Le Nouveau Roubaix

C’est sur les terres de trois fermes très anciennes que le quartier du Nouveau Roubaix s’est constitué après la Première Guerre mondiale : les censes de la Haye, de Gourguemez et de la Petite Vigne. Leur emplacement était le suivant : la cense de la Haye se trouvait à l’emplacement de l’immeuble de la rue Charles Fourier, dit « la banane », la cense de Gourguemez un peu plus à l’ouest au milieu du débouché des rues Palissy et Carpeaux, en amont de l’avenue Delory, où elle voisinera un temps avec l’usine Pollet. La ferme de la Petite Vigne se situait au sud est de la grande ferme de la Pontennerie qui a donné son nom au quartier.

La cense de la Haye est issue d’une vieille famille noble évoquée dès 1245, dont les membres ont porté le titre de rois des Timaux, qui étaient une terre franche de Fâches. Il fallait être Chevalier pour être Echevin ou Roi de cette terre entièrement libre de la Châtellenie de Lille. La cense de la Haye aura parmi ses fermiers des membres des familles Castel, Prouvost, Spriet, Desprets et Dhalluin dont beaucoup ont été échevins de Roubaix. Cité en 1136, le nom de Gorgomès s’éteint dès la première moitié du XIIIe siècle. La terre de Gorghemés devient la propriété des religieuses de Marquette, puis échoit à la famille de Croix. La cense de Gourguemez aura comme fermiers les familles Verdière, Renard, Bossut et Boussemart.

La cense de la Vigne est citée dans un dénombrement de 1401 et tient son nom de celui d’un homme du fief de Jean de Roubaix. Lorsque les fermiers demandèrent en 1834 l’érection du territoire rural de Roubaix en commune séparée, le censier de la Petite Vigne, Coisne, faisait partie des pétitionnaires. Elle appartiendra ensuite à l’industriel Louis Cordonnier qui en a fait une grande propriété qu’il appellera les Près.

Un plan de Roubaix de 1919 montre que la surface des terres comprises entre ces fermes est déjà remplie à moitié : de nouvelles usines sont apparues entre la rue de Beaumont (future rue Edouard Vaillant) et l’avenue Linné. Le boulevard de Fourmies créé comme voie particulière en 1892 permet ainsi d’accéder aux filatures Dazin Motte, et Ternynck (aujourd’hui Damart).

A l’origine de la création de ce nouveau quartier, la société immobilière Lemaire et Lefebvre continuent de vendre les terres agricoles pour les différents projets d’urbanisme. A l’initiative privée succéderont les projets publics.

Les jonctions du Boulevard de Fourmies et de la rue Ingres au Boulevard industriel (future avenue Alfred Motte), délimiteront ainsi le futur quartier du Nouveau Roubaix. C’est en effet dans cet espace que seront construites les fameuses habitations à bon marché (HBM). Ce projet de développement de l’urbanisme roubaisien fut entrepris dès 1923 par l’équipe municipale de Jean Lebas et se poursuivra jusqu’aux années trente.

 

Philippe WARET