n°9 Sommaire Octobre 2010

n°9

Éditorial par Bernard Schaeffer et Gilles Maury, p.5

Évènement Le centenaire Eugène Leroy par Germain Hirselj p.6

Dossier/spécial textile 2

ENSAIT, un enseignement pionnier (2eme partie) par Achille Marel p.12

L’amour du beau : le passé et l’avenir des Broderies Dervaux par Evelyne Grenier-Renaut p.18

Hommage René Jacob, de l’ombre à la lumière par Alain Delsalle p.30

Patrimoine et reconversion De l’usine Delattre au CNE-PJJ par Xavier Lepoutre p.35

Art contemporain Le Discobolos de Wim Devoye par Germain Hirselj p.40

Histoire

Cinq siècles de congrégations religieuses (dernière partie) par Xavier Lepoutre p.42

1954, Coupe du monde de football et télévision par Philippe Waret p.48

Abonnement, adhésion, anciens numéros p.50

n°8 Sommaire mars 2010

n°8

Éditorial par Bernard Schaeffer et Gilles Maury, p.5

Publication Rémi Cogghe, un nouveau regard par Germain Hirselj p.6

Histoire

Cinq siècles de congrégations religieuses (4eme partie) par Xavier Lepoutre p.9

Jeanne d’Arc, porte étendard publicitaire par Philippe Waret p.16

Dossier

L’ENSAIT, un enseignement pionnier (1ere partie) par Achille Marel p.18

Lemaire, l’enfant chéri de trois générations d’hommes par Evelyne Grenier-Renaut p.30

Une idylle, unique roman de Gustave Nadaud par Jean Jessus p.33

Roubaix et les muses Eugène Dodeigne et son Peuple de pierre par Germain Hirselj p.38

Patrimoine disparu Les halles centrales par Xavier Lepoutre p.43

Abonnement, adhésion, anciens numéros p.46

Courrier des lecteurs p50

Sommaire Février 2009 n° 6

N°6

Editorial par Bernard Schaeffer et Gilles Maury p 4

Evénement Echos d’une belle exposition par Florent Vanremoortère p5

Panthéon roubaisien Les frères Louis et Alfred Motte par Stéphane Mathon p 6

Histoire

Fouilles en centre-ville par Philippe Schaeffer p 9

Cinq siècles de congrégations religieuses 2ème partie par Xavier Lepoutre p 12

Dossier

La formation de Rémi Cooghe par Dominique Vallin-Piteux p 24

Roubaix et les muses

Poésie Les Présidents de la Muse de Nadaud de Marc Choquet à Gaston Gilman par Jean Jessus p 32

Poésie… et commerce ! Gustave Nadaud à toutes les sauces (histoire des marques roubaisiennes déposées) par Philippe Waret p 34

Musique Rock around the clock au Colisée , Bill Haley et ses Comets à Roubaix par Philippe Waret p 36

Documents Histoire de Roubaix par Gaston Motte p 38

Les pages du service Culture de la mairie de Roubaix

Mémoires urbaines, histoires et utopies p44

Abonnement, adhésions, anciens numéros p 46

Sommaire n°5 Avril 2008

N°5

Denise Prouvost-Franchomme Bernard SCHAEFFER

page

2

Editorial Bernard SCHAEFFER

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4

Roubaix à travers les âges III Gaston MOTTE

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5

Maurice Maes 1897 – 1961 Alain DELSALLE

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11

Roubaix et l’archéologie Philippe SCHAEFFER

page

14

La muse de Nadaud – Ses présidents Jean JESSUS

page

18

Cinq siècles de vie religieuse à Roubaix – I Xavier LEPOUTRE

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19

Ferdinand de Lesseps Philippe WARET

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31

Les cantines scolaires à Roubaix Joël RAVIER

page

33

Histoire des marques roubaisiennes déposées – Les éléphants Philippe WARET

page

35

Jacques Brel fait ses adieux à la scène au Casino de Roubaix Francine DECLERCQ – Laurence MOURETTE

page

37

Le site Internet de la SER www.histoirederoubaix.com

page

39

Sommaire n°4 Octobre 2007

N°4

Germaine Lantoine Neveux

par

René Pierre BUFFIN

page

4

Editorial

par

Bernard SCHAEFFER

page

5

Roubaix à travers les âges II

par

Gaston MOTTE

page

7

Les monuments historiques § Roubaix

par

Laurence MOURETTE

page

11

Roubaix et les monuments historique, protection et classement

par

Pierre LEMAN

page

12

L’église Saint Joseph

par

Laurence MOURETTE

page

15

Roubaix et la musique

par

Philippe WARET

page

16

50 ans de textile roubaisien à travers sa publicité

par

Stéphane MATHON

page

17

André Missant

par

Florent VANDEMORTERE

page

30

La muse de Nadaud – Ses présidents

par

Jean JESSUS

page

32

Le jour où les tramways ont disparu de Roubaix

par

Philippe WARET

page

33

Maxence Van der Meersch et les étrangers

par

Michel DAVID

page

35

Le drame de l’église St Michel

par

Gens § Pierres de Roubaix

page

37

La société des artistes roubaisiens

par

Alain DELSALLE

page

38

Roubaix …. au féminin pluriel

par

Bernard SCHAEFFER

page

39

Chronique littéraire

par

Bernard LEMAN

page

42

Roubaix la fierté retrouvée, Le secret des Mulliez,

Histoire de la libération de Roubaix et Tourcoing

 

Sommaire n°3 mars 2007

Sommaire n°3 Mars 2007

Abel Leblanc, peintre page 4

Éditorial par Bernard SCHAEFFER page 5

Vive Roubaix ! Partition Par FAVIEURILLE – ERBAUT page 6

Roubaix à travers les âges par Gaston MOTTE page 7-10

Jean de Roubaix et Isabelle et Isabelle du Portugal par Denise PROUVOST page 11-13

Église Saint Martin – Cloches et carillon par Gaston MOTTE page 14

Silas Auguste Broux par Dominique VALLIN-PITEUX page 17

Amédée Prouvost par Jean JESSUS page 19

Le château Vaissier « Palais du Congo » par Gilles MAURY page 21

Charles Gounod à Roubaix par Francine DECLERCQ – Laurence MOURETTE page 33

Louis Catrice par Philippe WARET page 35

Madame Motte Delattre par Gaston MOTTE MULLIEZ page 37

Mamadou N’Diaye par Michel DAVID page 38

Motte-Bossut, l’Usine par Xavier LEPOUTRE page 40

La Chronique littéraire de Bernard LEMAN page 42

Le peintre Abel Leblanc, Le textile dans le Nord, Roubaix de A à Z

Pasteurs protestants de Roubaix

Temple de la rue des Arts coll Méd Rx

Liste des pasteurs de la paroisse réformée

1880 : MM Victor Lebrat et Smith, MM. Faulkner, pour le culte anglican, et Haeckstein, pour le culte hollandais.

1885 : MM. Victor Lebrat, Eugène De Faye, auxiliaire, Marc Lafon, suffragant, Wauters, pour le culte hollandais.

1889 : MM. Victor Lebrat, Eugène De Faye, Julien Martin, suffragant.

1892 : M. Ernest Monod, remplace M . Victor Lebrat , démissionnaire en cours d’année, lequel a été nommé pasteur honoraire. M. Julien Martin, pasteur auxiliaire, remplace M. de Faye, démissionnaire.

Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, Van Hooland, Verhaegen et Adolphe Couvreur sont chargés, le premier comme évangéliste, les autres comme membres du Conseil d’Eglise, de la direction de cette oeuvre.

1893 : MM. Ernest Monod, Paul Perrelet, auxiliaire. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, Van Hooland, Verhaegen et Adolphe Couvreur sont chargés, le premier comme évangéliste, les autres comme membres du Conseil d’Eglise, de la direction de cette oeuvre.

1895 : MM. Ernest Monod, Paul Perrelet, auxiliaire. M. Monod a été remplacé le 26 Juillet 1896 par M. le pasteur Elie Gounelle, installé par M. Ollier, Président du Consistoire de Lille. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1899 : M. Elie Gounelle, M. Henry Babert auxiliaire.

1902 : M. Elie Gounelle, M. Jacques Krug auxiliaire. Un pasteur auxiliaire est désigné pour Tourcoing et Wattrelos : M. Albert Segond. Pour le culte flamand, MM. Franck Couvreur, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1903 : M. Elie Gounelle, M. Robert Lorriaux auxiliaire. Pasteur auxiliaire pour Tourcoing et Wattrelos, M Albert Segond.

1906 : M. Elie Gounelle, Pasteur titulaire, et M. Freddy Durrlemann, pasteur auxiliaire. Pasteur pour Tourcoing et Wattrelos : M. Albert Segond. Pour le culte flamand qui se célèbre dans le temple de la Rue de la Redoute, MM. Beekman, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et Jean Coene en sont chargés.

1907 : M. Elie Gounelle, Pasteur titulaire, et M. Freddy Durrlemann, pasteur auxiliaire. A partir du 15 Novembre 1907, M. le Pasteur Gounelle, démissionnaire, est remplacé comme pasteur titulaire par M. Durrlemann.

1913 : M. Emile Paradon, pasteur titulaire, M. Jean Morel pasteur auxiliaire. Pour le culte flamand, MM. Beekman, Ketels, C. Apets, C. Hélinck fils et G. Vanoest en sont chargés.

1921 : M. Jean Durand pasteur titulaire, M. Robert Ferret auxiliaire.

1932 : M. Daniel Cheradame, pasteur titulaire et M. P. Blondelle auxiliaire.

1937 : M. Daniel Cheradame, pasteur titulaire et M. P. Pasche auxiliaire.

Les églises roubaisiennes en 1893

En 1893, Roubaix compte 8 églises qui accueillent, lors des célébrations, un nombre important de fidèles. Les offices sont nombreux ; outre les messes dominicales auxquelles se rendent les Roubaisiens endimanchés, on y célèbre, l’après-midi, les vêpres et le salut. Les funérailles donnent lieu à d’importantes cérémonies au cours desquelles le corbillard, accompagné du prêtre et des enfants de chœur tout de noir vêtus, traverse la ville partant de la demeure du défunt, que l’on a décoré de tentures noires, pour se rendre à l’église suivi des parents, amis et voisins en un cortège recueilli. Le décorum est en relation avec la personnalité du mort et la messe qui comprend plusieurs catégories (première classe et autres) revêt un caractère prestigieux.

Les mariages sont aussi une occasion de cérémonies grandioses avec cortèges importants de garçons  et de demoiselles d’honneur où l’on rivalise de somptuosité dans les toilettes. Les baptêmes ne sont pas en retrait dans ces manifestations extérieures, de même que les communions solennelles où, au luxe des robes virginales, s’ajoute la rivalité du cierge le plus imposant.

Cependant, à côté de cet étalage qui fait partie de la vie de cette époque, une partie de la population ne peut se hisser à ce niveau et se contente de suivre modestement ces « modes » tandis que les « indigents » ne bénéficient que de la charité d’un service minimum gratuit. Tout ceci se déroule avec plus ou moins d’apparat, selon les paroisses et la richesse du quartier qu’elles desservent, dans les églises de Roubaix à propos desquelles nous vous donnons ci-après quelques indications sur leur situation en 1893.

Huit églises auxquelles allaient s’en ajouter plus tard six autres

Saint-Martin : C’est l’église du Bourg. Elle sera la seule jusqu’en 1849. En 1893, la paroisse est sous l’autorité du doyen curé Berteaux, chanoine honoraire de la cathédrale de Cambrai, aidé de trois vicaires : MM. Lefebvre, Rafin et Declerck, d’un prêtre auxiliaire, M. Talbroux, d’un prêtre sacristain, M. Brame. Participe aussi la vie de la paroisse, M. Vassart, aumônier des Sœurs de la Sainte Union. Les paroissiens sont au nombre d’environ 15 000.

Notre-Dame : construite de 1842 à 1845, sous la direction de M. Dewarlez, architecte, la paroisse a été érigée par l’autorité ecclésiastique début 1849 et définitivement fixée par décret du 28 octobre 1852. Son doyen curé est M. Auguste Evrard, chanoine honoraire de la Cathédrale de Toulouse et de Cambrai. Il est aidé de 5 vicaires, MM. Delporte, Chavatte, Rolliez, Thomassin et Maufroid. Les paroissiens de Notre-Dame sont d’environ 29 000.

Sainte-Elisabeth : Erigée par décret du 6 août 1863, cette paroisse compte 22 000 paroissiens. L’église a été construite de 1860 à 1863 par M. Lepers, architecte. Le curé est M. Julien Tilmant, quatre vicaires contribuent à son fonctionnement : MM. Constant Deboudt, Paul Vaillant, Emile Hostelart et Jules Clais. Sur le territoire de la paroisse se trouve l’établissement des Petites Sœurs des Pauvres dont l’aumônier est M. Testelin.

Sacré Cœur : Cette paroisse fut érigée par décret du 10 novembre 1875. Sa population en 1893 est de 14 000 paroissiens environ. Elle est dirigée par M. Aimé Emmanuel Coude qui est entouré de trois vicaires : MM. Augustin Delhoute, Joseph Loones et Louis Delacourt. Le couvent de la Visitation très proche a pour aumônier M. Descat.

Saint-Sépulcre : Elle est considérée comme succursale et a été érigée par décret du 19 juillet 1877. Sur son territoire, on compte 12 500 paroissiens. Son curé est M. Louis Debaecker qui est aidé de trois vicaires : MM. Samsoen, Gardyn et Hust. Le couvent des Clarisses de la rue de l’Epeule a pour aumônier M. Defasque. Un prêtre en retraite participe aux activités de la paroisse.

Saint-Joseph : C’est aussi une succursale érigée par décret du 16 mai 1881 dont la population est de 16 000 paroissiens. Le curé en est M.Lesage avec quatre vicaires : MM. Charles Coeman, Léonide Cartigny, François L’Hermitte et Henri Wulleputte.

Saint-Rédempteur : Sa construction a commencé le 3 juillet 1881, date de la bénédiction de la première pierre, elle a été achevée et ouverte au culte le 17 février 1884. Elle était en 1893 considérée comme une chapelle de secours destinée à desservir le quartier du Pile. Elle avait comme curé M. Léon Cattelin avec deux vicaires : MM. Coussemaecker et Vandieronck.

Saint-Jean-Baptiste : C’est aussi une chapelle de secours destinée à desservir le quartier du Raverdi. Dans ce quartier en développement, la population paroissiale en 1893 n’était que de 3 500 habitants. Le sol sur lequel elle avait été bâtie avait été donné à la ville le 27 mai 1890. La construction avait été commencée le 12 novembre 1887 et achevée le 15 décembre 1890. L’ouverture avait eu lieu le 5 janvier 1891.

Par la suite, la structure catholique de Roubaix sera complétée par 6 églises supplémentaires :

  • Saint-Antoine, en 1900
  • Saint François d’Assise en 1907
  • Saint-Michel, en 1911
  • Saint-Vincent de Paul, en 1919
  • Notre-Dame de Lourdes en 1932
  • Sainte-Bernadette en 1933.

Temples et synagogue

En dehors de ces églises catholiques, les Roubaisiens d’autres confessions disposaient également d’un temple protestant érigé rue des Arts ; installé en cet endroit depuis août 1871, dirigé en 1893 par le pasteur Ernest Monod qui avait remplacé en cours de l’année le pasteur Victor Leplat, démissionnaire, nommé pasteur honoraire. Un pasteur auxiliaire, Paul Perrelet, participait aux activités de la communauté protestante.

Avant l’édification du temple de la rue des Arts, les cérémonies protestantes se déroulaient dans le temple de la rue de la Redoute qui avait été conservé et affecté aux protestants flamands assez nombreux à Roubaix en raison du grand nombre de familles originaires de Belgique, venues travailler à Roubaix. Les deux temples protestants étaient placés sous le patronage de l’Eglise réformée de Roubaix.

Enfin, citons l’existence du temple israélite, situé rue des Champs depuis 1878. Il était placé sous l’autorité d’une commission administrative présidée par Isidore Weill, aidé de Jacques Marx, ministre officiant.

Telle était la physionomie religieuse de Roubaix il y a juste 100 ans. Une présence importante renforcée par des œuvres intégrées très nombreuses (patronages pour enfants et jeunes gens, cercles pour adultes, œuvre de bienfaisance, mutuelles) sans parler des écoles privées, très fréquentées.

Ce texte a paru le 28 août 1993, suite à l’évocation du passé de la ville par Edmond Derreumaux,

Président de la Société d’Emulation (1993-1996)

Le temple protestant

C’est grâce au parrainage de l’Industriel Isaac Holden (1807-1897), anglais d’origine et installé à Croix, que l’édification du nouveau temple protestant de Roubaix fut possible. L’implantation des différentes usines textiles de cette firme, à Croix comme à Reims, avait entraîné une forte augmentation de la présence anglaise et, partant, du culte protestant. Industriel modèle, Isaac Holden finança en premier lieu le temple de Croix, aujourd’hui disparu, de même que celui de Reims en 1867.

La même année a lieu à Lille un concours pour l’édification du nouveau temple, auquel participe le jeune architecte Auguste Dupire-Deschamps (1848-1916), frère d’Edouard Dupire-Rozan (1842-1901), alors architecte attitré de la famille Holden. C’est par cette connexion que lui échoit, sans doute sous l’autorité de son frère, la direction des travaux de construction du nouveau temple roubaisien.

La conception du bâtiment revient en effet à un architecte amiénois, un certain J.J. Schulthers, commandité certainement par la communauté protestante*, indépendante des Holden qui ne furent ici que des donateurs. (Les plans sont bien signés de Schulthers et sont conservés dans les très importantes archives communautaires, qui restent à exploiter plus précisément.)

Véritable centre communautaire, le temple comporte trois édifices distincts nettement articulés dans l’espace de la rue des Arts. Au logis du pasteur font face les salles de réunions, encadrant ainsi une cour de rassemblement que domine le temple lui-même. Cette disposition est en soi une originalité qui signale l’habileté de l’architecte à placer subtilement son programme sur une parcelle difficile.

Construit en brique ordinaire, à peine souligné de quelques éléments décoratifs en pierre (encadrements des baies, chaînages d’angles…),  l’édifice s’apparente aux nouvelles églises construites dans les quartiers populaires de Roubaix à la même période, comme Sainte-Elisabeth (1863), œuvre de Théodore Lepers, oncle des frères Dupire.

L’intérieur, aussi sobre que les façades, présente un espace de prière étonnant d’ampleur, magistral exercice de composition. Si la tribune est une figure obligée de l’espace protestant, l’architecte en fait une ceinture ininterrompue de panneaux de chêne, unifiant tout l’espace. La tribune établit un contraste entre les parties haute et basse, que le concepteur exploite en donnant à cette dernière une grande hauteur sous voûte.

Les grandes verrières, inespérées dans un intérieur d’îlot, apportent une généreuse lumière qui amplifie les dimensions de la nef. Tout comme le fait la voûte en plein-cintre, très probablement en pin, d’un dessin et d’une proportion augmentant ce dispositif.

Les matériaux utilisés sont aussi simples que possible. Un enduit recouvre les maçonneries, tandis que des boiseries simplement cirées sont posées en lambris ou habillent le chœur. Les colonnes en fonte, baguées, qui supportent la tribune donnent une touche rationaliste au bâtiment : on ne masque pas la construction par des décorations superflues.

Complétant l’architecture, le mobilier est également original. En chêne, d’un dessin solide, il contribue à l’unité spatiale.

Fidèle aux idéaux de rigueur et de modestie de l’éthique protestante, le temple de Roubaix est pourtant une œuvre architecturale qui dépasse ces contraintes. L’économie matérielle est parfaitement maîtrisée et sert à créer un espace adéquat et représentatif de son époque.

Gilles MAURY, Président de la Société d’Emulation de Roubaix

Le Couvent des Clarisses

Les Tournaisiens Henri Desclée ( 1802 –1873 ) et son frère François ( 1802 – 1842 ) s’associent et deviennent les pionniers de la fabrication et de la distribution de gaz d’éclairage. Ils édifient une usine à gaz à Roubaix en 1837.

En 1857, un incendie se déclare dans cette usine de Roubaix. Le feu risque d’atteindre les réservoirs, on craint une explosion et l’anéantissement du quartier. Henri Desclée fait alors le vœu , si la catastrophe est évitée, d’appeler une communauté de religieuses contemplatives à Roubaix. Le vent tourne et l’incendie est maîtrisé sans dommages humains. Quelques mois avant son décès, Henri Desclée décide de réaliser sa promesse. Il demande à l’architecte belge, le baron Jean-Baptiste Béthune    (1821 – 1894 ) d’établir les plans d’un couvent pour Roubaix. Après sa mort, ses fils Henri et Jules poursuivront son œuvre.

La première pierre du couvent est posée le 1er mars 1874 dans le quartier populaire de l’Epeule sur des terrains appartenant à la famille Desclée. La construction est financée par l’héritage de la fille de M. Henri Desclée, Pauline, entrée chez les Clarisses de Tournai sous le nom de sœur Françoise, par M. de Roisin, Me Cottigny ancien notaire à Roubaix et les actionnaires de la Compagnie du gaz. Une école est adjointe au couvent selon la volonté de M. Constantin Descat, Maire de Roubaix, car le quartier n’en possède pas.

Le 3 juillet 1876, neuf sœurs Clarisses ( six sœurs cloîtrées et trois sœurs externes ) arrivent du Couvent de Tournai. L’école gratuite de filles tenues par les sœurs externes ouvre le 2 octobre 1877 et accueille 200 élèves dès la première année.

En 1880, les sœurs sont menacées, une première fois, d’expulsion mais les Roubaisiens refusent de les voir partir. Une pétition est envoyée au Président de la République. Une nuit, 1500 personnes se massent devant le monastère. Finalement les Clarisses ne seront pas expulsées.

Il n’en est pas de même vingt ans plus tard. A la suite du vote de la Chambre des Députés du 26 juin 1903, la communauté doit fermer avant le 1er octobre. Les Clarisses quittent Roubaix le 15 octobre pour la ville de Renaix en Belgique. Cependant, à la demande de l’abbé Debacker, curé de la paroisse, deux sœurs externes qui se sécularisent restent pour continuer l’action auprès des enfants du quartier : catéchisme et patronage.

Malgré les protestations de la famille Desclée  qui se déclare propriétaire des lieux, un liquidateur est nommé et le couvent mis en vente. Il sera racheté par un industriel roubaisien, M. Jules Masurel, en 1906 pour la somme de 72 028 francs. Le monastère est transformé en Maison d’œuvres, une école technique y est créée et l’école Sainte Claire réouverte.

Une partie des Clarisses de Renaix reviennent à Roubaix en octobre 1923. Douze ans plus tard, huit d’entre elles partent pour Vinh au Nord Vietnam pour y fonder une nouvelle communauté. Elles seront rappelées à Roubaix en 1950 en raison des troubles qui sévissent dans le pays.

En juin 1976, les Clarisses fêtent le centenaire de leur fondation, un nouvel autel est consacré par l’évêque de Lille. En 1996, la communauté accueille les sœurs du couvent de Cambrai qui ferme. En juillet 2003, une jeune sœur d’origine cambodgienne, présente depuis six ans, prononce ses vœux perpétuels. La Mère Abbesse fête son jubilé de cinquante ans de vie religieuse en juillet 2007. Mais au décès de celle-ci, l’année suivante, la communauté doit fermer. Les quatre religieuses qui restent partent pour le couvent de Nancy tandis que l’école Sainte-Claire ferme définitivement en juin 2008. Cependant, une messe continue à être célébrée dans la chapelle pendant un an.

Le 30 décembre 2010, le couvent et l’école sont inscrits en totalité à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Actuellement, le sort des bâtiments est incertain, si un projet de transformation de l’école en crèche est prévu, le couvent en lui même reste, pour le moment, sans affectation.

Docteur Xavier Lepoutre

Président de l’Association des Amis du Couvent des Clarisses

Vice-Président de la Société d’Emulation de Roubaix