Le Parc Barbieux

Le parc de Barbieux est un des fleurons des parcs du nord de la France, un des grands exemples des jardins de la période florissante industrielle, promenade publique correspondant à une idée d’hygiénisme et accessible à tous. Suite à l’abandon d’un canal, celui de Roubaix, voici l’origine d’un des plus beaux parc urbain de France, aujourd’hui classé au titre national des sites en date du 26 janvier 1994.

L’histoire du canal fantôme…

En juillet 1813, Monsieur de Rézicourt, capitaine de Génie de Lille et Monsieur Roussel-Grimonprez, Maire de Roubaix, décident d’un projet de création d’un canal de la Deûle à l’Escaut.

1827 – Pose de la première pierre au confluent de la Marque. Première écluse construite au niveau de l’abbaye de Marquette sur la Deûle.

1831 – Le canal arrive à Croix jusqu’au pont d’Hem (maintenant rue Holden).

1835 – Concession Brame et ébauche, vers Roubaix, d’une berge relevée, avenue Le Nôtre par établissement d’un bassin de détournement prévu à Croix (Le Nôtre, péniches vides).

1843 à 1846 – Partie creusée à Roubaix vers la Belgique puis le boulevard du Général Leclerc (rue Jean Moulin) vers le Sartel et Leers.

1846 – Plantations de l’avenue Le Nôtre de plantations et en 1850, les quais Holden sont bâtis sur le canal de Croix. L’Escaut est atteint jusqu’aux Cascades de Roubaix.
Cette même année, il faut rappeler qu’un projet initial tendait à un embranchement vers Hem depuis Croix et vers Leers, selon la concession Brame de 1821.

1858 – Rachat du chantier par la ville de Roubaix de la rue Holden au kiosque du bassin Holden.

1859 – Essais du creusement du tunnel de Barbieux vers Roubaix sous l’actuel boulevard du Général de Gaulle. A 5 mètres sous terre, une couche de sable humide empêche les premières voûtes de se maintenir. Elles s’écroulent au bout de 60 mètres. On réussit toutefois péniblement à construire 138 mètres de galeries qui s’écroulent à leur tour.

Cette même année, M. Henri-Léon Lisot, fondateur de la « Fauvette » et poète inspiré, fréquentant le chantier abandonné envahi de végétation sauvage et goûtant la tranquillité du lieu, imagine de construire un grand parc où pourrait vivre ensemble les végétaux et les oiseaux.

Le 4 août 1860 est déposé un projet de promenade publique dans l’emplacement du canal abandonné.

Le 23 novembre de la même année, la commission pour la grande promenade sur les hauteurs de Barbieux se réunit et sollicite l’appui de la ville pour la réalisation du projet ainsi que pour la création d’une avenue bordée d’arbres jusqu’à la hauteur de Barbieux. Ce projet est complété en 1861 par le tracé d’un grand boulevard (actuellement le boulevard du Général de Gaulle).


1861 – Cession de l’Etat qui choisit de contourner la ville au nord en rejoignant la Marque par un nouveau tracé vers Wattrelos, Tourcoing, Wasquehal depuis le pont Nyckès inauguré en 1877 et ouvert dans sa totalité de la Deûle à l’Escaut.
Toujours en 1861, suite à l’abandon de la liaison entre  la Marque et l’Escaut et les déboires du tunnel prévu, acquisition du bassin de retournement, nivellement de la première partie du parc depuis la Montagne de Croix, en haut du boulevard de Paris et projet d’acquisition de 134 hectares de terre sur Croix qui se réduiront à 18 hectares pour le parc et 16 autres avoisinants et de voirie consignées. Bien plus tard, en 1926, Croix vend ces terrains à Roubaix.

1863 – Charles Daudet, Maire de Roubaix, défend ce projet et le fait adopter.

1864 – Le 29 septembre 1864, un rapport de l’administration municipale notifie l’établissement d’un jardin public sur l’ancien lit du canal de Roubaix et le projet est déclaré d’utilité publique par décret présidentiel du 30 juin 1866.

Aménagement du parc de Barbieux, dit « le beau jardin »

Pour élaborer les plans du nouveaux parc, M. Barillet-Deschamps, qui vient de dessiner le jardin Vauban à Lille est sollicité mais, accaparé par l’Exposition universelle, décline l’offre. C’est son adjoint et successeur, Georges Aumont qui se rend à Roubaix et établit les plans datés de 1868. La ville accepte son projet immédiatement et contracte un emprunt pour financer les expropriations et l’aménagement du parc.

1866-1875 – Plans d’eau tracés de l’avenue Le Nôtre, vallonnements et circulations, plantations d’arbres remarquables et ensemencements jusque l’avenue du Peuple Belge (le tout à la pelle et à la brouette). On oublie l’arrosage, d’où l’installation depuis le Huchon (château d’eau) et on réensemence.

1875-1888 – On déborde au-delà de l’avenue du Peuple Belge et on trace l’avenue de Jussieu (sinueuse à souhait). Plantation de platanes.
On prévoit l’arrivée du Mongy (1909) avenue Le Nôtre, terminus Baudelaire actuellement.

1890-1908 – Les travaux sont repris par l’architecte paysagiste parisien Georges Aumont, qui poursuit les terrassements sur l’ancien canal en panne, jusqu’au Cabaret des 1000 colonnes qui est abattu en 1907. C’est l’espace rond au niveau de la Duquenière qui formait le Belvédère sur le plan d’eau tout neuf. Construction de La Laiterie face au kiosque, en 1908 liaison par passerelle (petit pont) depuis le Belvédère ouvert en rocaille qui se poursuivront en 5 niveaux sur le fond du parc, terminé en fer à cheval, d’où le lieu-dit.

1896 – M. Gustave Nadaud a son monument à Jussieu qui était primitivement à l’Esplanade. L’entrée avec une colonnade autour, le Commandant Bossut le rejoindra plus tard.

L’exposition de 1911 s’installe sur les deux parties du parc depuis La Duquenière avec une avenue des Palais tout contre Jussieu jusque Boucicaut (café du Parc). Dès 1921, les terrains laissés vacants sont lotis et bâtis d’immeubles bourgeois dont certains existent toujours. La réalisation finale du parc de Barbieux sera faite grâce aux subsides de M. Paul Destombes.

Nous verrons l’avenue Jean Jaurès en continuité de l’avenue des Palais, l’installation du Mongy en 1925 et la préparation de l’exposition du Progrès social du Nord et de l’Industrie de 1939, ses fêtes nocturnes, ses illuminations, son bloc de marbre, son vase de Sèvres et l’ensemble de ses monuments : Weerts, Destombes, Commandant Bossut, Spriet et Jeanne d’Arc qui termine le cortège.

En 1939, l’Exposition du Progrès Social s’installe àLille et à Roubaix avec ses 14 pavillons. Elle fermera précipitamment ses portes avec l’entrée en guerre de la France.

Après la Seconde Guerre mondiale et jusque 1952, des courses automobiles sont organisées autour du parc de Barbieux avec d’illustres coureurs et notamment le fameux Fangio. Le 5 mai 1950, une célèbre course automobile est organisée par l’Automobile Club du Nord de la France pour les fêtes du Cinquantenaire.

En 1961, le café La Laiterie est démoli.

La reconnaissance…

L’association des Amis du Parc de Barbieux est créée le 4 septembre 1991.

Et en janvier 1994, suite à la demande en 1989 auprès de Michel Barnier, Ministre de l’Environnement, de Jean-Pierre Delahotte, écologiste et environnementaliste, Président du Comité National pour la protection et la sauvegarde de la faune et la flore, le parc est classé. En 2002, le Grand Prix de l’Arbre est décerné à la Ville de Roubaix et en 2010, le Parce de Barbieux obtient le label de Jardin Remarquable.

D’après M. Ernest BLEUSE, historien croisien
Th. Leuridan « Histoire de la Fabrique » 1864

Le canal et le port

LE CANAL

Conçu dès 1813, le canal joint l’ESCAUT à la Deûle par la Marque et met par conséquent en communication les bassins houillers et la mer du Nord.
 Il a été livré à la navigation en quatre parties :
– la première entre Croix et la Deûle par la Marque en 1832 ;
– la deuxième entre Roubaix et la frontière belge en 1843 ;
– la troisième reliant les deux premières et passant entre Roubaix et Tourcoing en 1877 (1) ;
– la quatrième branche de Tourcoing en 1892.
 
(1) Cette partie connut de multiples avatars. Son premier tracé traversait Roubaix et devait aller rejoindre le tronçon numéro 1 à travers la « montagne de Croix » en un parcours souterrain. Des éboulements firent abandonner les travaux. Une partie déjà exécutée fut comblée et donna lieu au boulevard Gambetta, le reste du chantier fut converti en promenade publique et se prêta au percement du Boulevard de Paris (alors boulevard de l’Impératrice) et à l’établissement du Parc de Barbieux.
 Extrait de « Roubaix à travers les âges » de Gaston MOTTE
 
 
L’AVENTURE ET LA METAMORPHOSE DU CANAL FANTÔME
Dès 1813, le décret impérial de la liaison Deûle-Escaut est communiqué aux autorités. En 1832, le canal de Croix est navigable jusqu’au pont de la rue d’Hem (carrefour Le Nôtre – Holden aujourd’hui).
 
En 1866, un projet de jonction avec la branche de Roubaix du canal (qui s’achève alors rue du Moulin) qui relie l’Escaut, prévoit le percement des hauteurs de Barbieux et un ouvrage souterrain sous celles-ci. Des travaux préliminaires en 1868 sont abandonnés à cause d’éboulements successifs et meurtriers. De ce fait, la liaison est repoussée au Nord vers Wattrelos et Tourcoing, Wasquehal, et rejoint la branche de Croix au lieu dit Plomeux Triest en 1877.
Les travaux de « promenade publique » sont entrepris dès 1878, poursuivis jusqu’en 1886, repris en 1903 pour la partie du territoire de Croix qui, des Calèches actuelles rejoint en diagonale, le secteur de l’église Notre-Dame de Lourdes (l’allée de Jussieu, aujourd’hui).
Il faut ici que nous revenions en arrière et que les terrains envisagés ou optionnés par Roubaix couvraient 235 hectares (la moitié du territoire croisien, Beaumont, Fer à Cheval, Barbieux, Frandres et breucq, le Créchet) furent réduits à 167, 80, 32 puis 14 hectares.
Les plans d’eau et cascades furent terminés en 1908. L’exposition de 1911 s’installe sur la partie esplanade-laiterie et ce n’est qu’en 1916 que sont définitivement fixées les nouvelles limites de territoires en 1919, percement du boulevard et de l’avenue Jaurès. (L’avenue de Jussieu et Le Nôtre existaient depuis 1910).
Les documents définitifs de ces nouvelles percées sont signés en 1925 par les deux municipalités. Dès 1921, les terrains laissés vacants par la démolition des pavillons de l’Exposition internationale furent lotis et bâtis d’immeubles bourgeois dont certains existent toujours.
 
Une petite anecdote pour la partie des secondes cascades actuelles. Cette campagne prolongée attendit jusqu’en 1976 sa configuration actuelle. Jusque là, le Thorein, humble ruisseau, né des ressuyages des terres de Beaumont, s’écoulait à ciel ouvert jusqu’en contrebas de l’avenue Le Nôtre et rejoignait la Marque sous le Fer à Cheval, en souterrain. A l’origine, (1909) le Mongy circulait Avenue Le Nôtre, Avenue Jaurès.
 
Le parc, lui-même, dessiné par Charles Aumont, grand architecte urbaniste parisien, fut agrémenté d’une statuaire importante d’hommes célèbres de Roubaix. La tour du Fer à Cheval, centre désormais la perspective des étangs, au-delà de la passerelle qui desservait un chalet des Mille colonnes, lui aussi disparu.
Jusqu’en 1903, la partie située jusqu’à la Marque (Holden) est tracée, nivelée, plantée. Le vélodrome est en exploitation de 1903 à 1909, les avenues de Jussieu, Le Nôtre sont carrossables (graviers), les « fabriques » de confort installées (les 1000 colonnes disparues font l’objet d’un projet de reconstruction- devenu La Laiterie (1907).
 
Entre 1866 et 1911 (1916 signatures), les terrains envisagés ont dégraissés de 246 ha à 14 ha… acquis par Roubaix. Les rocailles d’eau sont terminées en 1908.
L’exposition de 1911 (Fallières) s’installe depuis l’avenue de Jussieu et dans le quadrilatère compris entre la Duquenière, le Créchet et le Boulevard de Cambrai (Croix) les terrains sont rétrocédés en 1919 (derniers documents en 1925 confirmant la cession des terrains) après le percement de l’avenue Jean Jaurès (1916), et les cadastres modifiés pour la circonstance entre les deux cités Résidences bourgeoises et vers 1960 collectifs privés.
RAPPORT ADMINISTRATIF DE 1906
Comme suite aux vœux émis par le Conseil municipal, à différentes reprises déjà, le Service de la Navigation étudie la construction d’un pont dans le prolongement de la rue des Soies, pour faciliter les communications entre la Gare du pile nouvellement outillée et le Quartier du Laboureur.
L’amélioration du pont placé sur l’écluse du Sartel est également à l’étude. Un siphon a été construit sous le canal en juin 1906, pour déverser dans l’Espierre les eaux d’égout des quartiers en bordure de la route de Leers.
Le Canal de Roubaix est une voie navigable à bief de partage ; sa longueur totale est de 23 km 885 mètres, y compris les branches de Croix et de Tourcoing. Il joint l’Escaut à la Deûle par l’intermédiaire du Canal de l’Espierre ; il est, par conséquent, en communication avec les bassins houillers et les ports de mer du Nord. Les différences de niveau sont rachetées, du côté de la Deûle, par 7 écluses, du côté de l’Escaut, par 6 écluses. (Dont une en Belgique), qui toutes ont 5 m 20 de largeur.
Le canal de Roubaix, traversé par de nombreux ponts, a été livré à la navigation en quatre parties, savoir : La première comprise entre Croix et la Deûle, en 1832 ; la deuxième, entre Roubaix et la frontière, le 10 décembre 1843 ; la troisième, reliant les deux premières branches, le 1er janvier 1877, la quatrième (Branche de Tourcoing), le 1er octobre 1892.
 
Le tirant d’eau à l’étirage est de 2 m 20 ; la largeur du plafond est de 10 m ; la longueur utile des écluses est de 39 m 60. Le canal peut livrer passage aux bâtiments d’un tonnage de 375 tonnes.
Le canal est alimenté par les eaux de la rigole de dessèchement des marais de la Deûle, élevées jusqu’au bief de partage par les machines élévatoires situées à Lille près de l’ancienne écluse de Saint André.
Le mouvement de la navigation a suivi une progression rapidement croissante. La statistique donne les chiffres suivants : En 1877, le tonnage absolu a été de 164.062 tonnes ;
 
1878                             207.017
1890                             459.553
1896                             690.081
1906                             734.322
 
Les principales marchandises transportées 
Année Combustible   Matériaux de Produits          Produits          Divers, engrais, machines
                                   Construction   Industriels      Agricoles        flottage, bois à brûler
 
1898    334.103           111.836           30.794               96.555            30.966
1899    293.932           115.657           31.929             142.832           28.185
1900    295.447             96.956           39.626              77.072            31.810
1901    351.660             89.863           30.614              95.593            31.593
1902    375.550             73.279           26.514              91.206            29.107
1903    397.228           113.935           32.614             116.594           38.057
1904    353.421           123.125           26.563             153.879           57.701
1905    353.145             87.802           36.060             167.572           37.576
1906    362.924           108.664           17.720             192.203           52.811
 
 
LE PORT 
Le tonnage total du trafic du Canal de Roubaix, est supérieur de 52.167 tonnes à celui de 1905. Le tonnage des marchandises chargées ou déchargées dans les ports de Roubaix est inférieur de 59.954 tonnes à celui de l’année 1905. La ville de Roubaix a créé sur le canal, avec le concours de l’Etat, un port public qui rend de très appréciables services. Le mouvement total du port de Roubaix, proprement dit, compris entre le Pont du Blanc Seau et l’Ecluse du Galon d’Eau, a été : en 1898 de 313.913 tonne ; en 1899, de 288.165 tonnes ; en 1900, de 222.209 tonnes ; en 1901, de 259.134 tonnes ; en 1902, de 309.594 tonnes ; en 1903, de 331.752 tonnes ; en 1904, de 351.752 tonnes ; en 1905, de 345.170 tonnes ; en 1906, de 351.674 tonnes. Le tonnage des marchandises manutentionnées dans ces ports représente les 47,8 % de l’ensemble du trafic du canal.
 
Indépendamment du port de Roubaix proprement dit, il s’est créé, depuis quelques années, un mouvement commercial assez important dans le Port du Sartel dont le trafic distinct de celui du Port de Roubaix a été : en 1900, de 88.416 tonnes ; en 1901, de 95.599 tonnes ; en 1902, de 93.068 tonnes ; en 1903, de 85.111 tonnes ; en 1904, de 104.652 tonnes ; en 1905, de 100.406 tonnes ; en 1906, de 153.856 tonnes.
           
Le tonnage des marchandises arrivées dans ce port ou qui en ont été expédiées, représente en 20,9 % de l’ensemble du trafic du canal.
           
L’ensemble du trafic de la voie navigable, sur le territoire de Roubaix, ressort : en 1900, à 310.625 tonnes ; en 1901, à 354.733 tonnes ; en 1902, à 402.662 tonnes ; en 1903, à 416.863 tonnes, en 1904, à 456.623 tonnes ; en 1905, à 445.576 tonnes ; en 1906, à 505.530 tonnes.
           
Le tonnage total du mouvement de la navigation sur le territoire de Roubaix, représente les 68,4 % de l’ensemble du trafic du canal.
POURCENTAGE DU MOUVEMENT DES MARCHANDISES
 
Matières                                  Voie d’eau      Voie ferrée       Voie de terre               Total
Houille                                         34,1                    63,1                 2,8                               100
Matériaux de construction       40,9                    34,3               24,8                               100
Engrais                                      100,0                                                                                100
Bois                                             49,9                    37,5               12,6                                100
Industrie métallurgique            24,7                    71,6                 3,7                                100
Blé                                               93,0                      7,0                                                      100
Farine                                         34,7                     64,3                                                      100
Laine                                            4                        96,0                                                       100
Coton                                           5,2                     94,8                                                       100
Légumes                                                              100,0                                                       100
Fourrages secs                         12,2                    45,0               42,8                                  100
 
Sur les 40 ports les plus importants du réseau des voies navigables du Nord et du Pas de Calais, le Port de Roubaix occupe le 11e rang ; Les dix ports les plus actifs étant en 1906 !
 
1° – Dunkerque (sur le canal de Bourbourg, de Bergues et de Furnes) ; 2° – Béthune, port public ; rivages houillers, de Marles et de Bruay (sur le canal d’Aire) ; 3° – Vendin (sur le canal de la Haute Deûle, 1ère section ; 4° – Harnes (sur le canal de Lens) ; 5° – Denain (sur l’Escaut) ; 6° – Beuvry (sur le canal d’Aire) ; 7° – Violaines (sur le canal d’Aire) ; 8° – Lille ; 9° – Liévin (sur le canal de Lens) ; 10° – Auby (sur le canal de la Haute-Deûle, 1ère section).
 
 
LE CERCLE NAUTIQUE « L’AVIRON »
Créé en 1884, le cercle nautique de l’Aviron fut d’abord installé sur les rives du Blanc Seau, il déménagea en 1924 jusqu’au quai du Grimonpont pour pouvoir s’entraîner sur le bief du canal Sartel-Grimonpont. Les trophées de ce club furent nombreux, et le plus éclatant fut sans doute la victoire aux régates internationales de l’Exposition universelle de Paris en 1900, véritable course olympique avant l’heure.
 
 ECOLE MUNICIPALE DE NATATION
Inaugurée en 1880, l’école municipale de natation fut construite à deux pas du canal, sur un terrain de 13 700 m2. A la fin du siècle, l’administration municipale s’émut du manque de fréquentation de l’établissement qui accueillait 16 000 personnes en moyenne par an. Les installations furent supprimées en 1936.
 
 LA JEUNE CLARA
Les principales marchandises transportées sur le canal de Roubaix sont les combustibles, les matériaux de construction, les produits industriels et agricoles. Il faut, en plus, mentionner les deux bateaux qui font les transports à longue distance, des ordures ménagères provenant du service de l’ébouage de la ville. Un des bateaux affectés à cet usage a eu, jadis, son heure de célébrité. L’histoire, révélée par Monsieur Deschodt, un soir de séance du Conseil municipal, eut alors beaucoup de succès. Elle n’est pas tellement vieille qu’on l’ait oubliée, mais on la lira encore avec plaisir.
L’administration avait fait l’emplette, du temps épique où Monsieur Lepers présidait aux destinées de l’ébouage (ordures ménagères), d’un bateau baptisé la Jeune Clara. Ce bateau était occupé :
« A porter l’feumi d’l’ébouache
Au villache.
Y avot coûté tros mille francs,
C’hétot inn’ belle occasion,
Si y avot été nouveau.
Mais ch’étot du vieux bos ! »
La Jeune Clara fut une cause de grands déboires, à peine en service, on s’aperçut qu’elle ne méritait pas son beau nom,
« Car ell’ étot rempli d’crevasses
Dans s’ carcasse ! »
Il fallut la faire réparer et trois mille francs furent votés pour la remettre en état.
Par Théodore LEURIDAN
MEMOIRES DE LA SOCIETE D’EMULATION DE ROUBAIX
CINQUIEME SERIE, tome II, 1914

La Grande Vigne

Cette importante propriété fut acquise par Oste, frère bâtard de Jean de Roubaix, grand soldat, dont la valeur et la vaillance étaient reconnues notamment par le Duc de Bourgogne. A sa mort, le 17 mars 1444, la Seigneurie est incorporée au gros du fief de Roubaix et convertie en cense sous le nom de  » Grande Vigne « . Oste est inhumé à Saint-Martin où l’on peut toujours voir son épitaphe en pierre blanche sur un des murs de l’église.

En 1633, la cense est exploitée par Pierre de Hallewin et comprend 23 bonniers. Elle est reprise en 1649 par Gilles Masurel, puis la famille Lepers pendant six générations et en 1703 par la famille Salembier Corne, Salembier-Bulteau puis Salembier-Mulliez. Une brasserie complétait la ferme qui se transforme en brasserie-malterie à partir de 1862. Elle fonctionnera jusqu’en 1938.

La ferme brûle en 1892 et les bâtiments sont reconstruits à l’identique avec deux nouvelles chaudières pour produire des bières de haute et basse fermentation. On peut toujours voir ces bâtiments au n° 1 de la rue d’ Oran. Ils hébergent actuellement d’autres entreprises.

Le Fontenoy et la Bourde

FONTENOY
En 1392, le fief comprenait un manoir avec un bosquet de 2 bonniers et demi et les 12 bonniers de la terre de le Becque annexée au Fontenoit en 1272.
Ce fief est acheté le 26 mai 1424 par Jean de Roubaix qui désire agrandir et unifier ses propriétés. La terre du Fontenoit est alors affermée comme cense seigneuriale et tenue par les familles des Tombes, puis de le Becque qui l’exploitent pendant plus d’un siècle, et enfin, en 1741, par Toussaint de le Barre. C’est ensuite Jean Baptiste Réquillart qui épouse Marie de le Becque le 23 janvier 1747 et fonde une première maison de fabrication qui deviendra par la suite très importante sur Tourcoing.
Une chapelle Saint-Joseph, aujourd’hui disparue, avait été construite près du Triez du Fontenoit pour permettre aux habitants des environs de se rendre à la messe sans aller jusqu’au bourg quand le temps humide rendait les chemins impraticables et dangereux. En 1620, François Becquart, curé de Roubaix, fait entretenir à ses frais une école dominicale pour les enfants pauvres.
 
A partir de 1840, le Fontenoit rural disparaît pour laisser place à la grande industrie dont les usines vont couvrir le quartier tandis que les ouvriers venus le plus souvent de Belgique, vont loger dans les forts, puis les courées construites spécialement pour eux. Avant 1871, il existait plusieurs rues du Fontenoy. Par commodité, la rue du Bas Fontenoy devient la rue Stephenson tandis que la rue du Fontenoy est dénommée rue Archimède. Seule la rue Neuve du Fontenoy garde le nom de rue du Fontenoy.
La rénovation de ce quartier populaire et dense, construit surtout entre 1840 et 1900, s’impose dans les années 1960. En 1970 débutent les démolitions d’ îlots insalubres tandis que des habitants créent un Atelier Populaire d’Urbanisme qui refuse les immeubles en barre. L’ architecte belge Verbiest traite son projet en concertation avec la population locale et les premiers travaux commencent en 1979. Connue sous le nom Alma Gare, cette opération d’ urbanisme reste unique dans le domaine de la conception de l’ habitat.
LA BOURDE
La Bourde, située aux confins de Roubaix, entre Wattrelos, les terres de la Grande Vigne et de la Havrerie, était tenue de la Seigneurie de Roubaix et comprenait 10 bonniers. En 1621, La Bourde consistait en un manoir ou maison de plaisance, avec cense, jardins, chemins, issues, fossés, eaux et terres à labour.
Elle eut de nombreux propriétaires dont Bouchard de la Bourde en 1269, homme de fief du Seigneur de Roubaix. En 1391, on trouve Jacques du Bos, en 1401, Pierrars du Bos, bailli de Roubaix de 1428 à 1441, puis les familles Coene, Dragon, de la Vitche, de Croix, Van Hurne, de Schooren. En 1740, Jacques Adrien Frasneau d’ Hyon, vicomte de Cantelen, en payait le relief.