Le Tilleul et Courcelles

Le TILLEUL
Ce fief tenu de la Seigneurie de Roubaix à un chapon de relief consistait en un carrefour de chemins avec tous les profils d’un tilleul qui était planté et que le possesseur avait le droit de remplacer sans autrement entraver le chemin.
Au 16e siècle, Martin SORYS, Guillaume du PRET, Guillaume POLLET et son fils Gilles possédèrent successivement LE TILLEUL.
Le recensement de 1763 attribue 28 ménages au THILLOEUIL et la cense TIERS DUTHOIT se trouvait au chemin du Tilleul. Ce hameau se situait au carrefour des actuelles rues de Lannoy et Jules Guesde (cette dernière s’appelait auparavant rue du Tilleul).
En 1867, le propriétaire, Roger DESREUX accepte la suppression du Tilleul et la démolition de la chapelle Notre-Dame de la Délivrance, à la condition que celle-ci soit reconstruite à l’identique un peu avant le croisement. Cette chapelle, qui contient une Vierge habillée à l’espagnole cachée sous un manteau de bois, est toujours visible, rue Jules Guesde, engoncée dans l’alignement des maisons.
 
COURCELLES
Il était divisé, en 1441, en deux fiefs du même nom : l’un de sept bonniers neuf cents, tenu successivement par Jacques de LESPIERRE, Willaume du PRET, Simon FOURNIER, Demoiselle Marguerite de Passy ; l’autre de 6 bonniers tenu par Jean du Bos de Tourcoing, auquel succéda Willaume de LESPIERRE.
En 1458, Jean CARPENTIER, seigneur de la Vigne en devient le possesseur. Onze bonniers furent commués en terres renteuses, les deux bonniers restants comprenant une motte amassée de maison, grange, étables et autres édifices, le tout enclos de fossés : chaingles, jardins, hayes et prés, quelques rentes et l’exercice de la justice vicomtière.
Notre rue de Courcelles qui part de la rue de Lannoy pour se terminer rue Pierre de Roubaix est tracée sur l’ancien chemin qui menait à la cense.
En 1520, le Censier de Courcelles est de ceux qui vont quérir des pierres à Lezennes pour l’église de Roubaix.
Le 21 avril 1766, Charles Auguste Joseph Farvaque d’Haubourdin, seigneur de Courcelles, accorde à bail la ferme ne contenant plus que trois bonniers sept cents au prix annuel de 180 florins.
 
 Francine DECLERCQ

La Pontenerie

Nous pouvons rêver au Roubaix champêtre, que l’ère industrielle a relégué dans les souvenirs qui composent son histoire, en contemplant la vue du château et de la cense de la Pontenerie, l’une des trois consacrées à Roubaix par un chanoine de la cathédrale d’Ypres sous l’épiscopat du célèbre Jansénius, Antoine Sanders. Il profita de ses nombreux voyages dans la Région pour réunir une collection inestimable de dessins et rédiger son ouvrage monumental sur la description de notre province, la « Flandria illustrata » dont les deux premiers tomes ont paru en 1641/1644. Le troisième, consacré à la Flandre wallonne et au Tournaisis, est resté manuscrit.

La famille éponyme est citée dès 1249, précédant 100 ans plus tard la famille de Werquigneul. Par succession, une branche légitimée de la Maison de Luxembourg garda le fief et ses 26 bonniers (36 ha) jusqu’à sa vente en 1532 à Guillaume Petipas, bourgeois de Lille et grand propriétaire foncier. Son fils, Hippolyte, fit construire une chapelle castrale et légua le domaine à son frère Charles, maïeur de Lille, anobli en 1600. Les trois petits fils de celui-ci, puis ses descendants, furent successivement seigneurs de la Pontenerie jusqu’à la vente en 1788 à Louis Charles de Lespaul de Lespierre. Ses héritiers s’en séparèrent en 1817.

La veuve des deux derniers censiers fut la belle mère de Henri Delattre-Libert, filateur, Maire de Roubaix, et de Joseph Pollet, filateur (ancêtre d’Henri, le fondateur de La Redoute).

Jean Lebas (1878-1944), ministre du travail et Maire de Roubaix, mort en déportation, naquit rue de Denain près du parc et des ruines du manoir sur lesquels ont été bâtis le lycée qui porte son nom et une piscine. L’urbanisation intense du 19e siècle a désenclavé le fief et ses terres en le transformant en quartier de la ville avec des usines et des habitations ouvrières.

Philippe A. RAMMAERT

Beaurepaire et Beaurewart

Le quartier qui s’étend sur les terres des importantes censes de Beaurepaire et de Beaurewart (24 et 33 bonniers, soit 34 et 46 ha) symbolise le combat pour la reconnaissance de Roubaix-Campagne par rapport à l’importance de plus en plus grande de Roubaix-Ville dans la première moitié du XIXe siècle, la lutte entre deux catégories de notables, les fabricants et les censiers.

Le fermier de Beaurepaire n’obtiendra pas l’érection en commune indépendante de la partie rurale qui s’amenuisa d’une manière régulière pour laisser la place à l’extension de l’habitat, destiné à loger la main d’œuvre, venue en masse de la Belgique, et de nombreuses usines s’implantant à proximité du canal, du chemin de fer et d’un quadrillage de voies de communications nouvelles.

L’absence de concertation et de législation appropriée ne permit pas d’imaginer un plan d’urbanisme qui aurait régulé la croissance anarchique qui transforma le bourg en importante ville industrielle en l’espace de 50 ans.

Beaurepaire, qui donna l’appellation du boulevard et du quartier, était le fief de la famille du même nom. Pierre de Surmont, marchand et bourgeois de Lille, originaire de Tourcoing, en devint propriétaire et le transmit à sa fille épouse en 1730 de Pierre de Corbie, conseiller au Parlement, anobli, petit-fils de Pierre de Bischop, bailli de Wattrelos, fondateur de l’hospice des Vieux Hommes, et de Marie Anne Le Zaire, fille du censier de Beaurewart,

Cette dernière cense faisait partie du domaine du seigneur de Roubaix et ses terres avaient été progressivement réunies au début du XVIIIe siècle aux censes voisines. En 1796, Floris Delaoutre-De Frenne, Maire de Roubaix, fit don à la commune d’un terrain, au lieudit « Champ de Beaurewart », qui devint le second cimetière vite abandonné.