60e Congrès le compte-rendu

Dans le cadre de ses 150 ans, la Société d’Émulation de Roubaix a accueilli le dimanche 20 octobre 2019 le 60e Congrès de la Fédération des Sociétés savantes du Nord de la France.

Ce Congrès s’est tenu au Grand Hôtel Mercure de Roubaix, et près de 50 personnes, représentant 14 associations inscrites*, ont écouté les interventions et animé les débats, en plus de quelques visiteurs intéressés.

Le Congrès a débuté à 9h20.

Gilles Maury, Président de la Société d’Emulation de Roubaix, a accueilli les congressistes. Il a rappelé l’honneur d’accueillir un tel événement, à l’occasion d’un double anniversaire : les 150 ans de la première réunion documentée de la SER, et le 60e Congrès de la Fédération. Le thème, Art et Industrie, choisi pour ce Congrès, se voulait représentatif de l’histoire roubaisienne mais aussi, plus largement, de la région.

En introduction, Madame Isabelle Clauzel, Présidente de la Fédération, a replacé la question des relations de l’art et de l’industrie dans une perspective historique, commençant au Moyen-âge.

 

©GM

Après ces paroles de bienvenue, les premières interventions ont débuté :

  • Marie-Paule Baudienville, de la Société historique de Valenciennes, a présenté « Arras à l’origine de la tapisserie historiée à la fin du 13e siècle ». Elle a mis en évidence l’organisation proto-industrielle des approvisionnements en matière première, la logistique de fabrication et de gestion de ces immenses tapisseries qui ont, en outre, nécessité des infrastructures spécifiques (ateliers de grandes dimensions). La complexité des réseaux commerciaux, la dénomination même d’un « produit », les Arrazi (=Arras) sont significatifs d’un lien particulier entre la dimension artistique de la création et de ce qui était une quasi-industrie artisanale.
  • Gatien Wierez, de la Commission département du Pas de Calais, a abordé « le marchand-tapissier dans le Nord de la France au 18e siècle : le commerce des étoffes comme indicateur de la tendance d’une industrie ». Dans son intervention, il a évoqué avec des chiffres et des sources comptables la question de la quantité gigantesque de chaises ou d’assises nécessaires au 18e siècle. L’exemple de la fabrication simultanée de 110 lits pour un hôtel d’Amiens a permis d’évoquer les choix matériels et l’organisation à très grande échelle du métier de tapissier-décorateur. La aussi, la question de l’approvisionnement en marchandises prouve que l’on était dans un modèle pré-industriel, au service d’une dimension artistique du meuble.
  • Alain Blieck, de la Société Géologique du Nord, a présenté les « Ressources géologiques pour l’industrie et l’architecture dans le Nord de la France ». Il a dressé le panorama des matières premières disponibles dans le Nord (argiles, marbres et calcaires, mais aussi produits de l’extraction minière) et évoqué leur utilisation, principalement dans des réalisations architecturales, savantes ou vernaculaires, représentatives de la région. L’exemple des Grands Bureaux des Mines de Lens, où sont inscrites dans le décor des représentations des ressources du sol, ou celui du vase de Daum offert à l’un des administrateurs sur le même principe, accentuaient l’importance des ressources dans la relation entre art et industrie.

M. Blieck lors de son intervention.©XL

  • Jean Heuclin, de la Commission Historique du Nord, avec « La production artistique dans l’industrie marbrière du Nord aux 19 et 20e siècles», finit la séance de la matinée. Avec une documentation abondante et originale, il a retracé les usages intensifs des marbres locaux dans l’architecture (Versailles…), mais aussi la modernisation des machines qui ont permis d’industrialiser une production marbrière. C’était notamment le cas des cheminées au 19e siècle, mais aussi des pendules et dessus de cheminées, qui ont connu une grande popularité pendant un grand siècle. Il a évoqué aussi des personnalités, comme Léon Fagel ou Henri Vienne, qui ont été à Cousolre, capitale marbrière française, des acteurs des liens entre cette industrie et une dimension artistique recherchée.

Après le repas, servi sur place, l’après-midi a commencé par l’Assemblée générale de la Fédération au cours de laquelle l’entrée d’un nouveau sociétaire a été validée : l’Association de Généalogie de Wasquehal.

Les congressistes se sont régalés au restaurant du Grand Hôtel. ©GM

Trois autres études ont été entendues dans l’après-midi :

  • Anne-Claire Laronde, conservatrice à la Cité internationale de la Dentelle et de la mode à Calais, a exposé l’histoire industrielle et artistique de cette matière. Les liens entre le passé et l’actualité prouve la permanence des compétences, mais aussi leur évolution constante, qui doit allier, pour les « esquisseurs », une approche et une formation artistique tout autant que technique. Sources documentaires ou matérielles originales ont permis d’évoquer, au delà de la beauté de la dentelle, une industrie qui reste importante dans la région.

L’assistance intéressée par l’exposé de Madame Laronde © JD

  • Sophie Léger, du Comité d’Histoire du Haut-Pays, a présenté « formes et décors des architectures de l’industrie : le patrimoine des Watinne-Bossut, bâtisseurs d’Auchy-les-Hesdin (1859-1989) ». L’histoire d’un site industriel atypique a permis de montrer que les lieux de travail ou l’habitat ouvrier pouvaient être des lieux soignés, et que l’innovation technologique touchait même des territoires reculés. Les édifices municipaux ou des équipements, permis par la prospérité industrielle, témoignent encore des impacts positifs d’une dimension artistique omniprésente.
  • Michel David, de la Société d’Émulation de Roubaix, a clôturé le Congrès avec « Le Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix, un projet patrimonial au service de nouvelles coopérations entre artistes et entrepreneurs ». Sa communication a parachevé parfaitement l’approche multiple du thème, en revenant sur les fondamentaux des liens dynamiques que l’art et l’industrie entretiennent à Roubaix avec, comme ancien et nouveau moteur, le musée La Piscine. Le rôle des entrepreneurs, des acteurs économiques, l’émergence d’une nouvelle culture urbaine fondée sur l’art et soutenue par l’industrie sont utilisés comme liens entre le passé d’une ville et son futur possible.

Après une synthèse effectuée par Gilles Maury, les membres du Congrès ont été invités à la visite de la Maison Verte construite en 1893, première œuvre de l’architecte A. George-Dubois, et représentative des liens entre art et industrie. Devant la façade et à l’intérieur, des explications ont été données sur les artistes ayant œuvré, l’origine des matériaux, les processus de fabrication. A l’intérieur, après l’accueil par l’un des propriétaires et artiste, Hugo Laruelle, la visite du rez-de-chaussée a révélé des détails intéressants de belle qualité. Par ailleurs, la démarche artistique de H. Laruelle et son ouverture sur la ville en font un des exemples les plus récents en matière de patrimoine revitalisé par l’art.

* Les associations présentes étaient :

  • la Société archéologique et d’histoire d’Avesnes
  • l’Association généalogique de Flandres-Hainaut
  • la Commission historique du Nord
  • la Société d’Agriculture Sciences et Arts de Douai
  • le Cercle d’Histoire du Pays de Pévèle
  • le Cercle archéologique et historique de Valenciennes
  • Les Sources généalogique et historique des Provinces du Nord
  • la Commission départementale historique et archéologique du Nord Pas de Calais
  • Weppes en Flandres
  • les Amis du Vieux Calais
  • le Cercle d’études en Pays boulonnais
  • la Société historique de Villeneuve d’Ascq
  • le Comité d’Histoire de Roquetoire
  • la Société d’Émulation de Roubaix.