Sommaire n°5 Avril 2008

N°5

Denise Prouvost-Franchomme Bernard SCHAEFFER

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2

Editorial Bernard SCHAEFFER

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4

Roubaix à travers les âges III Gaston MOTTE

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5

Maurice Maes 1897 – 1961 Alain DELSALLE

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11

Roubaix et l’archéologie Philippe SCHAEFFER

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14

La muse de Nadaud – Ses présidents Jean JESSUS

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18

Cinq siècles de vie religieuse à Roubaix – I Xavier LEPOUTRE

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19

Ferdinand de Lesseps Philippe WARET

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31

Les cantines scolaires à Roubaix Joël RAVIER

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33

Histoire des marques roubaisiennes déposées – Les éléphants Philippe WARET

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35

Jacques Brel fait ses adieux à la scène au Casino de Roubaix Francine DECLERCQ – Laurence MOURETTE

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37

Le site Internet de la SER www.histoirederoubaix.com

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39

Sommaire n°4 Octobre 2007

N°4

Germaine Lantoine Neveux

par

René Pierre BUFFIN

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4

Editorial

par

Bernard SCHAEFFER

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5

Roubaix à travers les âges II

par

Gaston MOTTE

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7

Les monuments historiques § Roubaix

par

Laurence MOURETTE

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11

Roubaix et les monuments historique, protection et classement

par

Pierre LEMAN

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12

L’église Saint Joseph

par

Laurence MOURETTE

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15

Roubaix et la musique

par

Philippe WARET

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16

50 ans de textile roubaisien à travers sa publicité

par

Stéphane MATHON

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17

André Missant

par

Florent VANDEMORTERE

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30

La muse de Nadaud – Ses présidents

par

Jean JESSUS

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32

Le jour où les tramways ont disparu de Roubaix

par

Philippe WARET

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33

Maxence Van der Meersch et les étrangers

par

Michel DAVID

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35

Le drame de l’église St Michel

par

Gens § Pierres de Roubaix

page

37

La société des artistes roubaisiens

par

Alain DELSALLE

page

38

Roubaix …. au féminin pluriel

par

Bernard SCHAEFFER

page

39

Chronique littéraire

par

Bernard LEMAN

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42

Roubaix la fierté retrouvée, Le secret des Mulliez,

Histoire de la libération de Roubaix et Tourcoing

 

Sommaire n°3 mars 2007

Sommaire n°3 Mars 2007

Abel Leblanc, peintre page 4

Éditorial par Bernard SCHAEFFER page 5

Vive Roubaix ! Partition Par FAVIEURILLE – ERBAUT page 6

Roubaix à travers les âges par Gaston MOTTE page 7-10

Jean de Roubaix et Isabelle et Isabelle du Portugal par Denise PROUVOST page 11-13

Église Saint Martin – Cloches et carillon par Gaston MOTTE page 14

Silas Auguste Broux par Dominique VALLIN-PITEUX page 17

Amédée Prouvost par Jean JESSUS page 19

Le château Vaissier « Palais du Congo » par Gilles MAURY page 21

Charles Gounod à Roubaix par Francine DECLERCQ – Laurence MOURETTE page 33

Louis Catrice par Philippe WARET page 35

Madame Motte Delattre par Gaston MOTTE MULLIEZ page 37

Mamadou N’Diaye par Michel DAVID page 38

Motte-Bossut, l’Usine par Xavier LEPOUTRE page 40

La Chronique littéraire de Bernard LEMAN page 42

Le peintre Abel Leblanc, Le textile dans le Nord, Roubaix de A à Z

Jules Verne à Roubaix

Jules Verne

2005 sera l’année de la célébration du centenaire de la mort de Jules Verne. Nous nous devions bien de contribuer à cette célébration, car l’auteur des Voyages Extraordinaires a fait l’honneur d’une visite à Roubaix. Cela se passait il y a 125 ans et nous allons en témoigner.

La visite de Jules Verne dans la ville aux mille cheminées

Le 18 mars 1880, vers 13 h 27, deux voyageurs descendent du train de Lille, dans la petite gare triste de Roubaix. En effet, à cette époque, la grande ville industrielle n’a pas la gare que nous connaissons encore de nos jours, ni cette superbe avenue1 qui aurait permis à nos visiteurs de rejoindre la Grand Place rapidement. Il ne semble pas que telle ait été leur destination. Le Journal de Roubaix, qui est le plus grand quotidien et le plus informé de la ville, ne mentionne aucune réception municipale pour Jules Verne et l’imprimeur Danel.

Car c’est Jules Verne en personne, qui rend visite à la cité du textile. A 52 ans, le grand écrivain est célèbre, il a déjà plus de vingt ans de littérature à son actif. Célèbre, mais pas forcément reconnu. Le Journal de Roubaix qui fait allusion à sa venue par un entrefilet paru le lendemain de la visite, cite des titres en se trompant légèrement, ce qui est étonnant pour un journal d’habitude si rigoureux : Voyage autour du monde, pour le Tour du monde en 80 jours, Six semaines en ballon, au lieu des Cinq semaines initiales, seuls Michel Strogoff et l’île mystérieuse, sans doute plus récents, échappent à l’écornage.2 Doit-on à un typographe distrait ces coquilles, ou l’auteur de l’article n’a-t-il fait que survoler l’œuvre de Jules Verne ? Il est vrai que le romancier n’a pas forcément de bonnes relations aux yeux du quotidien roubaisien : son éditeur Pierre-Jules Hetzel est républicain, publie Victor Hugo et Proudhon, et a lancé en 1864 le Magasin d’Education et de Récréation, une revue bimensuelle destinée à la jeunesse et aux familles. Il compte parmi ses auteurs un camarade d’exil, Jean Macé, le fondateur de la ligue de l’enseignement et grand militant laïque.

Qu’est donc venu faire Jules Verne à Roubaix ? On a dit de lui qu’il était un visionnaire, qu’il avait anticipé un grand nombre d’inventions dans ses Voyages Extraordinaires3. Mais Jules Verne est plutôt un vulgarisateur de la science, qui, à défaut d’être un scientifique lui-même, se documente énormément, et a le souci de la cohérence et du détail. Roubaix est donc un terrain d’investigation et il va visiter plusieurs entreprises qui lui permettront d’avoir une vision d’ensemble de la fabrication textile.

Le peignage Amédée Prouvost

C’est ainsi qu’il se rend à la filature de MM. Motte, Legrand et Mille, située au n°22 de la rue des longues haies, puis à l’entreprise de teinturerie et d’apprêts de M. Alfred Motte à deux pas, rue du Coq Français. Il rejoindra le tissage mécanique d’Henri Delattre père et fils aux n°10 à 18 rue du Curoir, et terminera par le peignage mécanique de M. Amédée Prouvost, rue du Fort et du Collège. Pour terminer son périple, il ira admirer la tapisserie des Flandres fabriquée par l’entreprise Prouvost jeune, au n°33 rue des Lignes. Vraisemblablement perturbé, le journaliste roubaisien se trompe de peignage, citant MM. Allard-Rousseau, ce qui entraîne une rectification dans un second article tout aussi bref. Jules Verne a-t-il rencontré les industriels au moment de sa visite ? Rien ne permet de l’affirmer. Sans doute a-t-il été accueilli par le directeur de chaque fabrique, et guidé par les techniciens qui pouvaient lui fournir les renseignements nécessaires.

L’article mentionne le but supposé de la venue de l’écrivain en ces termes : il est sans doute venu chercher dans notre centre industriel quelque nouveau type dont il ferait le héros d’un de ses futurs ouvrages. Non décidément, on n’a pas lu Jules Verne au Journal de Roubaix. Bizarre, quand le même journal publie en feuilleton depuis quelques semaines le très sombre et très triste Sans Famille d’Hector Malot publié chez …Hetzel !

Les visites se sont effectuées au pas de charge. Arrivé par le train en début d’après midi, Jules Verne quitte Roubaix vers 19 heures. Ses observations ont-elles été utilisées dans un roman paru ultérieurement ? Le meilleur moyen de le savoir, c’est de nous pencher à nouveau sur l’œuvre d’un homme qui a bercé notre enfance, et qui un jour s’est intéressé à la ville aux mille cheminées. N’était ce pas un titre à la Jules Verne ?

1 Il faudra attendre 1882 pour l’avenue et 1888 pour la gare.

2 5 semaines en ballon 1862, le Tour du Monde en 80 jours 1872, l’île mystérieuse 1874, Michel Strogoff 1876.

3 Les Voyages Extraordinaires sont composés d’une série de 62 romans.

Cet article a paru dans la revue Gens et Pierres de Roubaix n°1  de Janvier 2006

Sommaire n°2 Septembre 2006

Éditorial par Bernard Schaeffer page 5

Roubaix et la peinture : Arthur Van Hecke par Alain Delsalle pages 6-7

Roubaix poète : Louis Decottignies par Jean Jessus pages 8-9

Roubaix et l’archéologie :

une ferme gauloise à Roubaix par Gilbert Tieghem et Philippe Schaeffer pages 10-11

Roubaix l’immigrée :

l’arrivée des harkis à Roubaix par Michel David pages 12-13-14

Les étrangers à Roubaix en 1913 par Edmond Derreumaux page 15

Histoire de nos écoles :

École maternelle et primaire Blaise Pascal par Laurence Mourette pages 16-17

Le Panthéon roubaisien :

Théodore Delahousse, médecin roubaisien par le Docteur Xavier Lepoutre page 18

Marie Thérèse Declercq La Dame des Anges par Laurence Mourette page 19

Théme les architectes roubaisiens: pages 20 à 31

Achille Dewarlez, Ferdinand Deregnaucourt, Théodore Lepers, Edouard Dupire, Ernest Thibeau, Paul Destombe-Pennel, Louis Barbotin, Albert Bouvy père et fils, Théodore Cauliez, Auguste Dubois, Paul Destombes-Prévost, René et Maurice Dupire, Marcel Spender, Pierre Neveux.

par le Docteur Xavier Lepoutre

Jean Jaurès et Jules Guesde à Roubaix par Philippe Waret pages 32-33

Roubaix, crimes et châtiments par Bernard Schaeffer pages 34-35

La Maison des Associations par Bernard Schaeffer pages 35-37

Chronique littéraire :

Roubaix, 50 ans de transformations urbaines et de mutations sociales (colloque Lire à Roubaix)

La population de Roubaix, industrialisation, démographie et société (1750-1880) Chantal Pétillon

Les grandes affaires criminelles du Nord Bernard Schaeffer

Roubaix l’imaginaire en actes Jean Pierre Duplan, Eric Lebrun, Hervé Leroy, Marie Desplechin

Cahiers de Roubaix 12 Miscellannées, texte inédits de Jean Piat

Cahiers de Roubaix 13 La question laïque par Philippe Waret

par Bernard Leman pages 38-39

Courrier des lecteurs par Laurence Mourette page 40

Sommaire n°1 Janvier 2006

Éditorial : Pourquoi un magazine d’Histoire de Roubaix par Bernard Schaeffer page 5

La Société d’Emulation de Roubaix par Bernard Schaeffer page 7

Le Panthéon Roubaisien : Albert Bouvy et Henri Selosse par les Veilleurs de la SER page 9

Roubaix l’immigrée : Patakoko, Pitche Flamin et le Roi Makoko par Alain Guillemin page 10-11

Historique de l’hôpital Napoléon par le Docteur Xavier Lepoutre pages 12-13

Mais qui sont donc les spectateurs du combat de coqs de Rémy COGGHE ? Par Dominique Vallin-Piteux pages 14-15

Thème une ferme, un quartier : pages 17 à 28

(par Francine Declercq, Bernard Schaeffer, Laurence Mourette, Xavier Lepoutre, Assia Messaoudi, Philippe Rammaert))

Le Tilleul et Courcelles, Le Petit Beaumont, Le Fontenoy, La Grand Vigne, La Bourde, Barbieux Les Huchons, Le Quartier du Trichon, Les Trois Ponts, le Nouveau Roubaix

Association des Compagnons de l’église Saint Joseph de Roubaix par Laurence Mourette page 29

La visite de Jules Verne à Roubaix par Philippe Waret pages 30-31

Gustave Nadaud, notre chansonnier poète par Jean Jessus pages 32-33

Nos cafés guérisseurs par Bernard Schaeffer pages 34-35

Chronique littéraire :

les territoires de la laine de Jean Claude Daumas, 16 rue d’Avelghem de Xavier Houssin, par Bernard Leman pages 36-37

Les armoiries de Roubaix par Thierry Delattre pages 38-39-40

Gens &… Piscine de Roubaix !

Le Musée de la Piscine de Roubaix a 20 ans…mais « notre » piscine de la rue des Champs en a 90 ! Nous y avons tous des souvenirs ! Alors, si vous racontiez un souvenir de la piscine de votre enfance ?

Cet appel est lancé auprès de toutes et tous, Roubaisien ou pas, bien sûr ! Il suffit d’avoir un bon

(ou un mauvais !) souvenir de la piscine avec ses parents, ses frères et sœurs, ses copains ou ses copines, son école, son lycée…

Et si c’est un souvenir de La Piscine en tant que Musée déjà, pourquoi pas ?

Sous quelle forme ? Simple prose, poésie, nouvelle, thriller, haïku… A vous de jouer !

De quelle longueur ? Entre 1 ligne et 2 pages dactylographiées maximum (4 pages manuscrites). A

saisir sur ordinateur de préférence, ou à écrire à la main, d’une écriture lisible.

Où envoyer votre texte ?

Par courrier à :

Société d’Émulation de Roubaix, 26 rue du Château 59100 ROUBAIX

Ou par e-mail à :

gensetpiscinederoubaixser@gmail.com

Quand l’envoyer ?

Vous avez jusqu’au 15 mars 2022 dernier délai. Indiquez vos prénom et nom, votre adresse, votre mail, et votre âge si vous voulez bien.

Que gagnerez-vous ? Le plaisir d’écrire et de revivre de bons moments sûrement, d’être édité dans

le magazine Gens & Pierres de Roubaix de la Société d’Émulation de Roubaix qui sortira en mai 2022 peut-être aussi et, éventuellement, celui d’être lu à voix haute lors d’une soirée à La Piscine.

Alors, à vos souvenirs et à vos plumes ou vos souris !

Roubaix, la ville aux 100 théâtres

par Philippe Waret et Alain Guillemin

Exposition réalisée par la FAL de Roubaix en 2001

Au Moulin de Roubaix, au « sommet » de l’actuelle rue Jean Moulin (ex rue du Moulin) en 1829, Joseph Couvreur ouvre le premier théâtre connu dans la ville.

Le lieu comporte une double scène, l’une pour les comédiens, l’autre pour les marionnettes. C’est le Théât’ Roïau où comédiens de chair et comédiens de bois jouent le même répertoire pour un public majoritairement composé de jeunes ouvriers. La famille Couvreur jouera dans divers lieux dans la ville pendant tout le XIXe siècle. La première école gratuite à Roubaix, ouvrira, également, en 1829.

Le temps des théâtres durera jusqu’à la fin du siècle qui constituera le sommet de la vague d’une véritable passion pour l’art dramatique dans cette période qui est celle des lois de Jules Ferry sur l’école. Pourtant, en cette fin de siècle la concurrence va venir des cafés-concerts, avant qu’en 1907, s’ouvrent de véritables salles de cinéma apportant des spectacles largement diffusés. Les ouvriers qui produisaient des pièces destinées au public du quartier vont perdre là de précieux compléments de ressources. Dans la période du développement industriel de Roubaix, passant de 25 000 habitants au milieu du siècle à 125 000 après 1880, on fréquente le théâtre pour s’instruire souvent plus que pour se distraire. On vient entendre des dialogues dans un français difficilement maîtrisé, apprendre l’histoire de France grâce à des spectacles souvent inspirés de romans historiques.

Quelques familles traversent et marquent toute cette époque, les Couvreur, les Richard, les Créteur, par exemple, dont le premier, Edgar, joue avec ses marionnettes à l’Epeule vers 1860, avant que son fils prenne la relève vers 1880. D’autres membres de la famille seront de célèbres costumiers de théâtre jusqu’au milieu du XXe siècle.

Le théâtre du Fontenoy CP Méd Rx

On a souvent parlé de l’incroyable nombre de cheminées d’usines à Roubaix mais la ville fut aussi remplie de théâtres : une vingtaine en activité vers 1880 et autant de théâtres de marionnettes. A côté de tout petits lieux on trouve de grandes salles, le Théâtre de Roubaix ou Théâtre Joseph Couvreur où la famille du fondateur continue son œuvre, le Théâtre des menus plaisirs et quelques salles qui accueillent plusieurs centaines de spectateurs. Le Théâtre de l’Hippodrome avec ses 1 800 places accueillera de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle des troupes de théâtres, du music-hall, du cirque, des opéras… Partout, on refuse du monde… et les salles sont souvent plus que bondées.

L’hippodrome théâtre CP Méd Rx

A la fin du XIXe siècle, les petits théâtres commencent à subir la concurrence d’autres distractions et les comédiens-ouvriers doivent se partager un bien maigre complément de ressources. Retour à la marionnette car quelques dizaines de héros de bois peuvent occuper la scène grâce à 4 ou 5 artistes. Seul Louis Richard avec son théâtre de 600 places, près de la rue des Longues Haies, continuera à vivre de son art.

Après 1918, le théâtre dans les quartiers va clairement relever d’une activité bénévole. Les patronages, handicapés par leur choix de ne pas avoir de troupe mixte et les amicales laïques animent un nombre important de compagnies. Ces dernières s’appuient sur les locaux de leur fédération, rue d’Alsace, où elles disposent d’une grande salle et d’une scène, véritables vitrines de leur activité.

L’époque des concurrences, entre un spectacle sponsorisé par le patronat, un lieu de théâtre animé par le mouvement ouvrier (la Coopérative La Paix) et des initiatives ouvrières dans les quartiers, se termine. La municipalité prend le relais et invite à l’Hippodrome des troupes professionnelles, la loi de 1901 sert de cadre juridique au bénévolat des patronages et des amicales laïques. Il faudra attendre l’après guerre pour qu’un Roubaisien, Cyril Robichez, après avoir animé les marionnettes de son Théâtre du Petit Lion, se lance, à Lille et en région, dans la première aventure de théâtre professionnel en province avec le « Théâtre Populaire des Flandres ».

Jean-Baptiste Henri Reboux, lithographe

JEAN BAPTISTE HENRI JOSEPH REBOUX

DEUXIEME DU NOM

LITHOGRAPHE A ROUBAIX

L’art de la lithographie, c’est la reproduction par impression d’un dessin, d’un texte écrit ou tracé sur une pierre calcaire de grain très fin. Préparé avec un crayon gras, le dessin est fixé avec une préparation de gomme acidulée. La pierre était mouillée avant chaque tirage ; lors de l’encrage au rouleau, le dessin retenait l’encre grasse par affinité, tandis que les parties non dessinées refusaient l’encre. L’impression se faisait au moyen d’une presse à râteau sur papier humide.

Jean Baptiste Henri Joseph Reboux, premier du nom, s’éteint le 27 juin 1843 à Lille, et Jean (le Baptiste est très vite abandonné, sans doute pour éviter la confusion avec son père) s’associera un temps pour reprendre l’affaire paternelle avec son frère Edouard, lequel fondera en 1848 avec les frères Bernard (Kolb et Henri) le journal La Liberté, qui deviendra La Vérité, puis le Mémorial de Lille.

Mais c’est à Roubaix que Jean Reboux a son avenir. D’abord installé rue St Georges, il reprend ensuite au n°7 rue du vieil abreuvoir, la succession du libraire Burlinchon, qui possédait une belle clientèle commerciale.* Puis en 1846, Jean Reboux obtient le brevet de son beau frère Charles Hennion, démissionnaire. Le voici donc imprimeur lithographe et libraire… Cela fait de lui le second imprimeur de Roubaix, après Madame Veuve Béghin.

 

Jean Reboux, passeur d’hommes

Le coup d’état du 2 décembre 1851 amène le rétablissement de l’Empire, ce qui entraîne l’exil d’un grand nombre des membres des comités républicains, parmi lesquels Victor Hugo. Toutes les stations frontières sont étroitement surveillées par la police qui dispose de nombreux signalements et exige des passeports. On sait à Paris les opinions indépendantes de la famille Reboux et il est fait appel au dévouement du fils des vieux légitimistes lillois.

Il est alors convenu que les citoyens à qui on veut faire gagner la Belgique, viendront de Paris à Douai par le chemin de fer, qu’ils iront jusqu’à Roubaix à pied, et que munis d’une feuille portant un signe convenu, ils se présenteront chez Monsieur Jean Reboux, qui les guidera jusqu’au delà de la frontière. A la fin de décembre 1851, et pendant les premiers mois de 1852, presque chaque soir, des suspects se présenteront munis du signe convenu, et le royaliste quittait sa maison, ses affaires, et risquait sa liberté et son avenir pour sauver de Cayenne ou de Lambessa ces républicains, ces socialistes qui sont reçus et hébergés à Mouscron, chez sa mère, Madame Veuve Reboux Leroy, chez la femme de celui dont les « libéraux » en 1832 ont pillé la maison et exilé le fils, et de là gagnent Bruxelles et l’Angleterre. La police impériale finit par se douter de quelque chose. Jean Reboux est surveillé de près et pendant toute la durée du régime, il est lui aussi un suspect. ***

Jean Reboux, le journaliste

La profession d’imprimeur est très surveillée, à tel point qu’à l’obtention de leur brevet, ils devaient prêter serment. C’est dans ce climat que pendant dix ans, Jean Reboux sollicitera l’autorisation de publier un journal d’expression politique. Après un refus suite à sa demande du 20 juillet 1854, il est autorisé en Mars 1856 à faire paraître une feuille littéraire et d’annonces, Le Journal de Roubaix. C’est donc au n°20 de la rue Neuve **** que vint au monde ce journal, qui n’était à l’époque qu’une feuille modeste imprimée très claire paraissant deux fois la semaine, le mercredi et le samedi. Il avait un tirage de trois cents exemplaires et l’abonnement annuel coûtait 25 francs, y compris le timbre de 0,03 centimes dont chaque journal était taxé par l’Etat.

Le contenu reflète la prudence de son propriétaire : le journal contient une partie officielle, avec les nominations dans la magistrature, ou aux diverses fonctions de l’Etat ; il y a une chronique locale assez sommaire et non typiquement roubaisienne, un feuilleton, la correspondance particulière constituée d’échanges d’informations très administratives. On peut y trouver également des faits divers d’un peu partout, extraits d’autres journaux (Courrier de l’Isère, Messager du Midi, Pilote du Calvados, Moniteur Algérien…), des petites annonces et de la publicité.

Ce n’est qu’en 1861 que Jean Reboux obtient l’autorisation de publier un journal d’expression politique, grâce à d’anciennes amitiés de son frère Charles, dont le Ministre de l’Intérieur, Monsieur de Persigny. Le cautionnement s’élevait à 7500 francs qui seront versés le 29 février 1863. Jean Reboux restera cependant indépendant durant toute la période impériale. Grand ami de Monsieur Delfosse-Motte alors Président de la Chambre de Commerce de Roubaix, il sera avec lui un grand défenseur de la fabrique roubaisienne. Profondément attaché à la foi catholique, il se dévoua lors de l’épidémie de choléra de 1866.  Il prend sa retraite en 1872 et se retire à Mons en Baroeul où il décèdera en juillet 1894.

 

* Gaspard Burlinchon, originaire de Rochetaille (Loire) a obtenu son brevet d’imprimeur lithographe le 25 juillet 1841, et celui de libraire le 12 février 184

** Hippolyte Béghin publie à partir de 1829 la Feuille de Roubaix, affiches, annonces et avis divers. Ce pharmacien avait sollicité un brevet de libraire, qu’il obtiendra par sa femme née Hyacinthe Deffrenne.

*** D’après le journal de Roubaix du 13 juillet 1894.

**** Numérotation de l’époque. Les n°17 et 19 seront évoqués un peu plus tard, sans doute à l’occasion d’un changement de numérotation de la rue…

Jean-Baptiste Reboux-Leroy, journaliste d’opposition

Né à Lille le 1er février 1780, Jean Baptiste Reboux Leroy était marchand sur la place de Lille avant d’entrer dans le monde du journalisme. En 1819, l’adoption des trois lois de Serre sur la presse montre la volonté du régime de Louis XVIII de libéraliser la société. La censure et l’autorisation préalable sont supprimées et cette mesure permet la multiplication des journaux d’opinion. En 1820, Reboux Leroy devient propriétaire du Journal du Département du Nord fondé par l’imprimeur Marlier le 28 décembre 1811. « Son journal servit avec indépendance le gouvernement de la Restauration, mais il fut de ceux qui déplorèrent la politique des ordonnances ». (1)

Les tentatives de libéralisme ont bientôt laissé la place aux ultras et aux absolutistes, en la personne de Charles X qui succède en 1824 à son défunt frère Louis XVIII. Parmi les quatre ordonnances du 25 juillet 1830 qu’évoque la citation, et qui conduiront à l’insurrection des Trois Glorieuses, la première suspendait la liberté de la presse et rétablissait censure et autorisation préalable.

Après 1830, le Journal du Département du Nord devient la Boussole et reste légitimiste, malgré l’arrivée au pouvoir de Louis Philippe. Après avoir vu ses locaux pillés et incendiés lors des émeutes de 1832, le journal subira les poursuites des tribunaux de Louis Philippe, occupés à réprimer le mouvement légitimiste. A cette époque, Charles Reboux, fils de Reboux Leroy, est le rédacteur en chef de la Boussole, et il doit s’exiler en Belgique pour éviter la prison. Il se réfugie à Bruxelles et ne rentrera en France qu’à la fin du règne de Louis Philippe.

Reboux Leroy suspend alors la publication de son journal, et engage Jean Baptiste, son plus jeune fils, à s’adonner à l’art de la lithographie, dont le développement commençait en France. Ce dernier à peine âgé de seize ans, se perfectionnera donc dans l’art lithographique en Belgique, en Hollande, et en Allemagne, et deviendra un graveur et un dessinateur de talent. Il vient s’installer en 1835 à Roubaix où l’un de ses beaux frères, Charles Hennion (2), a ouvert le premier atelier de lithographie de la ville. Lui même, alors clerc de notaire, sollicite un brevet d’imprimeur lithographe le 5 mai 1835.

(1)   d’après le Journal de Roubaix le 13 juillet 1894

(2)   Charles Hennion est l’époux de Mathilde Henriette Marie Reboux, fille de Jean Baptiste Henri Joseph Reboux imprimeur libraire à Lille. Marchand papetier, il a obtenu son brevet d’imprimeur lithographe le 18 août 1836.