinos dans le monde entier, ce qui explique que la majorité des tissus produits sont faits à partir de laine mérinos. *

La zoologie classe le mouton dans la famille des animaux laineux comme la chèvre et le lapin. Les animaux laineux sont désignés par leur famille et le pays d’origine, par exemple : la chèvre cachemire (Inde), le lapin angora (Turquie). Le mouton a été domestiqué par l’homme depuis le dixième millénaire avant Jésus Christ pour sa laine, sa viande, et le lait des brebis. Des archéozoologues ont situé la fabrication du fromage de brebis au troisième millénaire. La croissance de la fibre de laine dure en continu un an environ. Un mouton qui n’est pas tondu pendant des années peut mourir étouffé par sa propre laine…

 

Mouton non tondu depuis 6 ans !

 

Un peu d’histoire

A partir de 15.000 avant J.-C., le Proche-Orient est le théâtre d’une série d’oscillations climatiques qui aboutissent à l’optimum climatique au cours duquel se développent les sociétés sédentaires, agricoles et pastorales du Néolithique. La domestication entraîne chez les animaux de multiples modifications : comportement, taille, chromosomes, etc. Chez le mouton, elle amène l’amplification du duvet laineux très réduit chez l’espèce sauvage Ovis orientalis, mais ne supprime pas immédiatement la mue annuelle. La pousse en continu n’intervient pas avant la fin de l’âge du Bronze et l’épilation des moutons et le travail de la laine ont rythmé le calendrier agricole mésopotamien. Les propriétés de ce duvet, disponible en toutes petites quantités mais chaud, léger, doux et facile à travailler, ont sans doute attisé très tôt la curiosité des hommes, peut-être dès le tout début du processus de domestication vers 8000 avant J-C.

En basse Mésopotamie, où l’environnement est encore marécageux dans la première moitié du 3e millénaire, on colonise les franges des conflits de voisinage. Les troupeaux sont confiés à des bergers appointés par le pouvoir. En Syrie du nord, le nomadisme pastoral se met en place sur les marges arides du désert syrien vers 2400 avant J-C, en concertation avec les premiers Etats. Nous connaissons mal les premiers moutons domestiques, l’iconographie de l’époque les représente avec des caractères primitifs (cornes en tire-bouchon, jabot…) et parfois une queue grasse révélatrice de la fréquentation d’un environnement aride.

Les textes, disponibles dès 3200, suggèrent l’existence de différentes qualités de laine. La plus prisée est la blanche, réservée à un usage vestimentaire royal. Parallèlement, des techniques inventives avec un outillage adapté se développent : teintures, armures textiles, etc. ouvrant la voie aux arts visuels. La laine ordinaire, la plus rêche, est issue de troupeaux mal nourris. Les autres qualités de laine sont réservées à différents usages : rations, échanges, voiles de bateau, manufactures. Ainsi, à la fin du 3e millénaire avant J.-C., des milliers de travailleurs sont employés dans des ateliers d’état qui contrôlent toute la chaîne de production. Aucune de ces structures n’est connue par l’archéologie mais les textes permettent parfois de suivre des individus sur plusieurs années. Ceux-ci sont en majorité des femmes et des enfants au statut précaire : prisonniers de guerre, veuves, personnes de basse extraction qui n’ont plus accès à la terre et qui sont réduits à vendre leur force de travail aux grands organismes, et qu’on emploie à des tâches élémentaires dont le savoir-faire est sans doute acquis dès l’enfance. Des tisserands masculins spécialisés encadrent cette main d’œuvre presque servile rétribuée en nature, mais pas pour autant à la pièce.

Curiosité, fibre de prestige puis matériau banalisé, la laine n’a jamais supplanté le lin en Mésopotamie. Celui-ci a connu des usages diversifiés mais principalement cérémoniels (rideaux de sanctuaires, vêtements liturgiques, etc.), rappelant que dans les sociétés agricoles, on ne met pas tous ses œufs dans le même panier.

Parmi les enjeux de société actuels éclairés par cette lointaine expérience, on retiendra l’utilisation d’une matière première renouvelable, dont la sélection peut amener des produits de haute qualité à forte plus-value, le maintien et la modernisation de savoir-faire ancestraux, parfois identitaires des régions (tonte, lavage des laines, transformation), la mise en valeur de zones ingrates et la maîtrise complète de la filière de production indispensable aux petites exploitations, la nécessaire concertation entre producteurs et consommateurs dans une économie responsable et respectueuse de l’environnement comme de la condition des travailleurs. L’Orient ancien en fut l’un des premiers laboratoires.

Le caractère du mouton

Deux traits du caractère du mouton sont importants lors du pâturage : d’abord, il est grégaire : quand les moutons sont en en pâturage, ils sont dispersés mais quand un danger se présente, ils sont apeurés et se regroupent de façon serrée.C’est ce comportement qui est utilisé quand il faut déplacer les moutons. Le moyen utilisé dépend du nombre de moutons à regrouper. On peut utiliser le chien, (le berger australien) le cheval, la moto ou le mini hélicoptère.

Berger australien, chien de berger par excellence

 

Ensuite, la hiérarchie dominante naturelle des moutons pousse les moutons à suivre docilement un chef de file vers de nouveaux pâturages. C’est un facteur essentiel qui a fait que le mouton a été une des premières espèces animales domestiquées. Pour déplacer un troupeau, il suffit que le berger place en tête un mouton ou se place lui-même en tête avec un seau de nourriture ou un agneau dans les bras comme le montre la célèbre statue de Picasso « l’homme au mouton » qui a été exposée au Musée de La Piscine lors de sa réouverture après travaux en octobre 2018.

 

L’ Homme au mouton de Picasso © La Voix du Nord

Quand on parle des « moutons de Panurge » l’expression tire son origine d’un épisode du Quart Livre de François Rabelais : « Alors que Pantagruel et ses compagnons, dont Panurge, parcourent la mer afin de consulter l’oracle de la Dive Bouteille, ils abordent un navire de commerce et font connaissance avec les passagers. Une altercation éclate entre le marchand Dindenault et Panurge, le premier s’étant moqué de l’accoutrement ridicule du second. Après le retour au calme, Panurge décide de lui acheter un mouton. La transaction s’éternise car le troupeau appartient à la race de Chrysomallos, le bélier à la toison d’or, ce qui explique son coût élevé. Panurge, après avoir en vain essayé d’abréger les boniments à propos des propriétés merveilleuses de ces bêtes, en acquiert finalement un et le jette à l’eau. Le reste du troupeau va rejoindre son congénère, emportant Dindenault et les autres bergers qui tentent de les retenir en s’accrochant à eux ».

 Du mouton au ruban de laine peignée

Dés 1900, Roubaix a été la capitale mondiale du peignage de laine. En un siècle, la population de Roubaix passera de 8.000 à 123 000 habitants. Aucun atout naturel ne prédestinait l’agglomération à une telle croissance : ni main-d’œuvre disponible, ni matière première en quantité importante, ni rivière pour laver la laine, faire tourner les machines, transporter les marchandises. Seul l’environnement de Roubaix a été un facteur positif dans son développement : l’Angleterre pour l‘accès à de nouvelles technologies, la Belgique pour le recrutement des salariés et l’approvisionnement en charbon. Mais, de l’avis de tous les historiens, ce développement fantastique trouve une bonne part de son explication dans l’esprit d’entreprise de quelques marchands-fabricants et le savoir-faire de milliers d’artisans.

 Mais avant d’arriver à la laine peignée, le chemin est long !

  • La tonte : première étape

Nos ancêtres profitaient de la mue du mouton pour récupérer la laine accrochée par les broussailles ou, quand la mue était terminée, par épilation voire par peignage des toisons avec des fers. Trois méthodes de dépilation sont mondialement utilisées :

– La méthode manuelle

L’usage des fers a toujours cours pour tondre de petits nombres de moutons.

 

Tonte manuelle aux ciseaux

La tondeuse électrique est maintenant généralisée. Chaque année a lieu le championnat mondial des tondeurs de laine. Deux Gallois et un Néo-zélandais ont été sacrés champions du monde de tonte de moutons à l’issue de la compétition qui s’est déroulée en France en juillet 2019 à Dorat en Haute-Vienne.

Concours de tonte à la machine                                 électrique

– Le délainage

C’est le pelage des peaux de mouton après abattage pour la boucherie. C’est en voyant la laine se détacher de peaux de moutons pourries que les industriels mazamétains l’ont mis au point. Ce procédé consiste à favoriser une fermentation de la peau de mouton qui va permettre l’ouverture des pores et ainsi, la libération de la laine. Il se divise en plusieurs phases pour arriver au pelage.

Au début de l’épopée du délainage, le pelage était réalisé manuellement par les « peleurs » à l’aide du couteau de pelage. Ce procédé vient donc après l’étuvage et consiste à séparer définitivement le poil de la peau. Le peleur était debout, arc-bouté sur son outil de travail : le banc de pelage. Une extrémité de ce banc reposait à même le sol et l’autre, était relevée par un croisillon de bois, de façon à ce que le ventre du peleur puisse s’y appuyer dessus. Cela permettait à l’ouvrier peleur de coincer le haut de la peau sous son ventre. Il ne lui restait plus qu’à prendre le couteau de pelage entre ces deux mains et à peler la peau, pour arracher la laine dans un mouvement descendant. C’était un travail extrêmement contraignant. Aujourd’hui, le travail du peleur est entièrement automatisé grâce à des machines très performantes.

– La tonte chimique

C’est le laboratoire des Pelages, Toisons et Fourrures de l’Institut de .Recherche Agronomique de Jouy en Josas qui est à l’origine de cette méthode. Il s’agit d’inoculer une substance dépilatoire au mouton qui provoque l’arrêt temporaire desfollicules pileux de façon à ce que la racine du poil en croissance soit cassée à l’ intérieur, et par conséquent de façon à pouvoir procéder à une épilation facile, rapide et sans douleur. Le mouton de ce fait mue comme son ancêtre du dixième millénaire. L’histoire est un éternel recommencement !

Des études ont montré que la viande des moutons ainsi traités peut être consommée sans danger. La mise au point du procédé a été faite en Australie où elle se pratique beaucoup. Les chercheurs ont dû prendre en compte également le comportement du mouton car celui-ci est un animal facilement stressé. Une fois le mouton épilé, sa peau est aussi lisse que celle d’un bébé. Le mouton déprime et parfois en meurt. C’est pour cette raison que les fermiers pratiquant cette méthode entourent le mouton d’un léger manteau après l’épilation pour lui donner l’impression de n’avoir pas été tondu !

Les moutons tondus ont froid !

 *  Le transport

La tonte se faisant dans les pays producteurs (Australie, Nouvelle Zélande, Afrique du Sud) il faut la transporter dans les pays utilisateurs. Après la tonte, la laine est compactée dans une presse de façon à obtenir une balle, et les balles sont mises dans un container. Celui-ci est immatriculé. Ce qui permet de connaitre en temps réel sa position en mer. Petite anecdote : cette immatriculation m’a permis de solutionner une réclamation sur 40 tonnes de laine brute polluée par un produit nauséabond. J’ai donc organisé cette enquête en Australie en tant que Directeur-qualité auprès de la compagnie maritime. Et nous avons pu trouver l’origine de cette contamination et déterminer « la partie » responsable qui a pris en charge tous les frais. Les ports recevant les bateaux sont Anvers, Zeebrugge, Dunkerque.

  • Le triage

Jusque 1950, la laine brute était triée manuellement dans le peignage. Après cette date, elle est pré-classée sur les lieux d’élevage, testés par des méthodes normalisées.

  • Le chargement des laveuses

Comme les touffes de laine brute ont été compactées lors de la mise en balle, la laine brute est ouverte par la chargeuse. Les touffes sont ainsi divisées en touffes de quelques grammes qui alimentent la chaine de lavage.

La laveuse comporte 5 bacs, sur une longueur de 40 mètres environ. La progression est assurée par des herses appelées l’homme de fer en souvenir de l’époque où cette opération était assurée par des ouvriers munis de fourches. Après chaque bac, la laine est essorée.

Le premier bac est un bac trempeur qui permet d’éliminer la terre et les sables.

Le deuxième bac contient du carbonate de sodium, produit caustique qui permet d’extraire 80 % des matières grasses contenues dans la laine brute appelées suintine. La suintine est récupéré par centrifugation puis est raffinée pour obtenir la lanoline. La suintine a été aussi utilisée par l’infanterie : « Monsieur le Docteur Berthier, médecin major de l’armée se met à essayer la suintine sur les « godillots » des hommes de troupe de son régiment. Il remplace le cirage classique qui rend le cuir dur et cassant, lui enlève toute souplesse, et lui fait faire des plis qui sont autant d’occasions de blessures pour le pied du soldat. Cet emploi rend beaucoup des services au régiment pendant les manœuvres, il supprime les soldats trainards et les indisponibles qui ne peuvent plus marcher par suite des excoriations qu’ ils ont aux pieds, des soldats vont même jusqu’à graisser leurs pieds au début des marches forcées et suppriment de cette façon les excoriations auxquelles ils sont sujets » !

Le troisième bac contient un détergent synthétique bio-dégradable.

 

Bac de lavage au Peignage Amédée

Les deux derniers sont les bacs rinceurs. La laine est ensuite séchée car elle contient 70% d’eau. A la sortie du séchoir, elle n’en contient plus que environ 20% environ mais elle contient des éclats de paille et de chardons qui seront éliminés pendant l’opération suivante : le cardage.

  • Le cardage

Cette opération a pour but de paralléliser les fibres de laine et d’éliminer une partie des matières végétales. Le cardage consiste à faire passer la laine entre des cylindres garnis de pointes de finesse croissante. La laine forme un voile continusur une largeur de 1,80 m à 2,50 m. Ce voile est alors un ruban de quelques centimètres. Le cardage permet d’éliminer 98% des matières végétales.

Cardage au Peignage Amédée

 

  • Le peignage

Le ruban de laine cardée est calibré sur des machines appelées « GILLS ». La parallélisation des fibres est alors totale. Le ruban ainsi produit peut être peigné. Le ruban passe à travers une série de peignes très fins comptant jusqu’à trente aiguilles par centimètre. Cette opération permet d’éliminer les boutons (c’est-à-dire les nœuds) et les éclats de paille. Au sortir de la peigneuse, la laine se présente sous la forme d’un voile fin et léger. Il faudra reconstituer un ruban régulier par étirage sur un « gills » finisseur.

Le ruban de laine cardée passe entre les peignes. © Plaquette Peignage Amédée

  • Le conditionnement

Le ruban est enroulé en pots ou en bobines de 10 à 15 kilos qui sont regroupés en balles de 450 kg dans une presse hydraulique de 300 tonnes de pression.

Les balles de laine au Peignage Amédée

 

  • Les contrôles de fabrication

A chaque étape de la transformation de la laine, le laboratoire de Contrôle-qualité procède à diverses observations, mesures et analyses. Après le lavage, des échantillons sont prélevés. La teneur en matières grasses résiduelles est mesurée à l’aide de solvant. La composition des bains de lavage fait aussi l’objet de mesures précises. Le produit fini est contrôlé à intervalles réguliers pour détecter les impuretés qui auraient échappé au peignage : les nœuds, les éclats végétaux, les amas de fibres. Pour mesurer la longueur moyenne, un échantillon est testé par un appareil appelé « ALMETER ».

Le diamètre des fibres (entre 18 et 35 microns) est déterminé au microscope mais il est plus rapide de mesurer une moyenne sur un échantillon : une touffe soigneusement pesée est comprimée dans un tube ; un débit d’air constant est injecté à une extrémité et on mesure la diminution de pression à l’autre extrémité. La perte de charge est fonction du diamètre des fibres. Cet appareil de mesure s’appelle un « air flow ». En cas de litige sur les mesures, le laboratoire de la Condition publique peut faire des mesures contradictoires qui, elles, sont officielles.

Dessiné par Albert Bouvy, la Condition Publique voit le jour en 1902 en tant qu’établissement public, propriété de la Chambre de commerce de Roubaix. Au départ, utilisée pour le conditionnement des matières textiles telles que la laine, le coton et la soie, elle sera réhabilitée en manufacture culturelle, 101 ans plus tard.

A l’heure où l’Organisation Mondiale de la Santé rappelle les risques sanitaires liés à une surconsommation de produits carnés, on se souviendra que l’histoire de l’Homme est aussi celle de la transformation de la Nature et que les animaux n’ont pas toujours été élevés pour leur viande. Ainsi la laine des moutons domestiques fut-elle le moteur du développement européen lors de la Révolution industrielle. Un milliard de moutons sur terre produit actuellement 2,1 millions de tonnes de laine par an. Fibre de luxe transmutée en produit infroissable et lavable par les progrès de l’industrie moderne, la laine ne représente pourtant plus aujourd’hui que 2% des fibres textiles utilisées en France.

 Les aménagements nécessaires au développement industriel textile

– Le canal de Roubaix

Imaginé par Vauban, dès 1699 pour relier la Marque à l’Escaut, demandé officiellement en 1813 par le Maire de Roubaix, sa construction débute en 1827 pour l’approvisionnement en charbon, en eau, en matières premières (laine et coton) et l’expédition des produits finis de l’industrie textile en développement.

– Le prélèvement de l’eau de la Lys et la fontaine des 3 Grâces

Roubaix se développe d’une manière considérable au XIXe siècle. Pour faire face aux besoins en eau grandissants de l’industrie, on décide de puiser dans la Lys. Les travaux sont mis en route et aboutissent en 1863. Pour fêter l’événement, on construit une fontaine sur la Grand-Place. Œuvre de Charles Iguel, elle a pour sujet les trois grâces et comporte plusieurs vasques superposées. Un premier déménagement la placerait en 1874 sur le square Notre-Dame, à l’emplacement actuel de l’école des Beaux-arts. Elle y resterait jusqu’à la suppression du square en 1882. On la pose alors au carrefour du boulevard Gambetta et de la rue du Moulin le 20 mars 1883, dans le but d’orner l’entrée de Roubaix. Mais, cette malheureuse fontaine doit de nouveau émigrer en 1924. Il lui faut faire place au monument aux morts. On la démonte pour la réinstaller, quelques centaines de mètres plus loin sur le boulevard, en face de l’hôtel des Postes. Notre fontaine reste là jusqu’en 1955, mais, placée au débouché direct de la rue du Coq Français, elle est une nouvelle fois victime des aménagements pour faciliter la circulation : on la démonte une fois de plus. Au cours de ce démontage, le bassin se fissure et la fontaine est déclassée et disparaît de la voie publique roubaisienne.

 – Les réservoirs des Huchons

Au tournant des 19e et 20e siècles, l’urgence de la distribution en eau répond à un essor industriel rapide et à une évolution démographique croissante. La municipalité décide de construire, boulevard Lacordaire, deux premiers réservoirs. Datés de 1885, ils sont dus à l’ingénieur Auguste Binet. En 1930, l’ingénieur Nourtier construit l’autre paire. Il s’agit des réservoirs situés aux deux extrémités. Ces quatre réservoirs présentent tous une élévation à deux niveaux, servant de support à la cuve ; leur maçonnerie de brique rouge est richement décorée. Cette juxtaposition des deux paires de réservoirs permet d’appréhender l’adaptation et l’approche à presque un demi-siècle d’intervalle, de deux ingénieurs dont le savoir-faire se situe dans l’alliance entre fonctionnalité et esthétique.

 

  • Bernard Leman a été pendant 43 ans le Directeur-Qualité du peignage Amédée, rue de Cartigny à Roubaix

 

SOURCES
*
« La bergerie royale de Rambouillet » par Madame de Sabran
Le travail de la laine en Mésopotamie :  Catherine Breniquet  :  L’état, le pouvoir, les prestations et leurs formes en Mésopotamie ancienne (actes du colloque assyriologue franco-thèque Paris 7-8 novembre 2002)
La fontaine des 3 grâces Roubaix  : ateliers mémoires de Roubaix.
L’épopée textile de Roubaix-Tourcoing (édition de la Voix du Nord)  Les patrimoines
La récolte de la laine par  dépilation : Jean Rougeot et R .G .Thebaut Laboratoire des Pelages, Toisons et Fourrures Institut national . de la recherche agronomique
Les réservoirs du Huchon  : Monumentum

Pasteurs protestants de Roubaix

Temple de la rue des Arts coll Méd Rx

Liste des pasteurs de la paroisse réformée

1880 : MM Victor Lebrat et Smith, MM. Faulkner, pour le culte anglican, et Haeckstein, pour le culte hollandais.

1885 : MM. Victor Lebrat, Eugène De Faye, auxiliaire, Marc Lafon, suffragant, Wauters, pour le culte hollandais.

1889 : MM. Victor Lebrat, Eugène De Faye, Julien Martin, suffragant.

1892 : M. Ernest Monod, remplace M . Victor Lebrat , démissionnaire en cours d’année, lequel a été nommé pasteur honoraire. M. Julien Martin, pasteur auxiliaire, remplace M. de Faye, démissionnaire.

Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, Van Hooland, Verhaegen et Adolphe Couvreur sont chargés, le premier comme évangéliste, les autres comme membres du Conseil d’Eglise, de la direction de cette oeuvre.

1893 : MM. Ernest Monod, Paul Perrelet, auxiliaire. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, Van Hooland, Verhaegen et Adolphe Couvreur sont chargés, le premier comme évangéliste, les autres comme membres du Conseil d’Eglise, de la direction de cette oeuvre.

1895 : MM. Ernest Monod, Paul Perrelet, auxiliaire. M. Monod a été remplacé le 26 Juillet 1896 par M. le pasteur Elie Gounelle, installé par M. Ollier, Président du Consistoire de Lille. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1899 : M. Elie Gounelle, M. Henry Babert auxiliaire.

1902 : M. Elie Gounelle, M. Jacques Krug auxiliaire. Un pasteur auxiliaire est désigné pour Tourcoing et Wattrelos : M. Albert Segond. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1903 : M. Elie Gounelle, M. Robert Lorriaux auxiliaire. Pasteur auxiliaire pour Tourcoing et Wattrelos, M Albert Segond.

1906 : M. Elie Gounelle, Pasteur titulaire, et M. Freddy Durrlemann, pasteur auxiliaire. Pasteur pour Tourcoing et Wattrelos : M. Albert Segond. Pour le culte flamand qui se célèbre dans le temple de la Rue de la Redoute, MM. Beekman, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1907 : M. Elie Gounelle, Pasteur titulaire, et M. Freddy Durrlemann, pasteur auxiliaire. A partir du 15 Novembre 1907, M. le Pasteur Gounelle, démissionnaire, est remplacé comme pasteur titulaire par M. Durrlemann.

1913 : M. Emile Paradon, pasteur titulaire, M. Jean Morel pasteur auxiliaire. Pour le culte flamand, MM. Beekman, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et G. Vanoest en sont chargés.

1921 : M. Jean Durand pasteur titulaire, M. Robert Ferret auxiliaire.

1932 : M. Daniel Cheradame, pasteur titulaire et M. P. Blondelle auxiliaire.

1937 : M. Daniel Cheradame, pasteur titulaire et M. P. Pasche auxiliaire.

Bibliographie de Fernand CARTON

Fernand CARTON 1921-2019
Membre de la SER  22 juin 1961
Photo Bibliomonde

1965: chansons et pasquilles de François Cottignies dit Brûle-Maison (1978-1740). Edition critique, étude grammaticale, glossaire, Arras, Société de Dialectologie Picarde, 440 p

1967: Pasquilles et chansons de Jules Watteeuw (1849-1947) Edition critique, glossaire, Tourcoing, 1ère série 95 p 2èmes séries 109 p – 1973

1968: exercices de français pour laboratoires de langues, n°1: phonétique 110p ; n°2 : le verbe (en coll. Bernard Combettes) 110 p, Nancy, G.R.A.P, 2ème éd. 1977

1971: les parlers d’Aubers en Weppes. Phonologie, lexique (en coll. Avec Pierre Descamps Arras, société dialectologie picarde, 175 p

1972: recherches sur l’accentuation des parlers populaires dans la région de Lille, Thèse d’Etat de l’univ de Strasbourg, (Directeur Geroges Straka) Lille publications de l’Université 363 p

1974: Introduction à la phonétique du français, coll. Etudes N°303, Paris, Bordas, 250 p 2ème édition révisée et augmentée : 1979

1980: Récits et contes populaires de Flandres, recueillis dans le Pays lillois, Coll. Musée des Arts et traditions populaires, Paris, Gallimard, 189 p , 8 ill

1983: les accents des français (en coll. Avec M.Rossi, D.Auteserre, P.Léon), coll. « De bouche à oreille », Paris, Hachette, 96 p avec cassette audio.

1989: Atlas linguistique et ethnographique picard. Vol 1 (en coll. Avec Maurice Lebègue), la vie rurale.. Atlas linguistique de France par régions, Paris, editions du CNRS, XVIII+317 cartes (1 à 344) Comptes rendus : Le Français Moderne 1996/ (M.R.Simon) p 110-113; CNRS info, n°183, juillet 1989; revue de linguistique romane, juillet-décembre 1991 p 581-584

1991: Dictionnaire du français du Nord/Pas de Calais (en coll. Avec Denise Poulet), Paris, 160p

1998: les langues dans l’Europe de demain. Actes de Symposium de Nancy publiés sous la direction de Fernand Carton et Jean Marie Odéric Delefosse. Association des linguistes de l’enseignement sup (ALES), Paris, Presse de la Sorbonne Nouvelle, 171 p.

1998: Atlas linguistique et ethnographique. Volume 2 (en coll avec Laurice Lebègue): le temps, la maison, les animaux et plantes sauvages. Morphologie. 345 cartes (319 à 660) Coll Alals linguistiques de France par régions, publié avec le concours du Conseil régional de Picardie, Paris, CNRS- Editions, W+294. Comptes rendus: revue de linguistique romane (G.Roques) n° 247- 248 p.520-521. Geolinguista (H.Goebl), …. Zeischrift für Romanische Sprachet (Y.Kawaguchi), Band 116 (2000) Helt 3, p 557-559 2000: « La Prononciation » section 1, chapitre 1, in Histoire de la langue française 1945-2000 direction de G.Antoine et B.Cerquiglini, institut national de la langue française (CNRS) CNRS éditions,p 26-60.

2002: Français, picard, immigrations. Une enquête épi linguistique. L’intégration linguistique de migrants de différentes origines en domaine picard. Collaboration à l’ouvrage collectif de J.M.Eloy, D.Blot, Carcassonne, J.Landrecies, Centre d’Etudes picardes, Université de Picardie, 277 p.

2003: Le parler du Nord Pas de calais, dictionnaire du français régional (en coll. Avec Denise Poulet) Dictionnaires Bonnehon, 2ème édition, Paris, Bonnehon.

2003: Jacques Decottignies (1706-1762) vers naïfs, pasquilles et chansons en vrais patois de Lille. Edition critique, commentaires, glossaire par Fernand Carton, Paris, Honoré Champion, 477 p. Compte rendu par R.Berger, revue du Nord 359, tome 87, janv-fev 2005, p 210-212

2004: Index de l’Atlas linguistique et ethnographique picard, volume 1; la vie rurale, version zéro. Université de Picardie, Centre d’Etudes picardes n°52, mars, 118 p

2004: Expressions et dictons du Nord Pas de Calais, Paris, Ed. Bonnehon, 192 p (compte rendu par Roger Berger, Revue du Nord, 359, tome 87, janv mars 2005, p 212-213.

DOCUMENTS AUDIO

1983: les accents des français (en coll. Avec M.Rossi, D.Auteserre, P.Léon) coll « De bouche à oreille). Avec cassette de 60 minutes présentant 29 documents sonores authentiques des régions de France métropolitaine. Paris, Hachette (19/2661/7). Mis sur Internet en 2000 par Matthieu Salle et Stéphane Menozzi, étudiants à l’Ecole des Mines, Bd saint Michel, Paris. Extraits sonores présentés dans la formation CNED- Institut de Poitiers-Futuroscope (2002)

1992: paroles sonnantes. Cours de phonétique française (Français langue étrangère). 30 leçons. Produit et diffusé par Radio France Internationale. Producteur délégué: Chantal de Grandpré.

2004: Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen, traduction en picard de Roubaix sur le site de la délégation générale à la Langue française.

ARTICLES, CONTRIBUTIONS, COMMUNICATIONS, CONFERENCES

PHONETIQUE ET LINGUISTIQUE

1968: « de la prononciation des noms propres, la linguistique, 1968, p 135-141

1970: pente et rupture mélodique. Analyse instrumentale et fonctionnelle d’un trait prosodique régional… Proceedings of teh 6th international congress of phonétic sciences, Prague, 1967; Académia Publishing House of Czechoslovak Academy of Sciences, Pargue-Munich. P 237-241

1971 de quelques articulations lorraines. Etude de radiocinématographie, Actes et colloques 9, les diamants de France au Moyen Age et aujourd’hui (Strasbourg) 1967, Paris, Klincksieck, p 449-462.

1972: la pression sous-glotique, corrélat de la mise en valeur dynamique (accent

d’insistance) en français contemporain » (en coll avec Alain Marchal), Proceedings of the 7 th International congress of sciences (Montréal, 1971), La Haye-Paris, Mouton, p 871-879.

1973: l’accent d’insistance en français contemporain, actes du 13è congrès international de linguistique romane, Québec, Presses de l’Université Laval- p 25-39

1974: paramètres phonétiques d’une progression dans l’apprentissage de la lecture. Travaux de l’Institut phonétique de Nancy, n° 1, p 15-44

1975: Où en est la phonétique? Etudes françaises dans le monde, bulletin de liaison du département d’études françaises de l’A.U.P.E.L.F, vol 3 1-2, Montréal.

1977: Validation d’indices perceptifs de l’intonation par analyse multi-dimensionnelle (en coll. Avec F.Lonchamp); Actes des 8è journées d’études sur la parole (Aix en Provence) 1977, vol 1, p 133

1977: Essais de validation psycholinguistique de configurations intonatives par analyse multi-dimensionnelles (en coll; avec F.Lonchamp) proceedings of the 3rd World Congress of ¨poneticians (Tokyo) 1977) study of sounds , vol 18, Tokyo, Phonetic society of Japan, p 269-279

1977: Insistance dialectale: l’accent d’insistance dans les dialectes d’oil » l’accent

d’insistance/emphatics studia Phonetica, Montréal, Paris-Bruxelles, Didier, p 59-92

1978: utiisation phonétique d’enregistrement dialectaux : étendue et limites, Actes du colloque les archives sonores et la diatectologie, Amiens, Centre d’études picardes, p 9-24

1979: la reconnaissance des traits intonatifs dialectaux par analyse multidimensionnelle (en coll. Avec F.Longchamp) Communication au 8è congrès international des Sciences phonétiques (Leeds 1979, Verbum II/1, p 88-99

1979: les fricatives profondes du lorrain roman; analyse des réalisations de deux témoins et schématisation des indices acoustiques, Verbum II/2 p 100-118

1979: pour une explication naturelle ( acoustico-articulatoire) de la mutation/u>y/ (en coll avec F.Lonchamp), Verbum II/2 p 203-210

1980: la pression sous-glottique mesure et relation avec l’intensité et la fréquence fondamentale. (en coll avec Alain Marchal) Séminaire Larynx et Parole (Grenoble 1979), Grenoble, GALF, Groupe des Accou …. De langue française.

1980: l’accentuation dans le français dialectal du Nord de la France, l’accent en français contemporain, Studia Photenica 15, Montréal-Paris-Bruxelles, Didier, p 65-92.

1981: les clausules comme variations rythmiques ; problèmes de prosodie. Hommage à Georges Faure Studia Phonetica 18, Montréal-Paris-Bruxelles, Didier, p 79-85

1982: le français parlé en Moselle germanophone (en coll avec F.Lévy), Verbum V/2 p 127-155.

1984: démarches de la recherche en phonétique: le cas des intonations régionales du français. Phonétique instrumentale en linguistique, Actes de la journée d’études du Laboratoire de phonétique de l’Université René Descartes) Paris 1982, vol 1, Hambourg, Buske, p 37-53

1984: Appréciation de la voix des personnages âgées (en coll avec les docteurs M.Wayoff et P.Labaeye) communication à la Société de Médecine de Nancy) (8/6/84) Annales médicales de nancy et de l’ES; p 293-296

1985: l’identification régionale par l’intonation, mélodie et intonation, Actes des Journées Internationales d’Audiophonologie (Besançon 1984) p 185-196

1986: l’informatique dans les méthodes de recherche en phonétique. L’exemple des intonations régionales. Etudes de philologie et de linguistique offertes à Hélène Naïs. Verbum, Nancy, Presses universitaires vol 2 p 369-380

1986: à la recherche d’intonations régionales, actes du 17è congrès international de lingusitique romane (Aix en Provence 1983, (Aix en Provence presses de l’université, vol 6, p 249- 257

1987: prosodie du conte Actes du colloque sur le conte (Toronto 1986), études réunies par P.Léon et P.Perron, Paris-Bruxelles – Montréal) Didier/ Formation et communication 7, p 5 -14

1989 : la structuration temporelle dans les français régionaux du Nord-est. Etude

phonétique expérimentale, Mélanges de phonétique générale et expérimentale offerts à Péla Simon; Strasbourg – publications de l’institut de phonétique de Strasbourg, vol 2 p 215-230

1991 : Besançon, Lille, B=Nancy : quelques données de prosodie comparée. Variété et variantes du français. Etas de l’Est de la France. Actes du 2ème colloque organisé par le Centre de recherches d’études rhénanes (Mulhouse 1988) publiés par G.Salmon, Paris- Genève ; Champion Slatkine, P 1…….

1991: Etudes sur la perception d el’accent régional régional du Nord et de l’Est de la France (synthèse par règles) coll avec R.Espesser et J.Vaissière) Actes du 2ème congrès international des sciences phonétiques (Aix en Provence 1991) Pressens Universitaires, vol 4, p 422-425

1992: imitateurs et hommes politiques : Etude de phonétique expérimentale, Hommages à Pierre Léo Toronto, Ed. Mélodie p 65-75.

1996 : contribution à l’histoire de l’accentuation du français (1899-1996) net essai d’interprétation, quelques nouveautés en histoire de la langue. Liaison HESO, 28 et 28 janvier 1997, p 55-67

1996 : la prononciation du français, Histoire de la langue française 1914-1945, dir. Gérald Antoine et R Martin, Paris, CNRS Editions; 1996, section I, p 27-59

1996 : la phonétique expérimentale. La Phonologie. Les archives sonores, Histoire de la langue française, 1914-1945, section IV, Paris, CNRS Editions p 873-894

1997 : Contribution à l’histoire de l’accentuation du français (1899-1996) et essai d’interprétation quelques nouveautés en histoire de la langue, Liaisons, HESO, 27-28,) 55-67

1999 : l’épithème vocalique en français contemporain : étude phonétique, faits de langues n° 13, Oral écrit : formes et théories, Paris, Ophrys, 1999, P 35-45

2001 : rythme et intonation dans quelques situations de parole. Commentaires de tracés. Communication colloque Oralia, Charleville, 17 octobre.

2002 : quelques évolutions récentes dans la prononciation du français, french accents: phonological and sociolinguitic perspectives . Mélanges offerts en hommage au prof F.Carton à l’occasion de son vingtième anniversaire. M.A.Lintze, T . Pooley ans A. Judge eds

2003 : diversité des approches en sciences du langage, conférence à l’école doctorale  » Lalgages, tem… sociétés, Université de Nancy. 2, 25 mars

2003 : la linguistique au CNRS, Bulletin de l’association des linguistes de l’enseignement supérieur, 2003/1, p 10-15

2005: l’affiche comme objet linguistique. Exemple d’analyse in F.Fredec et A.M. Laurian; linguistique contrastice, linguistique appliquée, sociolinguistique. Hommage à Etienne Piétri, Peter Lang, picard en français régional de Tourcoing, 1790.

DIALECTOLOGIE, SOCIOLINGUISTIQUE, LEXICOGRAPHIE

1961 : le vocabulaire de la colombophilie à Roubaix-Tourcoing, Nos patois du Nord (société de dialectologie picarde N° 4, p 15-24

1962 : vocabulaire du jeu de boules plates à l’étaque, nos patois du Nord, n° 6, 4 – 10, n° n° 8 p 126 – 1963

1962 : le français marginal, vie et langage, Larousse n°12 p 530 – 532

1963 : l’adaptation de l’orthographe feller aua picard moderne; nos patois du Nord, déc 1964, p 1-6

1963 : un patoisant lillois au 18è siècle : Jacques Decottignies, Revue du Nord, 180, 46, p 9 – 17

1965 : le parler populaire dans l’agglomération dunkerquoise (phonétique, syntaxe, vocabulaire, nos patois du Nord, 13, p 3-13

1966 : une pasquille lilloise inédite du 18è siècle, Mélanges Joseph Coppin, Lille, Université Catholique, p 181- 190

1969 : la désinence picarde de 6è personne, nos patois du Nord, 15 , p 7-12

1973: usage des variétés de français dans la région de Lille, Ethnologie française, Société d’ethnologie française, Nouvelle série, tome 3, p 235-244

1974 : évaluation du degré de dialectalité d’un corpus de français régional, Lavori in Corso, 14è congrès internationale di linguistica e filologia romanza (Naples 1974) p 13-15

1974 : Comment vivait-on à Lille sous Louis 15? D’après les œuvres en patois du temps, Plein Nord, N° ? , p 8-9, N° 5, p 14-15

1975 : Un lexique inédit du patois de Tourcoing (Nord), linguistique picarde, N°57, 7-21 1975 : le chanteur lillois Brûle-Maison ne brûlait pas de maisons, l’origine d’un sobriquet, Plein Nord, N° ?, p 25-26

1976 : Attestations anciennes de baccara, le Français moderne, 44 N°2, p 153-154

1979: l’origine du moy chtimi et son extension, Plain Nord, 54, p 4 -41, 55, p 35-36

1980: Chtimi, chti, études de langue et de littérature française offertes à André lanly, Nancy, Presses Universitaires, p 541-548

1980 : deux enquêtes pour l’Atlas linguistique lorrain roman (J.La,her, A.Litaire, J.Richard) Pt 84, Pt 93, Recherrey, 4 vol 1980-1990, Paris Editions du CNRS.

1980: Henri Viez et le patois de Roubaix en 1910, linguistique picarde, 76, p 6-10

1980 : contribution à l’étude prosodique du picard: le rythme du patois de Roubaix

1981: la maladie du Dauphin, (1751), verts inédits en patois de Lille par Jacques

Decottignies, linguistique picarde, 78, p 9-14

1981 : les parlers ruraux de la région Nord-Picardie: situation sociolinguistique,

international hjournal of sociology of language, N° 29, p 15/28

1982: l’intonation régionale, supplément à l’Atlas linguistique et géographique du Centre (P.Dubuisson), 3, la grammaire, Paris, Edition du CNRS

1983: clausules rythmiques et mélodiques de parlers normands, dialectologie et

littérature du domaine, Actes du colloque de dialectologie (Caen, 1982, Caen, Presses de l’Université, 4, p 5

1984: Jacques Decottignies, patoisant lillois, décrit le démantèlement de Menin, 1744, Langues et Culture, Mélanges offerts à Willy Bal, Louvain, Chiers de l’Institut de linguistique, 8/3-4, p 63 -72

1986: Aux origines de Chtimi, mélange d’onomastique, de linguistique et de philologie offerts à Raymond Sindou, vol 1, p 108-112

1987: les accents régionaux, France pays multilingue, Pari, Le Harmattan, vol 2 , p 29-49

1988: repères biographiques, regards neufs sur le Broutteux- les productions du Broutteux point de vue linguiste, Le Tourcoing de Jules Watteuw. Chroniques tourquennoise, vol 4 , Amis de Tourcoing, 32, 65-78

1989: chiendent dans l’Atlas linguistique picard, mélanges offerts à G.Tuaillon, col avec M.Lebègue, Grenoble, Ellug, vol 2 , p 17-28

1989: Ch’camp sans fraite à Aubers. Commentaire de la carte 31 de l’A.PL.Pic, Autrefois 16, p 4-6

1990: la carte ESSIEU, Atlas linguiste picard, I, 81 linguistiques picardes…..

1990: notes complémentaires, addenta et corrigenta sur le volume I de l’Atlas linguistique et ethnographique pivard, n° 11, 1-6

1991: l’affaire Quintart (1553), l’affaire Famelart (1563). Analyse critique de documents du 15 siècles, Tourcoing au temps de la Toison d’ Or, chroniques tourquennoises, vol 6, Amis de Tourcoing, p 115, 137/152

1992: l’essor de la poésie picarde à Lille au 18è siècle, Jacques Decottignies, Nord, Revue de critique et de création littéraire du N P d C, N° 19, juin 1992, p 23-34

1992: les noms du chat et du coq dans l’Atlas linguistique picard: un conflit homonymique, source picarde, Hommage à René Debrie, Amiens, N° 45, p 41-47

1992: ouverture du colloque Journalistes et linguistes, même langue, même langage, Paris, Sorbonne, 15 janvier 1993, in Scope Formation, média et sciences humaines, Hors Série N° 8

1993: les dénominations de la crêpe d’après l’Atlas linguistique et ethnographique picard, N° 125, p 2-9

1993: le vent d’Ecosse en domaine picard, Lorraine vivante. Hommage à Jean Lanher, presses Universitaires de Nancy, p 301-325

1995: autour du pain d’alouette, ces mots qui sont nos mots, Mélanges offerts à Jacques Chaurand, Paris-Charleville p, 3319-325

1995: formulettes des doigts en picard du Nord Pas de Calais, Mélanges offerts à René Lepelley, chahiers des annales de Normandie, Caen, Musée de Normandie, N° 26, p 105-116

1995: les orvets d’Aubers (Nord) Recherche sur l’origine d’un sobriquet, linguistique picarde, 134, p 1

1995: euphémismes picards? Désignations du cimetière et du cercueil, linguistique picarde, 1995, p 135, compléments à l’enquête sur les noms de cimetière, 136 p 105-116

1996: un bassinage en Pays de Weppes au 18è siècle chanson inédite Autrefois, 43, p4-8

1997: les portraits de Brûle-Maison, revue du Nord, 319, tome 79, janv 1997, Université de Lille, p 93-99

1997: le Broutteux 50 ans après, conférence aux Rencontres régionales d’Arts populaires, 1997, Tourcoing, 6 mars 1997, Tourcoing et le pays de ferrain N° 23, p 48-54

1997: Charles Bodart-Timal. Entretien posthume, bibliographie, Toudis, 4, p 2-8, Ecrire les langues d’oil, 144

1998: régionalismes d’origine dialectale. Une enquête de notoriété par tranches d’âge dans le Nord Picard (29-30 novembre 1996) p 141-157.

1998: Chanteurs des rues, chansonniers patoisants à Lille au 18è, journées d’études société d’ethnologie française : musiciens des rues, musicien dans la rue (Paris – Musée des Arts populaires (12-13 mars 1998).

1998: A la recherche du système graphique ; les vers naïfs en vray patois de Lille de jacques Decottignies

1999: Charles Bodart-Timal, chansonnier et historien de Roubaix, conférence à l’association Lire à Roubaix en association avec la SER et les Amis de la Médiathèque 20 février.

1999: Nos patois du Nord ont-ils des rapports avec l’espagnol? Autrefois, N° 53, mars 1999,

1999: quelques pâtisseries traditionnelles et leurs dénominations d’après l’Atlas

linguistique picard, conférences publiques à Lille et Tourcoing 28 novembre 2002

1999: Charles Bodart-Timal, chansonnier et historien de Roubaix, conférence publique, Médiathèque de Roubaix (20 février)

1999: les accents pour le dire, interview par Jérôme Pauchard, CSF Magazine, Crédit social des Fonctionnaires, N° 34, mars 1999, p 22-23

1999: l’indexation de l’Atlas linguistique picard, Communication à la Journée d’études du Centre d’Etudes picardes, Amiens, 19 octobre 1999.

2000: Simons et le patois de Lille, in Simons (1901-1979) ouvrage collectif de l’association « Toudis Simons », Lille, p 59-71

1998: dialectologue aujourd’hui. Discours de présentation à l’Académie de Lettres, Sciences humaines et sociales. Société royale du Canada, Ottawa, nov 1999, paru dans Présentations, vol 52, p 123.

2000: département de l’Oise: aspects linguistiques, linguistique picarde, N° 156, p 1 – 10

2001: Géolinguistique en Europe, coordination du N° thématique tome 22, N° 2 de Verbum

presses Universitaires de Nancy, p 301-325

2001: l’identité picarde à la lumière de la géographie linguistique, bulletin du Comité picard, Lille, 54 p 5- 7 avec carte

2002: picard ancien et picard moderne: continuité ou discontinuité? Linguistique picarde N° 161 –

2003: sur le comportement du scripteur picardisant : de Brûle-Maison au Feller-Carton, actes du colloque écrire les langues d’oil, Marcinelle (B), 27-28 sept 1997,p 33-41

2003: lemmes, supralemmes… : dilemmes. Problèmes d’indexation de l’Atlas linguistique du centre. Un mélange offert à Xavier Ravier, Université de Toulouse Le Mirail, p 63-72

2003: Ancien picard, picard moderne: quelle continuité? Actes du colloque Picard d’hier et d’aujourd’hui; université de Lille 3 ‘ 4-6 oct 2001) p 123- 136.

2003: (6 novembre) la littérature en « vray patois de Lille » au 18è siècle, conférence publique à l’Université populaire de Lille.

2003 : (8 novembre) Tourquennois et Lillois dans la littérature dialectale au 18 è siècle, conférence. Société historique de Tourcoing.

2004: un auteur picard méconnu: Jacques Decottignies (1706-1762) Bulletin du Comité Picard N° 67 p 3-6

2004: réponse à un lecteur à propos du picard, Autrefois cercle historique d’Aubers en Weppe, 73, p 5-7

2004: une naissance difficile : l’Atlas linguiste picard, les enregistrements sonores en picard moderne ». Communication au Séminaire commun Université Paris 3 et 13, CNRS

2004: l’aventure de l’Atlas linguistique picard. Qu’est-ce que la Picardie pour un linguiste? Cycle de conférences sur la langue picarde, ARPP, Amiens, 26 mars

2004: les parlers du Nord; état présent, causerie-débat, Associations des Anciens Elèves du Lycée de Tourcoing, 3 avril.

2004: orthographier le picard: aperçu historique du débat entre « phonétistes » et partisans de graphies « françaises ». Des langues collatérales. Problèmes linguistiques, sociolinguistiques et glottopoliques. LA proximité linguistique, 21-22 nov

2004: dictons du Nord Pas de Calais, linguistique picarde, 170, p 15-23

2004: Alexandre Desrousseaux et les Etrennes tourquennoises et lilloises, N° spécial, Alexandre Desrousseaux , nord, revue de critique et de création littéraire du NPDC, N° 44

2004: la notation graphique d’un parler « populaire » : les verts naïfs en vrai patois de Lille (1740-1752), Mélanges en l’honneur de Nicole Gueunier, textes réunis par Nathalie Rossi- Gensane, université François Rabelais, Tours, 2004, p 151-169

2005: expression du Nord Pas de calais, linguistique picarde, 171, p 1-12

2005: un peu, interprétation de la carte 653 de l’Atlas linguistique picard, in B.Horlot, E.Schaffrot, Simoni-Aurembou, Mélanges offerts au professeur Lothar Wolf, Centre d’études linguistiques Jacques Goudet, Hors-Série 2, université de Lyon, p 79-94

2005: Jules Mousseron ou la poésie des corons. Préface du catalogue de l’exposition « El vie est bell », concerts de Jules Mousseron à la bibliothèque municipale de Valenciennes.

2005: la langue picarde: écrire et faire lire le picard-rouchi, actes du colloque du cercle du Moul…; (association Georges Fidit), médiathèque bibliothèque François Rabelais, Aulnoy les Valenciennes.

PEDAGOGIE:

1968: considérations pédagogiques après trois années d’enseignement de l’orthophonie à Nancy, rééducation orthophonique, n°33, p 45-60

1973: intonation et pédagogie, bulletin d’audiophonologie, vol 13, p 23-39

1974: paramètres phonétiques d’une progression dans l’apprentissage de la lecture, travaux de l’institut phonétique de Nancy N° 1, p 15-44

1982: Phonétique corrective pour non spécialistes, communication à la table-ronde, rencontre mondiale et département d’études françaises, AUPELF, Lomé (Togo)

1984 : L’enseignement de la linguistique à l’Université. Résultats d’une enquête ( en coll. avec A.Delavéaa, A.Lefebvre) Buscita n°2, p 83-91

1990:La linguistique en danger, bulletin de l’association des linguistes de l’enseignement supérieur N° ?, p3-4

1991: une composante méconnue de la langue: l’intonation, Bulletin de l’Université Antananarivo (Madagascar)

1992: Section 42 du Comité national du CNRS Sciences du langage. Bilan de la législature 1987-1991 (coll. Avec C.Hudelot), où en sont les sciences du langage 10 ans après les Assises nationales de la linguistique ? P 11-25

1997: Formations en sciences du langage et débouchés professionnels, bulletin de l’association des linguistiques de l’enseignement supérieur, 1997/1, p 24-28

1998: Comment exploiter l’Atlas linguiste picard? Travaux pratiques, séminaire de maitrise sur le picard (J.Landrecies), université de Lille 3, novembre.

1998: Vie de l’ALES, chapitre 2, Compte-rendu d’activités de 1983 à 1990, bulletin de l’association de linguistes de l’enseignement supérieur, 98/1, p 19-23

2002: l’Atlas linguistique picard: mode d’emploi. Conférence aux étudiants de second cycle, université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, 28 novembre

2003 : « RLC.SHS: la section des sciences du langage au Comité national de la recherche scientifique, bulletin de l’association des linguistes de l’enseignement supérieur, 1003/1, p 10- 15

COMPTES RENDUS

1967/4 / 315-316: P.PIERRARD, Les chansons en patois de Lille

1969/2 : 170-171: M.Boudreault, Prononciation du français par le rythme

1969/4: 362-363:A.Lloyd-James, historical introduction to French Phonetics

1971/2: 171-172 : M.L.Donohue-gaudet, vocalisme et consonnantisme français

1971/3 : 264-265:J.Picoche, le parler d’Etelfay (Somme)

1971/362-363: P.Léon et P.Martin, prolégomènes à l’étude des structures intonatives

1972/3 : 258-259 : P.Léon, essais de phonostylistique

1982/2 : J.L.Duchet, la phonologie

1982/3: M.Rossi et coll. L’intonation

1982/4 / p 344-347: A.Lerond, dictionnaire de prononciation

1997/1: p 103/104 : J.Le Dû et Y Le Berre, Badume standard, norme le double jeu de la langue (actes du colloque de Brest 1994, p 103-104

PHONETICA

1967/17 : 46-47: A.Moles et B.Vallecien ed. Phonétique et phonation

1967/17: 47-48 : Pguiraud, le français populaire

1969/20 : 198-201 P.Garde, l’accent

1972/26 25: M.Philip et coll. Dialectologie structurale en Moselle germanophone

1973/28 63 : M.Calvet, le parler de saint Georges en Vivarais

1976/33 : 127-160: V.Lucci, phonologie de l’acadien

Revue de linguistique romane:

1984: 191-192: p 501-503: J.Dauby et M.Durieux . Les sentences du coq de Séraphin Jurion

1988: 205-206 : 294-297 P.Wunderli, l’intonation dans les séquences extra posées en français

1988: 207-208: 528-530 A.Matthiessen. De intonative Segmentierung französischen Aussagesdiez

1999: tome 62, n° 247-248, juillet-décembre p 524-527 : A B Hansen les voyelles nasales du français moderne, aspects linguistiques, sociolinguistiques et percéptuels des changements en cours

2000 juillet décembre : H.Jajek, universal of sounds change in Nazalization, tome 64, déc 2000, p 478-480

Revue du Nord

1969: 203- 784 – 785 : J.Chaurand les parles de la Thiérache et du Laonnois

Verbum, revue de linguistique

1978/1 : travaux de l’institut de phonétique de Nancy N° 2: A propos de quelques ouvrages récents: présent de la phonétique appliquée à l’enseignement du français langue seconde ou étrangère (recension 7 ouvrages)

1981/1: 120-123: A.Berinstein. A cross linguistic study of the perception and production of stress

1982/2: (T.I P.N N° 3) : 247-256 quelques manuels récents ed phonétique (recension de 3 ouvrages )

1984/1 : 118-122: V.Aebischer et C.Forel éd. Parlers masculins, parlers féminins ?

1998/1: Pierre Léon, phonétisme et prononciations du français, 2ème édition 1996

2001/1: Hugo Ryckeboer Le dû et Le Berre Hans Goebl

L’information grammaticale

1998, n°77: F.Argod-Dutard, éléments de phonétique appliquée, 1996, p 58 – 59

Zeitschrift für Französische Sprache und literatur

1991, E.Eggs et I.Mordellet, phonétique et phonologie du français

linguistique picarde

1971, 41, p 13-15, L.F.Flutre le moyen picard

SEMINAIRES A L’ETRANGER

1970/ Université PUC de Porto Alegre (Bresil)

1971 et 1973: université de Montréal (Canada)

1978: université de Trèves (Allemagne)

1986: Université de Toronto (Canada)

1986: université de Tuléar (Madagascar)

1998 (10/10) quelques évolutions phonétiques du français d’aujourd’hui, séminaire de l’association for french language studies, London Guildhal University 5 Royaume uni de G.B

1999 (11) université de Toronto et de York (Canada)

2004 (29/11) université libre de Bruxelles (Belgique) 2004- Quelles limites pour le picard ?

Retranscrit par Bernard Catrice

60e Congrès le compte-rendu

Dans le cadre de ses 150 ans, la Société d’Émulation de Roubaix a accueilli le dimanche 20 octobre 2019 le 60e Congrès de la Fédération des Sociétés savantes du Nord de la France.

Ce Congrès s’est tenu au Grand Hôtel Mercure de Roubaix, et près de 50 personnes, représentant 14 associations inscrites*, ont écouté les interventions et animé les débats, en plus de quelques visiteurs intéressés.

Le Congrès a débuté à 9h20.

Gilles Maury, Président de la Société d’Emulation de Roubaix, a accueilli les congressistes. Il a rappelé l’honneur d’accueillir un tel événement, à l’occasion d’un double anniversaire : les 150 ans de la première réunion documentée de la SER, et le 60e Congrès de la Fédération. Le thème, Art et Industrie, choisi pour ce Congrès, se voulait représentatif de l’histoire roubaisienne mais aussi, plus largement, de la région.

En introduction, Madame Isabelle Clauzel, Présidente de la Fédération, a replacé la question des relations de l’art et de l’industrie dans une perspective historique, commençant au Moyen-âge.

 

©GM

Après ces paroles de bienvenue, les premières interventions ont débuté :

  • Marie-Paule Baudienville, de la Société historique de Valenciennes, a présenté « Arras à l’origine de la tapisserie historiée à la fin du 13e siècle ». Elle a mis en évidence l’organisation proto-industrielle des approvisionnements en matière première, la logistique de fabrication et de gestion de ces immenses tapisseries qui ont, en outre, nécessité des infrastructures spécifiques (ateliers de grandes dimensions). La complexité des réseaux commerciaux, la dénomination même d’un « produit », les Arrazi (=Arras) sont significatifs d’un lien particulier entre la dimension artistique de la création et de ce qui était une quasi-industrie artisanale.
  • Gatien Wierez, de la Commission département du Pas de Calais, a abordé « le marchand-tapissier dans le Nord de la France au 18e siècle : le commerce des étoffes comme indicateur de la tendance d’une industrie ». Dans son intervention, il a évoqué avec des chiffres et des sources comptables la question de la quantité gigantesque de chaises ou d’assises nécessaires au 18e siècle. L’exemple de la fabrication simultanée de 110 lits pour un hôtel d’Amiens a permis d’évoquer les choix matériels et l’organisation à très grande échelle du métier de tapissier-décorateur. La aussi, la question de l’approvisionnement en marchandises prouve que l’on était dans un modèle pré-industriel, au service d’une dimension artistique du meuble.
  • Alain Blieck, de la Société Géologique du Nord, a présenté les « Ressources géologiques pour l’industrie et l’architecture dans le Nord de la France ». Il a dressé le panorama des matières premières disponibles dans le Nord (argiles, marbres et calcaires, mais aussi produits de l’extraction minière) et évoqué leur utilisation, principalement dans des réalisations architecturales, savantes ou vernaculaires, représentatives de la région. L’exemple des Grands Bureaux des Mines de Lens, où sont inscrites dans le décor des représentations des ressources du sol, ou celui du vase de Daum offert à l’un des administrateurs sur le même principe, accentuaient l’importance des ressources dans la relation entre art et industrie.

M. Blieck lors de son intervention.©XL

  • Jean Heuclin, de la Commission Historique du Nord, avec « La production artistique dans l’industrie marbrière du Nord aux 19 et 20e siècles», finit la séance de la matinée. Avec une documentation abondante et originale, il a retracé les usages intensifs des marbres locaux dans l’architecture (Versailles…), mais aussi la modernisation des machines qui ont permis d’industrialiser une production marbrière. C’était notamment le cas des cheminées au 19e siècle, mais aussi des pendules et dessus de cheminées, qui ont connu une grande popularité pendant un grand siècle. Il a évoqué aussi des personnalités, comme Léon Fagel ou Henri Vienne, qui ont été à Cousolre, capitale marbrière française, des acteurs des liens entre cette industrie et une dimension artistique recherchée.

Après le repas, servi sur place, l’après-midi a commencé par l’Assemblée générale de la Fédération au cours de laquelle l’entrée d’un nouveau sociétaire a été validée : l’Association de Généalogie de Wasquehal.

Les congressistes se sont régalés au restaurant du Grand Hôtel. ©GM

Trois autres études ont été entendues dans l’après-midi :

  • Anne-Claire Laronde, conservatrice à la Cité internationale de la Dentelle et de la mode à Calais, a exposé l’histoire industrielle et artistique de cette matière. Les liens entre le passé et l’actualité prouve la permanence des compétences, mais aussi leur évolution constante, qui doit allier, pour les « esquisseurs », une approche et une formation artistique tout autant que technique. Sources documentaires ou matérielles originales ont permis d’évoquer, au delà de la beauté de la dentelle, une industrie qui reste importante dans la région.

L’assistance intéressée par l’exposé de Madame Laronde © JD

  • Sophie Léger, du Comité d’Histoire du Haut-Pays, a présenté « formes et décors des architectures de l’industrie : le patrimoine des Watinne-Bossut, bâtisseurs d’Auchy-les-Hesdin (1859-1989) ». L’histoire d’un site industriel atypique a permis de montrer que les lieux de travail ou l’habitat ouvrier pouvaient être des lieux soignés, et que l’innovation technologique touchait même des territoires reculés. Les édifices municipaux ou des équipements, permis par la prospérité industrielle, témoignent encore des impacts positifs d’une dimension artistique omniprésente.
  • Michel David, de la Société d’Émulation de Roubaix, a clôturé le Congrès avec « Le Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix, un projet patrimonial au service de nouvelles coopérations entre artistes et entrepreneurs ». Sa communication a parachevé parfaitement l’approche multiple du thème, en revenant sur les fondamentaux des liens dynamiques que l’art et l’industrie entretiennent à Roubaix avec, comme ancien et nouveau moteur, le musée La Piscine. Le rôle des entrepreneurs, des acteurs économiques, l’émergence d’une nouvelle culture urbaine fondée sur l’art et soutenue par l’industrie sont utilisés comme liens entre le passé d’une ville et son futur possible.

Après une synthèse effectuée par Gilles Maury, les membres du Congrès ont été invités à la visite de la Maison Verte construite en 1893, première œuvre de l’architecte A. George-Dubois, et représentative des liens entre art et industrie. Devant la façade et à l’intérieur, des explications ont été données sur les artistes ayant œuvré, l’origine des matériaux, les processus de fabrication. A l’intérieur, après l’accueil par l’un des propriétaires et artiste, Hugo Laruelle, la visite du rez-de-chaussée a révélé des détails intéressants de belle qualité. Par ailleurs, la démarche artistique de H. Laruelle et son ouverture sur la ville en font un des exemples les plus récents en matière de patrimoine revitalisé par l’art.

* Les associations présentes étaient :

  • la Société archéologique et d’histoire d’Avesnes
  • l’Association généalogique de Flandres-Hainaut
  • la Commission historique du Nord
  • la Société d’Agriculture Sciences et Arts de Douai
  • le Cercle d’Histoire du Pays de Pévèle
  • le Cercle archéologique et historique de Valenciennes
  • Les Sources généalogique et historique des Provinces du Nord
  • la Commission départementale historique et archéologique du Nord Pas de Calais
  • Weppes en Flandres
  • les Amis du Vieux Calais
  • le Cercle d’études en Pays boulonnais
  • la Société historique de Villeneuve d’Ascq
  • le Comité d’Histoire de Roquetoire
  • la Société d’Émulation de Roubaix.

Une famille démocrate-chrétienne de Flandre : Les Diligent

Victor DILIGENT (1881-1931) et son fils André DILIGENT (1919-2002), tous les deux avocats et anciens de « la Catho », sont deux importantes figures de la démocratie chrétienne qui méritent d’être évoquées tour à tour avec leurs similitudes et leurs différences.

L’existence du premier fut d’une grande richesse intellectuelle, morale et politique. Président du Sillon du Nord, proche de l’abbé Lemire, conseiller des syndicats libres, combattant de la Grande Guerre, il n’a toutefois jamais réussi à être élu député, contrairement à son fils chez lequel on retrouve – avec bien des nuances – la foi profonde, le catholicisme social, le patriotisme, les talents d’orateur…

André DILIGENT a été non seulement un militant actif, et parfois un dirigeant, des partis centristes d’inspiration chrétienne, depuis le MRP jusqu’à la nouvelle UDF (comme Victor pour le PDP), mais il a aussi rempli de multiples mandats (conseiller municipal, adjoint au maire, député, sénateur, député européen) dont celui de maire de Roubaix (1983-1994) lui a sans doute été le plus cher.

Jeudi  28 novembre 2019  à 14h30, par Jean-Marc Guislin, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université de Lille

Les conférences de la Commission historique du Nord sont ouvertes au public, dans le cadre d’un partenariat avec les Archives départementales.

Conférences de la Commission Historique du Nord 2020

Elles ont lieu dans la Salle de Conférences des Archives départementales du Nord (2ème étage) pour la première partie de l’année universitaire 2019/2020 les jeudis indiqués ci-après, en principe à 15 h (entrée gratuite par suite d’un partenariat culturel entre la CHN et les ADN).

– 30 janvier 2020 Céline Drèze (UC Louvain , actuellement ATER à l’université de Poitiers), « La musique dans les collèges jésuites de la France du Nord (XVIIe-XVIIIe siècles) »

– 27 février 2020 Laurence Baudoux (présidente de la Commission départementale du Pas de Calais), « Approche comparée des Joyeuses Entrées des souverains au XVIe siècle en Flandre, Hainaut et Artois »

– 26 mars 2020 Jean Heuclin (vice-président de la CH Nord), « Waudru, Vincent, Aldegonde, Walbert et Bertille, une famille mérovingiennes de «saints» du Hainaut placée sous le microscope »

– 23 avril 2020 Ali Mechri (doctorant en histoire de l’art moderne), «Les églises à plan centré dans la partie française du diocèse de Tournai de Louis XIV à la Révolution (les exemples de Sainte-Marie-Madeleine à Lille et de Notre-Dame de Grâce à Loos).
https://chn.hypotheses.org/category/conferences-2

Conférences de la Commission Historique du Nord 2019

Elles ont lieu dans la Salle de Conférences des Archives départementales du Nord (2ème étage) pour la première partie de l’année universitaire 2019/2020 les jeudis indiqués ci-après, en principe à 15 h (entrée gratuite par suite d’un partenariat culturel entre la CHN et les ADN).

– 24 octobre 2019 Philippe Diest (enseignant-chercheur en histoire contemporaine, Institut catholique de Lille) , « La Revanche au quotidien ? Les relations entre l’armée et les civils par rapport aux infrastructures militaires (1871-1914) »

– 28 novembre 2019 Jean-Marc Guislin (professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Lille), Une famille démocrate –chrétienne de Flandre, les Diligent

– 19 décembre 2019 Jean-Marc Playoust (professeur en CPGE au lycée Baggio de Lille) , « Une histoire méconnue, les cercles et les groupes artistiques dans le Tournaisis et le Hainaut belge dans l’entre-deux-guerres »

Le Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix

Contribution de Michel DAVID (Société d’Émulation de Roubaix) lors du Congrès de la Fédération des Sociétés Savantes :

« Le Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix : un projet patrimonial au service de nouvelles coopérations entre artistes et entrepreneurs « 

Le musée La Piscine doc BnRx

Le Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix André Diligent, inauguré dans une ancienne piscine Art Déco (Architecte Albert Baert) en 2001, a constitué un projet majeur au service de la politique culturelle de la ville de Roubaix et de son projet de renouvellement urbain. Il a marqué sur le plan symbolique la construction d’un nouveau récit sur le thème de la renaissance. Ses espaces restaurés ont mis en valeur les conceptions hygiénistes qui étaient au cœur du socialisme municipal. Les symboles maçonniques comme la référence au cloître monacal donnaient à ce projet une profondeur mythologique et un discours universaliste. Musée d’Art et d’Industrie, ses collections permanentes racontaient les goûts et l’idéologie des familles qui ont construit l’industrie textile. Ce témoignage est complété par une collection exceptionnelle de tissus. Ainsi le cœur du projet scientifique du musée témoigne des coopérations entre artistes, ingénieurs et entrepreneurs.

Reprenant le fil de son histoire, le Musée a permis d’initier de nouveaux projets contemporains où les relations entre art et industrie sont en cours de réinvention : ouverture prochaine d’un grand espace de coworking au sein de l’office du tourisme dédié aux projets artistiques et patrimoniaux sur le patrimoine ; installation du quartier des Modes et de nombreuses initiatives qui font de Roubaix une place forte du nouveau textile, entre design et technologies. On doit évoquer aussi l’association des Amis du Musée qui a permis le retour de nombreuses personnalités issues de l’industrie à Roubaix. Je vais donc évoquer les permanences de cette relation art-industrie mais aussi les nouveaux motifs qui s’imposent (entrepreneuriat culturel, design, numérique).

Préfiguration 1835 doc Musée la Piscine

Partons donc de la création de ce musée. L’histoire du musée de Roubaix commence en 1835 avec la réunion, dans de grosses reliures, d’échantillons de la production textile locale. Puis le musée industriel de Roubaix est confié aux bons soins de Théodore Leuridan, archiviste et bibliothécaire municipal. Ce premier établissement est constitué des éléments significatifs de l’activité industrielle roubaisienne, et est donc considéré par ses initiateurs, des manufacturiers associés à l’épopée économique de la ville, comme la mémoire à conserver de la révolution industrielle. Ce premier musée garantissait donc la pérennité d’un patrimoine et glorifiait l’aventure économique et technique exceptionnelle qui se déroulait à Roubaix. Cet esprit pionnier de la Capitale Textile marqua durablement la personnalité du Musée.

L’Ensait CP méd Rx

En 1862 le musée est installé au second étage d’une ancienne filature, déjà occupée par la bibliothèque et les archives communales. La ville soucieuse de relever le niveau de son industrie textile sollicite de l’Etat la création à Roubaix d’une école professionnelle de qualité. En 1889 l’école est ouverte. Le bâtiment est largement consacré aux collections du musée. Le musée est réparti sur 3 niveaux. Au rez-de-chaussée, une galerie de sculptures propose un mélange de pièces originales modernes et de moulages en plâtre de modèles anciens choisis. Cet espace est dédié également à la présentation des objets d’art et notamment de la collection de céramiques de Sèvres. Cette coopération aves Sèvres permettra par exemple l’acquisition du portique de Sandier pour la bibliothèque du Pavillon français de l’exposition internationale de Gand, portique que vous pouvez admirer dans la perspective du grand bassin. La galerie latérale est consacrée aux collections d’histoire naturelle et le premier étage entièrement attribué aux tissus anciens. Vous connaissez cet équipement, il s’agit de l’ENSAIT, Ecole Nationale Supérieure d’Art et d’Industrie Textile, bel édifice qui fait face au Musée La Piscine. Ces collections seront complétées sous l’autorité de son directeur Victor Champier par des legs et des acquisitions pour renforcer la partie artistique, singulièrement picturale. On connait la suite ; le musée reste fermé à la Libération. Il faudra attendre 2001 pour qu’il ouvre de nouveau en majesté, après une longue préfiguration dans l’aile gauche de l’Hôtel de ville, dans la Piscine rénovée par l’architecte du Musée d’Orsay, Jean-Paul Philippon. Cette piscine art déco, construite par Albert Baert, avait été au début des années 30 un emblème revendiqué du socialisme municipal porté par le maire Jean Lebas, démonstration des idées de l’hygiénisme social, dans une ville où la santé était un enjeu permanent.

Faisons donc un premier point ; héritier d’un projet de musée industriel dont les premières pièces furent des échantillons textiles, le Musée la Piscine, érigé face à l’ancienne localisation du Musée industriel, a repris le fil de cette histoire avec une grande subtilité qui doit beaucoup au génie de son conservateur Bruno Gaudichon : valorisation des collections qui témoignent de l’évolution du goût de la bourgeoisie locale, place inédite au premier étage de collections exceptionnelles d’échantillons de tissus, évocation en majesté du legs de la céramique de Sèvres.

En 2018, une première extension a permis de mettre en valeur ces liens entre collections et histoire, tout en enrichissant avec force la place de la sculpture, dans le prolongement de la galerie de sculptures qui ouvrait autrefois la visite du Musée dans les locaux de l’ENSAIT. Et une future extension, déjà dans les limbes, pourrait proposer une collection exceptionnelle de céramique contemporaine et une valorisation méritée de la tissuthèque, dont les collections largement numérisées sont déjà accessibles aux professionnels par abonnement.

Ainsi, le lien entre le Musée et l’économie est son essence même. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Ces liens font-ils partie de l’héritage, sillon perdu avec la mort de l’industrie textile, ou connaissent-ils une nouvelle actualité ?

Si, dans l’histoire du Musée, cette coopération prenait la forme d’une patrimonialisation des collections de tissus issues de l’industrie textile et d’autre part des œuvres acquises par des collectionneurs exemplaires du milieu patronal, l’actualité voit se nouer des nouvelles alliances avec les industries créatives et l’économie urbaine.

Mais avant, évoquons un détail significatif ; on dit volontiers que  « le combat de coqs » de Rémy Cogghe est avec la « petite Châtelaine » de Camille Claudel, la Joconde de Roubaix. A Rome, ce disciple de Cabanel qui allait s’illustrer comme néo-naturaliste initia à l’impressionnisme des artistes danois – un portrait de Cogghe a d’ailleurs été retrouvé à Copenhague – et se lia d’amitié avec un certain Théodor Esbern Philipsen, parent par alliance de Paul Gauguin. Or Paul Gauguin travailla quelques semaines chez Lemaire et Dillies. Paul Gauguin représente un temps l’entreprise à Copenhague. Présence furtive d’un artiste certes, mais qui nous permet de tirer un fil : comme le rappelle l’excellent blog des ateliers Mémoire de Roubaix, en 1885, l’entreprise Dillies Frères, située dans le quartier des Longues Haies, devient l’usine Lemaire et Dillies. L’activité repose sur la filature et la fabrique de tapis ainsi que la teinturerie de cotons filés. Dans un contexte industriel très favorable, l’usine atteint son apogée dans la première moitié du XXe siècle. Son caractère emblématique justifie que cette usine soit le cadre du roman de Maxence Van Der Meersch consacré aux grèves de 1936 et à la JOC « Pécheurs d’Hommes ». Puis le déclin s’amorce en 1968 pour déboucher sur sa fermeture définitive en 1981. Elle est depuis reconvertie en site universitaire, INFOCOM.

Voyons maintenant les liens nouveaux entre le Musée, les artistes et l’économie.

Dans un paysage ravagé par la destruction de l’industrie textile, c’est peu de dire que la question économique est posée dans des termes nouveaux à Roubaix. Il s’agit d’abord de relancer une économie urbaine mitée par les friches et l’effondrement de l’immobilier. Il s’agit ensuite de faciliter l’implantation de nouvelles activités, à forte composante numérique, et qui dans le champ des industries créatives, nécessitent des liens nouveaux entre artistes créateurs et créatifs et production. Enfin de plus en plus l’artiste est lui-même un entrepreneur.

Sur le premier point, le Musée a été exemplaire du nouveau récit proposé par la Municipalité. Établissement phare du socialisme municipal, fermé dans les années 70 du fait de son obsolescence technique, sa réouverture est le symbole du renouvellement de la ville, de sa renaissance par la culture. La ville renouvelée emprunte aux registres symboliques maçonniques et chrétiens qui sont très présents dans la structure (le cloître) et les décors le thème de la renaissance : il y a un bien une vie urbaine possible après la mort textile. Le Musée est dès lors le totem, autour duquel la communauté locale est invitée à se rassembler pour incarner une identité nouvelle, postindustrielle et multiculturelle, et l’image de la rosace se reflétant sur la surface du bassin en devient le signe iconique.

Mais le symbole s’incarne aussi dans des projets concrets. La culture est mise au service d’un nouveau développement urbain en s’inspirant de l’exemple de Bilbao, ville industrielle dont l’image a été transfigurée par l’image futuriste de son musée Guggenheim. Le Musée va donc servir de point d’appui à la relance de l’économie urbaine du secteur compris entre l’avenue Jean Lebas et la gare. Par une logique de petits pas, une forme de guerre de position, un premier noyau se construit autour du parvis du Musée : construction de logements privés, rénovation de l’ENSAIT, traitement de l’espace urbain. Les avantages de la Zone France Urbaine et les investissements de la Métropole de Lille permettent de relancer l’activité de cette avenue qui avait vu des commerces péricliter. La création du Quartier des Modes va permettre à des jeunes créateurs de lancer leur activité dans l’environnement immédiat du Musée qui leur assure un flux de visiteurs. A côté du Musée, le Grand Bassin accueille des créateurs et des artisans d’art dans des box temporaires et une boutique, une galerie d’Art Contemporain ouvre, la QSP avec une forte activité dans la céramique contemporaine grâce au militantisme de l’association le Fil Rouge, des restaurants et une librairie apparaissent ; des évènements viennent scander cette longue bataille de la reconquête : Nuits des Arts, Marchés des Modes, et Journées du patrimoine deviennent des dates fortes de l’agenda métropolitain.

Le campus gare

Le terrain est balisé pour passer à la seconde étape, qui voit émerger autour d’une gare de style industriel qui mérite d’être réanimée, un campus Gare qui porte à 10000 le nombre d’étudiants présents sur Roubaix. Un nouveau point d’appui est en cours de consolidation, qui permettra de prolonger la reconquête vers le secteur de l’Alma, où trône la vieille dame de la Redoute en pleine renaissance et l’incubateur de e-commerce, Blanchemaille by Euratechnologies et vers le secteur de l’Epeule-Alouette, où se nichent les locaux de travail du prestigieux ArtPoint M et l’atelier de l’artiste américain JonOne, mondialement connu. La relocalisation à proximité de l’Office du Tourisme, qui s’apprête à ouvrir la Bobine, un tiers-lieu dédié aux entrepreneurs et projets liés au tourisme et au patrimoine, l’implantation dans les locaux d’une draperie des ateliers Jouret, un espace de production pour artistes et artisans d’art, qui a tellement bien marché, qu’un second lieu de production artistique dédié au Street Art, Remyco, vient d’ouvrir …rue Rémi Cogghe. Il n’y a pas de hasard.

Dans les faits, le Musée a été la pierre de fondation du renouvellement progressif de tout un quartier et participe de fait à la renaissance d’une nouvelle filière textile-Mode.

Sur le second point, il nous faut évoquer à travers quelques exemples significatifs les compagnonnages nombreux entre les artistes et le musée, base d’appui cette fois-ci du lancement ou du développement de leur carrière, ou encore de coopérations inédites entre les artistes et l’économie.

Esmod et le Musée doc Le Musée La Piscine

Un premier exemple nous est donné par la collaboration entre ESMOD, école supérieure de Mode et le Musée. « Pour la 12e année consécutive, lors du traditionnel défilé ESMOD qui s’est tenu le vendredi 15 juin 2018, La Piscine a eu l’honneur de décerner son prix « Coup de Cœur » à un jeune talent de la création textile formée dans la prestigieuse école ESMOD de Roubaix. Depuis 1991 et l’exposition « Les États du Lin », première exposition textile organisée par le musée dans sa préfiguration, les relations entre l’école et le musée ont toujours été fructueuses, mais informelles jusqu’en 2007 quand, à la demande de la direction de l’école, La Piscine a l’honneur de décerner un premier prix « Coup de Cœur » à un jeune talent de la couture formé par ESMOD Roubaix.

Le coup de cœur 2018 doc Le Musée La Piscine

Cette année, le musée a été séduit par la collection Irisse et a décerné son prix à la talentueuse Nathalie Tamwo. Cette collection, dont le travail du tissu est remarquable, associe avec justesse les traditions africaines et les tendances contemporaines. Le musée a donc acquis une des pièces créées par cette jeune créatrice. Elle intégrera la riche collection mode du musée aux côtés de Jean-Paul Gaultier, Kenzo, Castelbajac ou Agatha Ruiz de La Prada. Des coopérations régulières existent aussi entre le Musée et Maisons de Mode.

Second exemple, Roubaix est devenue en quelques années une place forte de la céramique contemporaine. L’histoire du musée de Roubaix suit finalement plus une logique anglo-saxonne où la question de l’objet et notamment du recours à des artistes pour créer des univers et des décors de qualité est très prégnante dans la constitution même des collections. L’art de la céramique est arrivé on l’a évoqué avec les importants envois de la Manufacture de Sèvres dès la fin du XIXème siècle. Le mobilier, le design et la scène céramique contemporaine ont complété ce regard singulier depuis une trentaine d’années jusqu’à devenir, dans les collections et la programmation du musée, une spécialité régulièrement enrichie par des achats, des dons et d’importants dépôts du Fonds national d’art contemporain.

Lors de l’ouverture de la préfiguration en 1991, le projet scientifique et culturel du futur musée donne à la céramique une place essentielle dans le parcours muséal. De nouveaux et importants dépôts sont sollicités auprès des collections nationales, notamment un exceptionnel ensemble de céramiques de Picasso qui intègre le musée en 1995. Lors de l’installation du nouveau Musée d’Art et d’Industrie, en 2001, la céramique trouve naturellement sa place dans l’espace identitaire et préservé du lieu : le grand bassin, lui-même écrin de céramique lui accordant ainsi une visibilité primordiale.

En parallèle aux expositions qui présentent les contributions à la céramique des grands noms de l’histoire de l’art – Dufy, Picasso, Chagall, Pincemin, Pignon … – la Piscine poursuit sa mission de montrer à un public de plus en plus intéressé et séduit, le travail d’artistes qui utilisent la terre et le feu dans des créations résolument contemporaines et plastiques : Buthod-Garçon, Rousseau, Lanos, McKirdy, Musel, Damas, Besengez, Larpent, Karp …

Á l’occasion de la réouverture du musée, après de grands travaux d’agrandissement, face au chef d’œuvre de la Manufacture Nationale de Sèvres ( le Portique de 1913 de Sandier), près de la collection des céramiques modernes (Picasso, Dufy, Dalou, Jourdain, Duncan Grant, Colette Guéden, Guidette Carbonell, Pignon, Chagall …) ce mur monumental, dessiné par le scénographe Cédric Guerlus, abrite, dans des écrins de verre, la quasi entièreté de la collection contemporaine de céramiques essentiellement enrichie grâce au soutien fidèle et à l’engagement de la Société des Amis du Musée. Ce mur est le passage obligé entre le bassin et les nouvelles ailes du musée. Sans nul doute, ce travail a permis l’émergence de nouveaux lieux comme de nouveaux ateliers d’artistes, faisant de Roubaix une adresse renommée de cet art en fort développement.

On doit encore évoquer la remarquable collaboration entre Mahjoub Ben Bella, les 3 suisses et le Musée. Né en Algérie, en 1946, Mahjoub Ben Bella est d’abord élève à l’Ecole des Beaux-Arts d’Oran avant de suivre son directeur, Claude Vicente, à Tourcoing en 1965. Après avoir suivi les cours de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris de 1970 à 1975, il s’installe définitivement à Tourcoing où il vit et travaille depuis 1975. Très fortement inscrit dans la scène artistique régionale, il a plusieurs fois exposé au musée de Roubaix – notamment pour présenter les résonances de son travail dans l’univers du décoratif (textile, céramique…)

La Société 3 Suisses a constitué une collection d’œuvres d’art (Fabrice Hyber, Christoforou, Warhol…) réunissant des signatures nationales et des références régionales. A l’occasion de la mue de l’entreprise, les 3 Suisses se sont rapprochés de La Piscine pour assurer une pérennité aux archives créatives de l’entreprise et notamment pour que soit conservés les modèles des produits que diffusait le catalogue de vente par correspondance et qui avaient été commandés à des personnalités en vue de la mode et du design. Ce qui permet de rappeler que le peintre avait apporté sa contribution en 1997, avec le label des musées de Roubaix, Tourcoing et Desvres, dans le catalogue L’Exemplaire, diffusé par les 3 Suisses.

On l’aura compris, l’originalité du lien entre le musée, les artistes et l’économie est la continuité d’un rapport inscrit dans l’ADN du projet et son adaptation aux mutations contemporaines. La tissuthèque en est l’exemple le plus probant et nous terminerons sur ce sujet.

On se rappelle qu’à sa fondation en 1835, le musée de Roubaix était exclusivement consacré au tissu. Aujourd’hui, la fragilité de ces tissus oblige à limiter leur temps de présentation à la lumière. Cela explique aussi que l’éclairage soit limité en intensité. Les tissus exposés sont donc changés 3 à 4 fois par an. Néanmoins, un service spécifique du musée, la tissuthèque, permet au public – notamment aux professionnels – d’accéder sur rendez-vous à ce fonds exceptionnel de dessins textiles, de pièces de tissus et d’échantillons. L’accès est soumis à un abonnement annuel avec prises de rendez-vous pour la consultation des archives sur place. Les photos sont payantes et téléchargeables en haute définition depuis le site de consultation. Pimkie, Promod, Kiabi, Know-how consulting, Art connexion (pour un artiste Taiwanais Michael Lin: projet d’une grande fresque à la gare Lille Europe) sont par exemple abonnés. Sans nul doute le développement de la tissuthèque deviendra un point d’appui précieux pour la nouvelle filière mode-textile, où la mode durable s’enrichira de la créativité héritée comme de la vitalité des artistes contemporains.

Les conditionnements

C’est le 11 août 1857 que le Conseil municipal de Roubaix vote la création d’une Condition publique des soies et laines, dont les statuts sont approuvés par Décret impérial du 31 août 1858.

Le but du « conditionnement » consiste à calculer le taux d’humidité de la laine brute afin de déterminer le poids réputé « loyal et marchand » à facturer, le taux légal étant de 18,25 %. En fonction de ce taux, la facture est revue soit à la baisse, soit à la hausse. En d’autres termes, cela permet de ne pas payer de l’eau au prix de la laine ! Pour cela, un échantillon de la laine à tester est desséché à 110° pour obtenir une masse anhydre, cet échantillon est ensuite repesé, ce qui permet de déterminer « le taux de reprise ».

La ville installe donc ce Conditionnement dans une maison de la rue du Château. En raison de l’augmentation des quantités de laines à traiter, cet établissement se révèle très vite exiguë et dès 1862, le Conseil municipal envisage la construction d’un autre Conditionnement.

Cependant, en 1865 puis en 1876, des travaux d’extension y sont réalisés. Il faut attendre la séance du 7 février 1879 du Conseil municipal pour qu’une commission soit créée afin de rechercher un terrain. Elle choisit un terrain appartenant à la famille Wibaux compris entre la rue du Fontenoy et la rue Stephenson en raison de la proximité des voies de chemin de fer qui permettent de raccorder l’établissement. Une partie de la rue Stephenson est déclassée afin de constituer une parcelle assez vaste pour accueillir à la fois le Conditionnement et les Magasins généraux.

Déjà en 1889 il a trop d’embouteillages !

C’est l’architecte en chef des services des bâtiments, M. Richez, qui établit les plans de ce nouveau Conditionnement. Le total des travaux est chiffré à 370.000 francs. Sur le boulevard d’Halluin, le bâtiment de façade reçoit de part et d’autre d’un passage couvert : à gauche le logement du directeur et à droite le logement du concierge, l’infirmerie, un petit magasin, un atelier de réparation. Derrière est construit un bâtiment central qui abrite, entre autres, huit groupes de six appareils de dessiccation. Cet édifice est construit à partir de la fin de l’année 1880 et ouvert en 1882.

La condition publique du boulevard d’Halluin Méd Rx

Mais de nouveau, dès 1889, ces nouvelles installations se révèlent insuffisantes, il leur est aussi reproché d’être excentrées et, de plus, la proximité du passage à niveau provoque des embouteillages.

C’est pourquoi en 1893, le Conseil municipal projette la construction d’une « succursale ». En raison de l’opposition des Magasins généraux ce sera la Chambre de Commerce qui fera construire ce nouveau Conditionnement après qu’elle ne soit autorisée par un décret du 27 Octobre 1899.

Le conditionnement de la Chambre de Commerce Méd Rx

Ce nouveau Conditionnement est bâti sur une parcelle de 9.511 m² appartenant à M. Alfred Motte. Elle est située entre la rue Monge, la place Faidherbe et le boulevard de Beaurepaire. C’est l’architecte Albert Bouvy (1857-1938) qui est chargé de l’édification, l’entrepreneur étant M. Pennel.

L’architecte dresse les plans d’un édifice aux dimensions impressionnantes : la façade mesure 244 mètres de long sur une hauteur de 10 mètres. A l’intérieur, nous trouvons deux immenses magasins de 2.600 m² l’un, et de 2.500 m² l’autre. Ils sont séparés par un vaste passage de 12 mètres de largeur en forme de U qui évoque une véritable rue couverte. Il existe un sens de circulation pour les camions, l’entrée se situant place Faidherbe et la sortie boulevard Beaurepaire.

Le bureau du Directeur compte 33 pièces…

A droite de l’entrée, se trouvent les bureaux du Directeur et des employés ainsi que la salle des étuves qui mesure 370 m² de superficie. Au premier étage, le bureau du Directeur ne compte pas moins de 33 pièces ! Et cet appartement possède un jardin suspendu situé au-dessus de la pièce d’encaissage. Le bâtiment est construit en béton armé système Hennebique.

Le toit en terrasse repose sur des piliers métalliques. Ce toit est recouvert de 4 couches de papier goudronné avec 10 cm de gravier. Au fil des ans, de la poussière s’y est déposée si bien que les herbes folles y ont poussé lui donnant l’aspect d’une vaste prairie.

Les façades sont constituées de travées répétitives coiffées d’arcs en plein cintre. L’architecte a utilisé la polychromie des briques vernissées, chaque pilastre séparant les travées est orné en son milieu d’un cabochon de lave émaillée représentant un motif floral. Le soubassement est en pierre de Soignies. Les portes d’entrée et de sortie aux dimensions monumentales (5 mètres de large) sont agrémentées d’arcs en plein cintre en fer forgé. Deux têtes de bélier encadrent l’entrée rappelant symboliquement le travail de la laine. Les murs intérieurs reçoivent aussi une décoration soignée. Le 23 avril 1909, le Conseil municipal décide de fusionner l’établissement du boulevard d’Halluin et sa « succursale » de la place Faidherbe sous l’unique direction de la Chambre de Commerce.

Le Conditionnement fonctionnera jusqu’en 1972

L’activité du Conditionnement est intense, il compte parmi les premiers de France. En 1922, 30.076 tonnes de laine peignée sont vérifiées place Faidherbe. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’occupant allemand entrepose dans le hall de gauche du matériel militaire : canons, matériel de sondage, projecteurs… En 1944, les Allemands essaient de faire sauter le hall mais les dégâts seront minimes. Puis ce sont les Anglais qui utiliseront le Conditionnement. L’établissement fonctionnera jusqu’en 1972, date à laquelle, il se repliera vers les locaux du boulevard d’Halluin avant de partir sur Tourcoing puis sur Lille.

Le bâtiment est vendu à l’entreprise de transport Valcke. D’autres sociétés occuperont aussi les locaux : les meubles Coucke, la société SMIT… Entre 1996 et 1998, le Conditionnement sert de lieu de stockage pour les laines à tricoter Phildar. En 1998, en raison de la grande qualité de son architecture, le Conditionnement est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

La ville le destine à devenir un haut lieu de la vie culturelle roubaisienne avec une halle de 3 000 places et une salle plus petite de 200 places assises.

 

D’après les renseignements de Monsieur BOUDAILLIEZ

Dernier Directeur du Conditionnement de Roubaix