Alfred Reboux et le Journal de Roubaix

LE SUCCESSEUR

Alfred Reboux est né à Lille le 13 Mars 1848, et son destin est très vite lié à celui du Journal de Roubaix. L’anecdote veut qu’il ait été associé très jeune au lancement du Journal à sa création, le 18 juin 1856 [1]: le premier journal fut tiré par Alfred Reboux, alors qu’il n’avait que huit ans. Lorsque tout fut prêt, au moment décisif, on amena l’enfant à l’atelier, un ouvrier le prit dans ses bras, et lui fit tirer le levier, après quoi, il retira lui même la feuille imprimée et la remit à son père.

Le Journal de Roubaix a multiplié ses éditions et paraît désormais quotidiennement depuis 1869. Les bureaux et le matériel ont été transportés au n°1 de la rue Nain. Alfred Reboux écrit son premier article dans le Journal de Roubaix à l’âge de 18 ans. Lorsqu’il succède à son père, il a 24 ans et c’est lui qui va progressivement transformer la modeste imprimerie paternelle, en une entreprise industrielle.

Alfred Reboux, patron de presse

Alfred Reboux fonde à Lille le journal La Dépêche (1879) et  le Nouvelliste du Nord Pas de Calais (1882). Il fusionne dans ces journaux l’ancien Mémorial de Lille, et l’ancien Propagateur, dont il s’était rendu propriétaire. Puis ces journaux passeront à une société lilloise en 1886. Il est propriétaire directeur du Journal de Roubaix, mais également du Courrier de Tourcoing et de la Gazette d’Armentières. Sa seconde femme qui lui succédera évoque ses projets et ses réalisations dans une conférence [2]: il avait rêvé de doter notre région d’organes destinés à défendre les idées de liberté et d’égalité qui étaient les siennes.(…) C’est chez lui que s’initient des fondateurs de journaux comme l’abbé Trochu, directeur de l’Ouest Eclair. Il conçoit une vaste Agence de Presse réalisée après lui…

La profession lui rendra hommage en faisant de lui le Président d’Honneur de l’Association professionnelle des journalistes du Nord, lors de la création de cet organisme. Alfred Reboux a donc passé la vitesse supérieure : le publiciste se fait journaliste, voire reporter. Le directeur de journal devient un patron de presse.

Esprit pratique et éclairé, il avait compris l’importance de la grande presse populaire à bon marché, et le premier en France, il fit paraître son journal à six et à huit pages, ne reculant pour lui devant aucun sacrifice [3].

Le formidable développement du Journal de Roubaix s’appuie sur des éléments bien précis : la modernisation de ses équipements, un grand réseau de distribution, une bonne agence de presse, une conception forte des devoirs du journaliste, et une forte imprégnation de la vie publique et politique. A ce dernier point, Alfred Reboux consacra huit ans de sa vie.

Alfred Reboux en politique

La politique l’accapare bientôt : il se présente comme catholique, libéral et démocrate. Il est candidat au Conseil d’Arrondissement en 1880, et il échoue de peu. A l’occasion des élections complémentaires des 16 et 23 Avril 1882, il est élu avec un frère des Ecoles Chrétiennes, et il entre au Conseil Municipal sous la mandature de Léon Allart. La majorité est aux républicains radicaux, et l’heure est aux grandes lois laïques. Ses joutes oratoires avec Emile Moreau resteront célèbres et dépasseront largement cette époque. L’hommage d’Alfred Reboux à son vieil adversaire en 1889 montre assez le caractère du directeur du Journal de Roubaix :

« Si les partis politiques avaient le sentiment de la reconnaissance, il y a dix ans que Monsieur Emile Moreau serait député de Roubaix ».

En 1884, il est réélu, cette fois-ci dans un Conseil Municipal majoritairement conservateur, sous la mandature de Julien Lagache. Il est omniprésent et participe à un grand nombre de commissions, sans toutefois cesser de s’occuper de son journal, pour lequel il est au cœur des débats, et par lequel il influe parfois sur ces mêmes débats. Le journaliste n’a pas longtemps hésité à utiliser les informations de première main que lui fournissait l’homme politique. Les élections générales des 6 et 13 mai 1888 voient la fin de sa carrière politique, mais il poursuit le débat en se consacrant désormais à la direction de son journal.

[1] Anecdote rapportée par l’Echo du Nord cité par le Journal de Roubaix du 13 Avril 1908.

[2] Conférence donnée par Madame Reboux Hottiaux à l’école de journalisme de l’Université Catholique en mars 1930

[3] Extrait de l’éditorial de la Rédaction du Journal de Roubaix du 12 avril 1908.

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