Beaumont

Lorsqu’un Roubaisien voulait se rendre au Château de Beaumont, situé à la limite d’Hem et de Croix, il devait emprunter la rue Neuve (rue du Maréchal Foch), rue du Moulin (rue du Haut Moulin-rue Jean Moulin), rue du Petit Beaumont et chemin vicinal n°8 du Petit Beaumont (rue de Beaumont et rue Edouard Vaillant). Sur ce sentier campagnard qui conduit du lieu-dit Raverdi vers l’Empenpont à Hem, existait une vieille cense exploitée par Monsieur Jean Baptiste CRUQUE. Cette cense dite Petit Beaumont ainsi appelée à cause de son voisinage avec la grande seigneurie de Beaumont, a été occupée pendant plusieurs siècles par la famille DESTOMBES.
En 1834, Jean Baptiste DESTOMBES était l’un des Censiers les plus virulents, s’élevant contre l’établissement du droit d’octroi sur les récoltes. Lorsque les fermiers roubaisiens levèrent l’étendard de la révolte, ils n’étaient plus alors que 122, possédant 500 vaches, 700 hectares de pâturages, 5 hectares de labours. Ils fournissaient annuellement, 30.000 kilos de beurre et 100.000 oeufs.
Malgré cela, le Petit Beaumont a laissé peu de traces dans l’histoire, mais il a donné son nom au hameau dont il est le centre. Là s’ élève aujourd’hui l’Eglise Saint-Jean-Baptiste.
Longtemps a subsisté cette dernière ferme de Roubaix qu’on appelait la Ferme CRUQUE, lorsqu’elle fut abattue en 1955. Monsieur Louis CRUQUE en était alors le propriétaire.
Située à l’ angle de la rue de Beaumont et de la Place du Travail, la ferme CRUQUE, dite Ferme du Petit Beaumont a été remplacée par une école et un restaurant renommé, de type rural, connu sous le nom du Petit Beaumont.
Sources :
Les rues de Roubaix – Théodore Leuridan 1914
Les rues de Roubaix – Les Flâneurs – tome 1
Evénements mémorables – Jean PIAT- 1986.

La Pontenerie

Nous pouvons rêver au Roubaix champêtre, que l’ère industrielle a relégué dans les souvenirs qui composent son histoire, en contemplant la vue du château et de la cense de la Pontenerie, l’une des trois consacrées à Roubaix par un chanoine de la cathédrale d’Ypres sous l’épiscopat du célèbre Jansénius, Antoine Sanders. Il profita de ses nombreux voyages dans la Région pour réunir une collection inestimable de dessins et rédiger son ouvrage monumental sur la description de notre province, la « Flandria illustrata » dont les deux premiers tomes ont paru en 1641/1644. Le troisième, consacré à la Flandre wallonne et au Tournaisis, est resté manuscrit.

La famille éponyme est citée dès 1249, précédant 100 ans plus tard la famille de Werquigneul. Par succession, une branche légitimée de la Maison de Luxembourg garda le fief et ses 26 bonniers (36 ha) jusqu’à sa vente en 1532 à Guillaume Petipas, bourgeois de Lille et grand propriétaire foncier. Son fils, Hippolyte, fit construire une chapelle castrale et légua le domaine à son frère Charles, maïeur de Lille, anobli en 1600. Les trois petits fils de celui-ci, puis ses descendants, furent successivement seigneurs de la Pontenerie jusqu’à la vente en 1788 à Louis Charles de Lespaul de Lespierre. Ses héritiers s’en séparèrent en 1817.

La veuve des deux derniers censiers fut la belle mère de Henri Delattre-Libert, filateur, Maire de Roubaix, et de Joseph Pollet, filateur (ancêtre d’Henri, le fondateur de La Redoute).

Jean Lebas (1878-1944), ministre du travail et Maire de Roubaix, mort en déportation, naquit rue de Denain près du parc et des ruines du manoir sur lesquels ont été bâtis le lycée qui porte son nom et une piscine. L’urbanisation intense du 19e siècle a désenclavé le fief et ses terres en le transformant en quartier de la ville avec des usines et des habitations ouvrières.

Philippe A. RAMMAERT