L’Hôtel Pierre Catteau

Les origines de Pierre CATTEAU

Pierre, Antoine, Louis Catteau est né le 16 mai 1820 à Comines. Il est le fils de Pierre Catteau et d’Henriette Lawick. Il est issu d’une famille de fabricants de rubans. Son aïeul, Charles Catteau avait créé son entreprise de ruban en fil de lin au milieu du 18e siècle.

En 1788, il y employait 44 ouvriers. Pierre Catteau termina à Boulogne-sur-Mer des études qu’il avait commencées au Collège des Jésuites de Brugelette. Il arriva en 1844 à Roubaix et créa son entreprise rue de la Fosse-aux-Chênes. Il s’orienta vers des tissus chaîne-soie qui remportèrent un vif succès. Doué d’un goût très sûr, ses produits étaient de véritables merveilles de dessins et de coloris. Cela expliqua le constant essor de sa fabrique.

En 1869, le registre des patentes nous apprend qu’il est taxé au maximum pour son tissage du 30, de la rue de la Fosse-aux-Chênes. Il y était associé à ses frères : Charles et Louis qui résidaient à Comines et Adolphe qui demeurait à Roubaix. Pierre Catteau, quant à lui, habitait au 41, rue du Grand Chemin.

En 1885, pour cause d’extension, son tissage se situait au 121, rue du Grand Chemin, une filature de 8.800 broches lui était adjointe. Cette filature lui appartenait en propre. En ce qui concerne le tissage, il restait associé à ses frères. En plus, il était associé à Edouard BODIN, demeurant au 30, rue Nain, au sein d’un tissage de plus de 200 métiers situé au 52, rue Saint Maurice. Quant à son frère Adolphe, toujours en 1885, il était à la tête d’une retorderie de 3.550 broches et d’un tissage boulevard d’Armentières ainsi que d’un second tissage comprenant 73 métiers à bras pour tissus d’ameublement au 15, rue de la Chapelle Carrette.

Plusieurs distinctions…

Les mérites de Pierre Catteau lui valurent de recevoir de nombreuses distinctions. En 1862, il reçut une mention honorable à l’exposition de Londres. En 1867, à Paris, il obtint une médaille d’argent. En 1873, le jury de l’Exposition universelle de Vienne lui décerna une médaille de progrès, sa plus haute distinction. L’année suivante, un décret du 27 juillet le nommait Chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur pour « services rendus à l’industrie ». Enfin, en 1878, il obtint à Paris la médaille d’or.

L’Hôtel particulier de Pierre CATTEAU

Pierre Catteau se fit construire au 45, rue du Grand Chemin son Hôtel particulier. Nous savons qu’il habitait dans cette rue depuis au moins 1869. Les archives municipales possèdent le plan, daté du 15 avril 1876, d’un terrain d’une surface d’un hectare vingt neuf ares qui s’étendait entre la rue des Fleurs et la rue du Grand Chemin. C’est sur ce terrain acheté peut-être à ce moment là qu’il décida de faire construire son hôtel particulier agrémenté d’un grand parc.

Square Catteau ©D. Toussaint

Le même architecte que pour le parc de Barbieux…

Pour l’habitation, il s’adressa au grand architecte roubaisien Edouard Dupire-Rozan (1844-1901). Ce dernier lui proposa plusieurs projets : c’est le projet d’un hôtel bâti entre cour et jardin avec deux ailes en retour sur la cour qui fut choisi. Pour le parc, l’architecte Georges Aumont fut consulté, les archives possèdent une étude signée de lui, datant du 19 mai 1878. Le parc tel qu’il est réalisé est la réplique de ce projet, il est donc très probable que Georges Aumont en soit l’auteur. Cela expliquerait la ressemblance avec le Parc Barbieux tracé à la même époque par ce même architecte. Il semble que le parc ait été terminé en 1880 car, le 19 août eut lieu une grande fête dans les jardins, fête relatée par la presse.

En ce qui concerne la maison, en 1880, elle n’est pas entièrement achevée puisqu’en avril 1883, le dallage sur le jardin est en projet et qu’en septembre 1884, les épis de faîtage de la toiture sont encore à l’étude. L’architecte Edouard Dupire construisit pour Pierre Catteau un Hôtel particulier très inspiré de la Renaissance. L’Hôtel ne possède qu’un étage et est surmonté de hautes toitures d’ardoises. Les matériaux utilisés sont la brique et la pierre. La façade sur cour est très ornée. Elle se compose d’un avant-corps central, entouré de façades latérales légèrement en retrait. On accède au portail d’entrée par un perron. Cette porte d’entrée est surmontée d’un fronton interrompu orné d’un angelot. De chaque côté nous trouvons un oculus.

De part et d’autre de cet avant-corps central tout en pierre, la façade est percée de quatre hautes fenêtres séparées par des pilastres ioniques à bossage. Au premier étage, la baie centrale est entourée de deux niches qui devaient abriter des statues n’existant plus actuellement. De part et d’autre, l’étage ne possède qu’une seule baie pourvue d’une balustre. Au-dessus on trouve un fronton triangulaire interrompu par une lucarne ornée d’un fronton curviligne.

Ce bâtiment se prolonge vers la cour par deux ailes à deux étages où l’on retrouve l’usage des pilastres à bossage. Si l’Hôtel en fond de cour était réservé à l’habitation de Pierre Catteau, les deux ailes servaient, au rez-de-chaussée, de remise et d’écurie et les étages abritaient le personnel. Deux porches ornés d’une tête de cheval assurent la jonction avec le bâtiment en front à rue.

Un parc comme un havre de paix

L’histoire du bâtiment sur rue est complexe. Il est possible qu’il soit antérieur à la construction de l’Hôtel particulier et qu’il n’a été que modifié, rhabillé par Edouard Dupire. Ce bâtiment abritait très probablement les bureaux et les magasins de l’entreprise de Pierre Catteau. La façade sur rue est crépie. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont rectangulaires, celles du premier étage sont en plein cintre, celles du second étage possèdent un arc surbaissé orné d’un claveau saillant. Neuf lucarnes surmontées d’un fronton triangulaire et deux oculi s’inscrivent dans la pente du toit. Un grand porche monumental permet d’entrer dans la cour.

Intéressons-nous maintenant à la façade sur jardin qui est également très ornée. La façade reprend la structure d’un avant-corps central entouré de deux façades latérales. L’avant-corps central est surmonté d’un toit pentu orné d’une lucarne à balustre dont les montants sont décorés d’atlantes. Au rez-de-chaussée, les portes-fenêtres s’ouvrent sur une grande terrasse. Il est d’ailleurs à noter que le Trichon sous sa voûte longe cette terrasse.

Au premier étage, au-dessus des baies bigéminées, nous trouvons un cartouche où s’inscrit le monogramme PC, monogramme que nous retrouvons dans de nombreuses pièces à l’intérieur de la maison.

Pour ce qui est du parc, un réseau d’allées sinueuses entoure un plan d’eau où, de nos jours, barbotent quelques canards. La végétation qui a atteint sa maturité a pris un aspect majestueux qui donne à ce parc un rôle de havre de paix dans le quartier. Le long de la rue Rémy Cogghe, où se trouve actuellement l’aire de jeux pour les enfants, s’élevait à l’origine une orangerie.

A une certaine époque, le parc possédera un kiosque à musique, les archives en possèdent les plans datés de 1881. Ce kiosque, qui enjambait le plan d’eau, a actuellement disparu.

 

Docteur Xavier Lepoutre

Vice-Président de la Société d’Emulation de Roubaix

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