Louise Delmasure et « l’aide aux mères »

(NB, mai 2019 : voir également le n°19 de Gens et Pierres de Roubaix)

LOUISE DELMASURE FONDATRICE DE L’ASSOCIATION « L’AIDE AUX MÈRES DE FAMILLE DE ROUBAIX »

Mariés en avril 1913, le couple habite 33, rue Daubenton et leur première fille, Lisette (Mr et Mme Pierre Catrice) naît en 1914. La première guerre mondiale sépare les époux, elle part à Paris puis se réfugie à Arcachon. 

A la fin de la guerre, elle retourne à Roubaix et s’installe 150 bis, rue du Collège, dans une maison contigüe à l’entreprise « Delmasure Fils », négoce de laine. Sa vie est alors une suite de naissances et de soins aux enfants : de 1914 à 1934, elle met au monde 12 enfants dont 10 filles et 2 garçons.
Toutes les maladies y passent et le décès douloureux d’un petit Bernard âgé de 2 ans d’une broncho-pneumonie la touche profondément. « Ce qui fit ma santé, disait-t-elle, c’est le mois de repos que je m’impose après chaque naissance et l’aide dévouée de personnes fidèles » à qui elle prodiguait amitié et affection.
 
Malgré sa charge familiale, elle se rend chaque jour à pied de la rue du Collège à la rue Sébastopol soigner sa mère paralysée à la suite d’une congestion cérébrale. Femme de devoir, son sens pédagogique était net : « Il faut, il ne faut pas », « ne pas rester inoccupée… », « On fait ce que l’on doit faire »… Elle apprenait à lire à ses enfants avant la scolarisation (7 ans).
Vers 1928, elle réalise la nécessité de se faire aider car elle a 8 enfants en bas âge et la difficulté d’y parvenir. Elle pense aux mamans fatiguées et songe aux jeunes filles disposant d’un peu de temps qui pourraient rendre d’appréciables services, tout en acquérant des connaissances ménagères.
C’est ainsi que s’organisent des activités telles que les promenades du jeudi, le service du raccommodage, les garderies d’enfants dans des jardins, l’aide aux courses, les bourses aux livres de classes et de vêtements…
Tout cela se fit dans un échange bénévole de services qu’on appelait « l’œuvre d’entraide » et « le secours aux mamans ». Avec la participation de mesdemoiselles Delerue et Despré au dévouement total, progressivement, une petite indemnité intervint.
Monsieur Delmasure, militant familial, perçoit qu’il faut assurer la continuité dans l’action en mettant en place une structure permanente. Dès 1930, il apprend qu’à Paris l’idée a fait son chemin autour de madame Violet en 1920 et plus tard à Versailles, Lyon ou Marseille. Roubaix fait école à Lille et Tourcoing. L’association pour l’aide aux mères de famille est créée. Elle a son siège au 2 rue de la Sagesse et en expansion, au 49, boulevard Gambetta, au 6, rue Sébastopol et à ce jour 48, rue du Maréchal Foch.
Dans la période entre les deux guerres Mme Delmasure permit à son mari l’action sociale militante qu’il eut dans la région du Nord. Réciproquement, il l’a aidée, conseillée, épaulée lors de la Fondation de « L’Association de l’Aide aux Mères ».
La guerre de 1940 amène la famille à La Réole en Gironde, en zone non occupée. Des trésors d’économies et d’ingéniosité sont débloqués pour nourrir quinze à vingt personnes : enfants, parentée, des jeunes démilitarisés, des juives en transit vers l’Espagne, tout ce monde que, là-bas, on appelait « les boches du Nord ».
Cette deuxième guerre lui occasionne l’angoisse de la séparation d’avec son mari, délégué régional à la Famille à Marseille. Pendant quatre années, elle a transcrit sur des cahiers la vie au jour le jour de cette période.
A Roubaix, en 1943 Annette Delmasure, sa fille, prend le relais de Mlle Despré et organise suivant les directives de Madame Violet à Paris et Mlle Isnard à Lyon, un foyer pour loger, la semaine, les jeunes filles sorties des écoles ménagères du Pas-de-Calais, en recherche de travail. Cette formule durera 30 années et permit une excellente formation d’avenir pour les jeunes filles, en même temps qu’une parfaite disponibilité aux appels des familles.
L’indemnité du début devient salaire, une profession était née. La « Travailleuse Familiale » succède à « L’Aide aux Mères ». Le financement régulier par la Caisse d’Allocation Familiale se substitua aux subventions. La Direction départementale d’Action Sociale, la Caisse d’Assurance Maladie interviennent devant le prix horaire qui s’élève, les familles ne participant qu’en fonction de leurs ressources.
 
Vers 1950, d’autres organismes se créent avec des objectifs spécifiques. 120 associations se regroupent en une Fédération Nationale reconnue d’Utilité Publique. Après le décès de son mari en 1978, Madame Delmasure, invalide et dépendante décède chez sa fille le 22 avril 1986 au 6, rue Sébastopol.
Elle fut baptisée, confirmée, mariée, inhumée en l’église Saint Martin de Roubaix et décorée de la Médaille d’Or de la Famille Française. En 1957, elle est faite Chevalier de la Santé Publique.
 
En 1996, l’Aide aux Mères de famille a répondu à l’appel de 456 familles de Roubaix, Tourcoing et environs. Cette association se nomme aujourd’hui AMFD (Aide aux Mères et Familles à Domicile) et son siège social se situe maintenant Résidence Flandre, entrée 19 – avenue de Flandre 59170 Croix.
  
 Les Veilleurs
 
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